Abstracts
Résumé
L’article explore les configurations familiales, intimes et amicales des personnes aînées gaies et lesbiennes ainsi que les changements qui peuvent les affecter au cours du vieillissement dans un contexte québécois. L’analyse est basée sur la réalisation de 22 entrevues individuelles semi-dirigées auprès d’adultes vieillissants gais et lesbiennes âgés de 60 à 76 ans, provenant d’une recherche doctorale. Les principaux résultats portent sur les pratiques et les significations associées à la vie intime, aux relations familiales et amicales, ainsi que sur les transitions au cours du vieillissement. L’analyse des résultats suggère de prendre en considération l’ensemble du réseau social des personnes aînées gaies et lesbiennes dans le champ de la famille et en travail social afin d’être en mesure de comprendre leurs réalités et de répondre à leurs besoins dans les pratiques sociales.
Mots clés:
- Configurations familiales,
- personnes aînées,
- gais,
- lesbiennes,
- famille choisie,
- vieillissement,
- Québec
Abstract
The article explores the family, intimate and friendship configurations of gay and lesbian older adults as well as the continuities and transitions during aging in a Quebec context. The analysis is based on the completion of 22 one-on-one semi-structured interviews with gay and lesbian older adults aged 60 to 76 from a doctoral research. The main results relate to the practices and meanings associated with intimate life, family and friendships as well as to transitions during aging. The analysis of the results suggests taking into consideration the entire social network of gay and lesbian older adults in the field of family and social work in order to be able to understand their realities and respond to their needs in the social practices.
Keywords:
- Family configurations,
- older adults,
- gay,
- lesbian,
- chosen families,
- aging,
- Quebec
Article body
L’importance du réseau social et de soutien chez les aînés gais et lesbiennes (GL) a été mise en lumière dans plusieurs recherches qui montraient leurs influences positives sur la santé, le bien-être et l’adaptation au vieillissement (Barker, Herdt et de Vries, 2006 ; Fredriksen-Goldsen et al., 2015 ; McParland et Camic, 2016). Fredriksen-Goldsen et al. (2014) affirment à cet égard :
In the general population, social network size and type influence health outcomes (Kawachi & Berkman, 2001), yet social networks differ between LGBT people and the general population. LGBT people often develop “families of choice”, extended networks of partners and friends (Gabrielson, 2011), with less reliance on legal or biological family members.
p. 658
En effet, les aînés GL se sont construit, au cours de leur vie, un réseau social et de soutien (Fredriksen-Goldsen et Muraco, 2010), et pour plusieurs, une famille choisie (Gabrielson, 2011 ; MetLife, 2010 ; Weeks, Heaphy et Donovan, 2001 ; Weston, 1991). Dans ce contexte, des recherches se sont intéressées aux rôles et aux dimensions qualitatives des relations sociales et des amitiés des personnes aînées GL ainsi qu’aux significations qu’elles ont pour elles (de Vries et Megathlin, 2009 ; Traies, 2015). Gabrielson et Holston (2014), dans une recherche sur la famille choisie auprès de 36 lesbiennes âgées de 55 ans et plus, constatent que les relations avec la famille choisie : « a) sont celles qui remplacent les rôles de la famille ; b) sont caractérisées par la longévité, la sécurité, l’intimité et des intérêts en commun ; et c) sont celles dans lesquelles il y a une confiance ainsi qu’une réciprocité dans le soutien[1] » (p. 212). Barrett et al. (2015) vont dans le même sens, soulignant l’importance des amitiés et du réseau social pour les aînés GL, qui leur « […] procurent des espaces où ils se sentent valorisés, affirmés et en sécurité » (p. 137). De Vries et Megathlin (2009) ont comparé les définitions de l’amitié données par des adultes vieillissants GL et hétérosexuels. Il en ressort que les personnes GL accordent une grande importance à leurs relations d’amitié et en redéfinissent les dimensions par la valeur accordée aux aspects cognitifs (confiance, partage des valeurs, etc.) et affectifs (compatibilité et prendre soin) (p. 93) :
In sum, these definitions suggest a depth of contemplation and a cultural specificity to the ways in which gay men and lesbians consider their friends and the potential role that these friends may play in their lives. These definitions challenge the more heteronormative and traditional role and place of friendship in American society.
p. 94
Kim et ses collègues (2017) se sont intéressés au réseau social de 2 450 personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et trans (LGBT) âgées de 50 ans et plus, et ont identifié cinq types de réseau social. Cette typologie se décline en ordre décroissant d’accès aux ressources sociales, allant du réseau diversifié pouvant comprendre une pluralité de personnes (famille immédiate, partenaire, ex‑partenaire, enfants, amis, voisins), au réseau entièrement restreint comptant peu de relations sociales. Entre ces deux pôles, on trouve le réseau diversifié sans enfants, le réseau focalisé sur la famille immédiate, et celui focalisé sur les amis/restreint (p. S90). Selon cette étude, les types de réseau les plus communs étaient ceux centrés sur les amis/restreint (33 %) et ceux diversifiés sans enfants (31 %) (p. S90). Cette étude met en évidence la diversité des types de réseaux sociaux et l’importance des amitiés chez les personnes LGBT vieillissantes. Cependant, avec l’avancée en âge, plusieurs facteurs ou événements peuvent venir contraindre le maintien ou la création d’un réseau social et de soutien, tels que : les expériences passées de discrimination, la gestion de la divulgation de son orientation sexuelle, la perte de partenaires, la mobilité géographique, la maladie, les ressources économiques, d’un côté, mais aussi l’accessibilité à des contextes sociaux et culturels dans lesquels ce réseau social peut se recréer, comme les endroits de socialisation ou d’entraide spécifiques pour les personnes LGBT vieillissantes (Barrett etal., 2015 ; Clover, 2006 ; Cronin et King, 2014).
En ce qui a trait à la vie intime, des études ont montré que la présence d’un·e partenaire peut générer des effets positifs sur la santé et sur le réseau social et de soutien (Grossman, D’Augelli, et O’Connell, 2001 ; Richard et Brown, 2006). Williams et Fredriksen-Goldsen (2014) avancent qu’être en couple chez les adultes vieillissants GLB contribue à une meilleure intégration sociale et entraîne des retombées positives sur la santé en comparaison avec ceux et celles qui sont célibataires. La vie intime représente donc pour plusieurs aînés GL une dimension positive de leur vie (de Vries et Herdt, 2012 ; Chamberland et Petit, 2009). De plus, la reconnaissance juridique[2] des conjoints de même sexe a des impacts bénéfiques, comme la protection légale et la validation sociale de cette union (de Vries et Herdt, 2012 ; Rostosky etal., 2016). Cependant, pour les aînés GL célibataires qui désirent rencontrer un éventuel partenaire, il ressort des recherches que les possibilités de rencontre sont plus rares avec l’avancée en âge en raison du manque d’occasions, de l’âgisme et de l’invisibilité sociale des aînés GL (Averett, Yoon et Jenkins, 2012 ; Chamberland et Petit, 2009 ; Clover, 2006 ; Suen, 2017).
Le présent article explore les configurations familiales, intimes et amicales des personnes aînées GL ainsi que les changements qui peuvent les affecter au cours du vieillissement dans un contexte québécois. L’objectif spécifique qui a guidé cette partie de la recherche consistait à explorer les relations amoureuses, familiales et amicales formant le réseau social et de soutien, et leurs transformations ou non au cours du vieillissement. Après une brève présentation des principaux concepts sous-tendant l’étude et de la démarche méthodologique, nous explorons l’univers des significations liées à la vie intime puis au réseau social, pour faire ressortir ensuite la centralité des relations familiales et amicales et identifier les facteurs susceptibles d’en modifier la configuration. La discussion met en relief la nécessité de considérer l’ensemble du réseau social des personnes aînées GL et son caractère évolutif pour adapter la pratique du travail social à leurs réalités et à leurs besoins.
Cadre théorique
Le réseau social peut être défini par l’ensemble des relations sociales entourant un individu, et par les caractéristiques de ces relations sociales ainsi que leurs fonctions ou mécanismes (Berkman etal., 2000 ; Heaney et Israel, 2008). Dans cet article, nous nous intéressons à deux caractéristiques du réseau social, soit la réciprocité du soutien dans les relations, et l’intensité de ces relations en raison de la proximité émotionnelle (Heaney et Israel, 2008, p. 191). Notre analyse des relations sociales des aînés GL s’inscrit à l’intérieur de l’approche de l’interactionnisme symbolique qui consiste à explorer les significations qu’ils et elles accordent à leur réseau social selon leurs interprétations des ressources et des contextes sociaux (Le Breton, 2016). Notre étude s’appuie également sur deux concepts de l’approche du parcours de vie (Elder, 1994, 1998 ; Grenier, 2012). Le premier est celui de « transitions », que George (1993) définit comme des « changements de statuts qui sont discrets et délimités dans le temps, mais dont les conséquences peuvent s’inscrire dans le long terme » (p. 358). Ces changements de statuts ou de rôles peuvent avoir des effets sur le réseau social (Cornwell, Laumann et Schumm, 2008). Les expériences au cours du vieillissement des individus peuvent varier selon différentes positions sociales (genre, classe sociale, etc.), dont l’orientation sexuelle, que Grenier (2012) présente comme une position sociale ayant des effets sur le type de transitions vécues au cours du parcours de vie, telles que le « coming out ». Le deuxième concept est celui des vies « interreliées » (Grenier, 2012), qui fait référence à ce que Gaudet et Turcotte (2013) identifient comme « le principe des vies en réseau, c’est-à-dire que le parcours de vie s’articule à ceux des gens envers qui nous avons notamment des liens de grande proximité : les enfants, le conjoint, les parents, les grands amis » (p. 128). Selon Grenier (2012), « les expériences sociales et individuelles sont ainsi liées par les relations, le temps et les positions sociales » (p. 31). L’analyse de l’influence des transitions et des vies « interreliées » permet de mieux comprendre les changements, les continuités et les discontinuités dans les relations amoureuses, familiales et amicales, à l’intérieur du réseau social des aînés GL au cours du vieillissement.
Méthodologie
Ce projet emprunte une démarche qualitative exploratoire et, comme nous l’avons mentionné, s’inscrit dans l’approche de l’interactionnisme symbolique (Le Breton, 2016). La méthodologie qualitative s’avère appropriée dans ce contexte pour explorer les significations associées à leur réseau social par les aînés GL (Deslauriers et Kérisit, 1997). Notre recherche s’est concrétisée, initialement, par la réalisation de 22 entrevues semi-dirigées qui constituaient la première phase du projet doctoral[3]. Les participants devaient être âgés de 60 ans et plus, s’identifier comme lesbienne ou gai, résider dans la région métropolitaine de Montréal et être à la retraite ou ne pas travailler depuis au moins un an. Le recrutement s’est fait à travers les réseaux communautaires LGBT, les centres communautaires pour aînés et les centres de femmes ayant des groupes d’échange pour lesbiennes, les médias écrits et sociaux de la communauté LGBT, dans les endroits fréquentés par des aînés GL (bars, cafés, soirées organisées) et à travers des réseaux informels, ainsi que par la technique boule de neige. L’échantillon de convenance ainsi constitué comprenait 13 hommes (dont deux couples) et 9 femmes (dont un couple), âgés de 60 à 76 ans (moyenne d’âge = 66,6 ans), qui ont été interviewés individuellement. La moitié des participants (n = 11) étaient en couple, deux participants fréquentaient une personne significative et neuf participants étaient célibataires. Huit participants avaient des enfants et sept d’entre eux, des petits-enfants. Le guide d’entrevue offrait trois angles principaux : a) la dimension identitaire en lien avec l’orientation sexuelle et le vieillissement ; b) la dimension relationnelle : les configurations, le rôle et l’importance des relations amoureuses, familiales, amicales, du réseau et du soutien social, ainsi que les changements et les contraintes que rencontre sa (re)création ; et c) la dimension sociale, couvrant des aspects tels que la participation sociale, les ressources et les expériences de discrimination. Les entretiens avec les participants, menés par la première autrice dans le cadre de sa recherche doctorale, débutaient par la passation d’un court questionnaire sur leurs caractéristiques personnelles et leur réseau social et communautaire, et se poursuivaient avec l’entrevue semi-dirigée. Ils ont été réalisés dans des endroits sécuritaires (domicile, local universitaire) au choix des participants. Les procédures suivies ont été établies conformément aux règles éthiques de la recherche en vigueur à l’UQAM (certificat éthique FSH-2014-103). Toutes les informations relatives à l’identité des participants ont été anonymisées. Les entrevues retranscrites ont été codifiées à l’aide du logiciel QDA Miner puis soumises à une analyse thématique (Paillé et Mucchielli, 2016). Une grille initiale de codification a été rédigée à partir du guide d’entrevue, de la revue de la littérature et de la lecture des premières entrevues. Un processus itératif de retour aux codifications antérieures a permis de préciser et de bonifier la codification. Nous avons ensuite procédé à l’extraction de l’arbre thématique, en prenant en compte les nuances et variations entre les thèmes et les sous-thèmes similaires et différents.
Résultats
Les configurations intimes, familiales et amicales des participants sont composées d’un ou de plusieurs membres de leur famille d’origine, de leur partenaire (si c’est le cas), de leurs amis, de voisins de qui ils sont proches et de connaissances dans des organismes qu’ils fréquentent ou dans lesquels ils s’impliquent. Parmi les participants, 19 entretiennent soit des liens étroits, soit des rapports positifs avec un ou des membres de leur famille d’origine (parents, enfants, petits-enfants, frères, soeurs, cousins, cousines, neveux ou nièces), alors que 3 ont des relations occasionnelles ou n’ont plus de contact avec les membres de leur famille d’origine. Tous les participants ont un réseau d’amis, occupant une position variable sur un continuum de proximité. Quant à leur source principale de soutien social, lorsque la question leur était posée précisément, plus de la moitié des participants répondaient pouvoir s’appuyer sur des membres de leur famille d’origine et sur leurs amis, quelques participants pouvaient compter plus particulièrement sur leurs amis, deux participants sur leur famille d’origine et deux participants disaient ne compter principalement que sur eux-mêmes. Les participants en couple ont également identifié leur partenaire comme source de soutien social. L’analyse des propos relativement au réseau social a permis de dégager les trois thèmes suivants : 1) vie intime : centralité du partenaire chez les couples, ouverture et désintérêt chez les célibataires ; 2) importance du réseau social : partage, reconnaissance et soutien mutuel et 3) changements du réseau social : transitions et défis liés à son maintien ou à son renouvellement.
Vie intime : centralité du partenaire chez les couples, ouverture et désintérêt chez les célibataires
L’importance accordée à leur partenaire, pour la majorité des participants en couple, est ressortie comme un constat majeur des analyses. Les significations évoquées démontrent clairement la place centrale qu’occupe leur partenaire dans leur vie : « Je pense que ma vie de couple, c’est ma vie tout court. Dans le sens que ma partenaire est plus que juste… Je ne sais pas comment dire. Surtout maintenant qu’on est à la retraite, on fait beaucoup de choses ensemble. On a beaucoup d’affinités » (P22F). Leur partenaire est considéré comme une « raison de vivre », comme le « numéro 1 » dans leur vie actuelle : « C’est ma priorité. C’est ma priorité. Je suis avec lui… nous, on est un couple… je pense que quand je me compare, nous sommes un peu particuliers, dans la mesure où nous sommes toujours ensemble » (P12H). Pour deux participants, la rencontre de leur partenaire a amené des changements positifs importants dans leur vie, comme l’exprime une participante : « Bien moi, j’ai changé beaucoup quand je l’ai rencontrée […] dans les événements qui ont changé ma vie, c’est en fait ça [qui] devrait être la première chose […] ma rencontre avec [partenaire] c’est sûr que c’est là que ça a tout changé ma vie » (P7F). Partage, bonheur, complicité, motivation/stimulation, respect, confiance, entraide, confort, tels sont les éléments qui forment l’essentiel du registre des émotions positives mentionnées par les participants lorsqu’ils évoquent la relation avec leur partenaire. Deux autres participants soutiennent que vivre en couple facilite le vécu du vieillissement : « Vieillir, vieillir en couple avec [partenaire], pour moi, non, non, c’est le contraire même. Je trouve même ça presque plus facile » (P19F).
En ce qui a trait aux participants célibataires, un discours diversifié émerge de leurs propos relativement à l’importance qu’ils accordent aux rencontres intimes, à leur désir de rencontrer des partenaires potentiels et à ce qui les y motive. Alors que quelques participants expriment un souhait plus ou moins vif de rencontrer quelqu’un, d’autres ne croient plus en cette possibilité. Si les premiers aspirent à une intimité avec un partenaire, l’importance accordée à de telles rencontres varie beaucoup : de très important, à souhaitable, à conditionnel, jusqu’à l’absence de concessions : « Autrement dit, je ne ferme pas les portes, je reste ouvert, disponible, mais en même temps, je me fais à l’idée : bien, ça arrivera quand ça arrivera ! » (P10H) Pour deux participants, le désir de rencontrer quelqu’un est motivé par l’envie de partager des moments, de réaliser des activités communes sans nécessairement cohabiter. Les autres motivations rapportées par ces participants sont de rencontrer quelqu’un avec qui partager des intérêts ou des responsabilités : « J’aimerais des fois avoir quelqu’un avec qui partager les responsabilités ou même quelqu’un qui aurait sa part de responsabilité […] qui s’en occuperait parce que c’est sa zone de compétence » (P3F). D’autres participants n’accordent plus ou très peu d’importance aux rencontres intimes, soit parce qu’ils ne se voient plus en couple, soit qu’ils n’y voient pas ou plus d’intérêt. Pour une participante, la priorité est davantage la recherche de relations amicales. Ainsi, si les relations de couple occupent une place centrale chez bien des participants, ce n’est pas le seul type de lien valorisé, l’importance de l’amitié et de la famille est au coeur de leurs propos.
Importance du réseau social : partage, reconnaissance et soutien mutuel
L’importance des relations familiales et amicales est un thème transversal qui émerge des propos de la plupart des participants. L’un d’eux exprime ce que ces relations représentent de façon particulièrement positive :
Bien c’est du plaisir, du plaisir de vivre. Je me dis, moi dans la vie, quand tu regardes la vie, c’est les autres personnes qui sont les plus importantes, c’est les autres, les autres êtres humains dans le fond qui apportent de la richesse à notre propre vie […] c’est les personnes, les contacts… chaleureux avec les personnes qui font en sorte qu’on a encore le goût de vivre, je pense.
P11H
Même si la majorité ont des relations harmonieuses avec leur famille d’origine, quelques participants considèrent que leurs amitiés « remplace[nt] tout » ou que « c’est comme de la famille » ou comme une famille que l’on choisit : « […] j’ai ma famille puis j’ai mes amis. Mais souvent, on dit que nos amis sont la famille qu’on choisit, puis dans ce sens-là, oui. J’ai deux, trois ou quatre amis de qui je suis assez proche. Pour partager beaucoup de choses avec eux. Puis oui, c’est très important, c’est sûr » (P4H). Pour la majorité des participants, le réseau social apporte des occasions de sociabilité, il est source de partage, d’échanges de toutes sortes, d’apprentissage et d’interactions sociales.
La reconnaissance qu’apporte le réseau social ressort également des propos des participants, à travers des expressions comme « être bien », « être qui je suis », « être à l’aise » : « Ils m’apportent une forme d’amour. Ils m’apportent un terrain où je suis à l’aise » (P17F). Un participant mentionne la possibilité d’être libre et de ne pas se censurer :
Et c’est le confort et le plaisir d’être avec ces gens-là, ouvert, étant moi-même… parce que je ne suis pas quelqu’un qui… je suis un grand livre ouvert et je suis capable d’ouvrir à pas mal toutes les pages. Et j’aime être moi-même avec les gens, je n’aime pas ça me censurer.
P13H
Un autre participant s’exprime sur l’importance de ressentir un sentiment d’appartenance vis-à-vis de ses amis et de l’ensemble de sa famille élargie : « C’est un sens d’appartenance à une communauté et ça, pour moi, c’est essentiel, de sentir qu’on appartient… et puis c’est l’amour, c’est même pas de l’amitié, c’est de l’amour inconditionnel » (P2H). Le partage de confidences et de sentiments au sein des membres du réseau social est souligné comme étant important par plusieurs participants. L’un d’eux décrit la proximité émotionnelle qui caractérise ce réseau : « c’est la même chose avec mes amis, je veux dire, on se dit tout, peu importe c’est quoi, de la peine, de la joie, on se dit tout, c’est ça qui est important, c’est cette proximité » (P2H). Un autre participant rapporte que sa plus grande satisfaction avec ses amis est « d’être en confiance. Oui, c’est stable, c’est comme sûr, c’est un acquis » (P5H).
Enfin, quelques participants disent que leur réseau social est une source importante d’aide et de soutien, surtout dans l’éventualité où se présenterait un problème. Ils savent qu’ils peuvent compter sur quelqu’un, qu’ils ne sont pas seuls, comme l’affirme un participant :
Il y a une dimension, je disais, de sécurité, on n’est pas seul dans la vie. Il y a un environnement, qui peut nous soutenir, nous aider, si on est mal pris, il y a des gens – « veux-tu un lift pour ci ? » – il y a des gens qui peuvent nous dépanner. C’est un aspect important.
P13H
Sept participants affirment qu’aider les autres, être consulté et pouvoir conseiller ou écouter les personnes de leur réseau social leur apporte de la satisfaction, un sentiment d’utilité, de valorisation et l’impression d’être vivant : « conseiller à plein de niveaux. Puis ça, c’est ce qui me donne le plus de satisfaction » (P4H).
Fait que je me réjouis quand je donne, comme faisaient les mères, puis tu ne comptes pas ce que tu donnes puis tu n’attends rien et tu ne reçois rien. Alors ça me donne ça, ça me fait vivre ! Sans les amis, sans les relations que j’ai, je ne sais pas ce que je fais sur la terre, ce que je fais ici.
P15H
Changements du réseau social : transitions et défis liés à son maintien ou à son renouvellement
Le réseau social se modifie au cours du vieillissement et les participants font référence à plusieurs éléments susceptibles d’engendrer des changements dans sa configuration, comme des transitions géographiques, professionnelles ou autres. Quelques-uns mentionnent l’éloignement des amis ou les déménagements qui entraînent une perte ou un amenuisement du réseau. Cinq participants affirment que la retraite peut causer elle aussi des effets semblables sur le réseau. Plus de la moitié des participants font mention de la perte d’amis, de partenaires ou de parents au cours de la vie, soit à la suite d’un décès : « Ça fait que tout à coup mon cercle d’amies a complètement disparu, pas juste parce qu’elles avaient cessé de me voir, c’est parce qu’elles sont mortes, dans la jeune soixantaine » (P3F), soit à la suite de ruptures d’amitiés, de couple ou de transformations du réseau relationnel. Deux participants font remarquer que la rencontre d’un nouveau partenaire modifie le réseau social. Le développement de nouvelles amitiés est également rapporté par quelques participants, dont trois disent que la fréquentation d’organismes ou l’implication au sein d’organismes a renouvelé leur réseau social. Deux autres participants rapportent que les changements dans les habitudes de vie peuvent engendrer un déclin du nombre de personnes composant le réseau social :
Mais ça s’est réduit avec… il y a un temps que je ne passais pas une semaine sans qu’il y ait du monde qui viennent chez nous. Mais avec le temps… parce que je suis moins sorteux, puis parce que je suis fatigué ou je ne sais pas quoi… mon réseau social étant moins actif, il s’est un peu atomisé ou amenuisé, sans trop que je m’en rende compte.
P15H
Il est également possible d’identifier les éléments les plus saillants qui, selon les perceptions des participants, peuvent limiter le maintien ou la (re)création du réseau social. Quelques participants mentionnent des éléments liés à la personnalité comme influençant et pouvant restreindre la capacité d’entretenir un réseau. Deux participants disent que les habitudes de vie deviennent plus importantes en vieillissant et que leur rigidité peut rendre plus difficile l’ouverture vers l’autre :
Nous autres, on a plus de temps pour échanger puis rencontrer des nouvelles personnes parce qu’on peut plus prendre du temps. Mais par contre, on est plus cristallisés dans nos habitudes, alors des fois, c’est plus difficile de s’ouvrir à l’autre. Ton problème, c’est que tu veux être avec quelqu’un, c’est comme peut-être plus difficile de faire abstraction de toutes ces habitudes que tu as toi-même.
P9H
Les conditions de santé et le statut socioéconomique sont rapportés par trois participants comme pouvant avoir un effet contraignant. En ce qui concerne la gestion de la divulgation de l’orientation sexuelle, le fait de la dissimuler limite les possibilités de rencontre et de partage, comme le rapportent quelques participants : « le fait qu’ils sont souvent encore dans le placard, donc c’est comme pas évident » (P2H). De même, les expériences antérieures dans le parcours de vie, en lien avec la divulgation ou non de l’orientation sexuelle, peuvent aussi avoir un impact sur le maintien ou la création de leurs relations sociales, comme l’expliquent deux participants : « Mais quand on regarde les personnes âgées, aujourd’hui, à cause du background d’exclusion, mais c’est sûr que ça continue à ce niveau-là. C’est une barrière, c’est clair » (P4H).
Être acceptée, être différente. Le courage d’en parler. C’est ça qui va être plus difficile. Et avoir droit aux questionnements. Comment ça se fait que tu n’as pas d’enfants ? Comment ça se fait que tu n’es pas mariée ? C’est toujours être prise comme à part. Ça, c’est difficile. C’est difficile à vivre ça.
P17F
Quant aux éléments liés au contexte social, plusieurs participants rapportent que le réseau se rétrécit au cours du vieillissement et qu’il s’avère plus difficile de rencontrer de nouvelles personnes, que ce soit pour des relations amoureuses ou amicales, en raison du manque d’endroits disponibles et adaptés, et d’occasions de rencontre : « Première chose, c’est l’absence de lieu qui est encore une lacune énorme. L’absence de lieu, l’absence de lieu permanent autre que des bars. Ils sont où les lieux de rencontre ? » (P22F). Des participants mentionnent la difficulté à se joindre à un nouveau réseau social qui est déjà formé. La barrière de l’âge est également rapportée comme une contrainte dans les rapports de séduction par quelques participants, à savoir qu’ils ne sont plus « objets de désir » comme avant et que les possibilités de rencontres intimes peuvent devenir plus difficiles pour les personnes au cours du vieillissement.
Discussion
Il ressort des propos des participants en couple que la priorité est accordée à leur partenaire. L’importance du partenaire met en lumière la saillance du rôle de ce dernier dans leur vie comme source d’émotions positives et de soutien au cours du vieillissement. Ce constat s’accorde avec les résultats d’autres recherches quant à l’impact positif du fait d’avoir un partenaire sur la santé mentale des aînés GL (Grossman et al., 2001 ; King et Richardson, 2016). En ce qui a trait aux participants célibataires, plus de la moitié désirent rencontrer un partenaire pour partager des moments ensemble. La barrière de l’âge et le manque d’endroits pour faire des rencontres sont nommés comme des contraintes restreignant les possibilités de rencontres au cours du vieillissement, ce qui concorde avec les résultats d’autres recherches (Chamberland et Petit, 2009 ; Clover, 2006 ; Suen, 2017). Pour les participants qui ne souhaitent pas nouer une relation de couple, cela constitue un choix personnel assumé, vu la primauté accordée à leurs relations amicales.
En nous appuyant sur la typologie dégagée par Kim et al. (2017), nous pouvons identifier trois types de réseau social qui ressortent de l’analyse de la composition du réseau social des participants : le réseau « diversifié (partenaire, amis, famille, enfants) », le réseau « diversifié/pas d’enfants » et le réseau « centré sur les amis/restreint ». Ce sont les deux premiers qui se retrouvent le plus chez nos participants, à la différence des résultats de Kim et al. (2017) où les deux derniers types étaient les plus présents. Le fait que la moitié de nos participants sont en relation de couple et que la majorité ont des relations harmonieuses et une proximité avec leur famille d’origine en général ou, à tout le moins, avec certains de ses membres, pourrait expliquer cette différence. Cela dit, on retrouve également dans nos résultats l’importance accordée aux amis, lesquels représentent pour certains participants une famille choisie « qui remplace tout », ce qui est en accord avec la littérature à ce sujet (Gabrielson, 2011 ; Gabrielson et Holston, 2014 ; Fredriksen-Goldsen et Muraco, 2010).
Les significations accordées aux relations intimes, familiales et amicales par les participants viennent expliciter comment « leurs vies interreliées » avec celles des autres se développent, dans une relation d’influence réciproque. Leurs propos mettent en avant l’importance des relations sociales, autant dans leur famille d’origine que dans leurs réseaux amicaux, considérés par quelques participants comme une famille choisie. En effet, les significations associées aux relations sociales qui sont ressorties de l’analyse correspondent aux caractéristiques associées à la famille choisie (Gabrielson et Holston, 2014). Ainsi, d’une part, le réseau social est conçu comme tissé de liens de réciprocité, de partage et de confiance, ainsi que comme une source de soutien, un soutien émotionnel (ne pas être seul) et instrumental (dans les situations pratiques). De plus, il ressort une forme de satisfaction et de valorisation du fait d’aider et de conseiller les autres, ce qui démontre l’importance d’exercer des rôles sociaux significatifs. D’autre part, les données font voir l’importance de la reconnaissance, de la capacité d’être soi-même au sein du réseau social des aînés GL. Nous suggérons que la satisfaction qui en découle tient en partie à la connaissance et à la reconnaissance, dans leurs configurations familiales et amicales, de leur orientation sexuelle comme faisant partie de leur identité, de ce qu’ils sont, ce qui serait congruent avec les résultats de Tester et Wright (2017) sur l’authenticité au sein du réseau social : « For participants, having or desiring a collection of people in their lives with whom they could fully be themselves, as gay men, was at the root of satisfaction » (p. 490). L’engagement dans le réseau social est perçu comme une source de plaisir et un rempart contre l’isolement, ce qui est particulièrement important si on considère les facteurs pouvant contribuer au sentiment de solitude et à l’isolement social chez les aînés GL (p. ex. les expériences de discrimination, la gestion de la divulgation de l’orientation sexuelle [Beauchamp et Chamberland, 2015 ; Fokkema et Kuyper, 2009 ; Kim et Fredriksen-Goldsen, 2016]).
Les participants sont bien conscients que plusieurs éléments peuvent influencer la continuité des relations ou la création de nouvelles relations, tels que l’éloignement géographique, la retraite, la perte d’amis, du partenaire ou de parents, la rencontre d’un nouveau partenaire, de nouvelles amitiés, ainsi que l’implication dans des organisations. Ces éléments mentionnés par eux correspondent aux transitions généralement associées au vieillissement pouvant influencer positivement le maintien du réseau social ou, au contraire, le restreindre (Chamberland et al., 2016 ; Cornwell etal., 2008 ; Wallach etal., 2016). D’autres éléments pouvant affecter le maintien ou le renouvellement du réseau ont également été abordés par les participants. Ainsi, plusieurs d’entre eux perçoivent que le maintien, la perte ou le renouvellement du réseau peuvent être liés à la personnalité ou aux habitudes de la personne, considéré soit comme une continuité dans la personnalité, soit de la responsabilité individuelle impartie aux individus de se créer un nouveau réseau. D’autres participants ont évoqué le fait que la divulgation ou la dissimulation de l’orientation sexuelle, qui ont façonné différemment les parcours de vie des aînés GL, ont pu pour certains entraver la création d’un nouveau réseau, ce qui rejoint les résultats d’autres recherches (Barrett etal., 2015 ; Cronin et King, 2014 ; Orel, 2004).
Conclusion
Cet article expose la place essentielle de la relation de couple, lorsque celle-ci est présente, ce qui met en relief l’importance accordée à la vie intime au cours du vieillissement. Il constate également que les significations accordées par les aînés GL à leurs relations familiales et amicales sont celles de liens de proximité émotionnelle, de réciprocité et de partage, de soutien social apporté et de reconnaissance. Les résultats illustrent également l’influence des transitions, de la personnalité, de l’orientation sexuelle et des contextes sociaux sur la continuité des relations sociales et la recréation d’un réseau social, qui sont des ressources essentielles au cours du vieillissement.
Notre recherche comporte quelques limites. Les données proviennent d’entrevues réalisées dans la région métropolitaine de Montréal, ce qui ne peut refléter les réalités des personnes résidant ailleurs au Québec. Une autre limite concerne le recrutement, soit la difficulté de rejoindre des personnes GL vieillissantes qui ne sont pas dans des réseaux communautaires organisés, et encore plus invisibles dans la société ou plus isolées que ne le sont les participants à l’étude.
Notre étude apporte un éclairage nouveau sur les configurations intimes, familiales et amicales des aînés GL. Elle met en évidence que les pratiques dans le domaine des relations intimes, familiales et amicales, ainsi que les significations qui y sont associées, sont diversifiées, en mouvance et ne sont pas mutuellement exclusives les unes des autres. L’analyse des résultats invite les intervenants du champ de la famille et en travail social à prendre en considération l’ensemble du réseau social des personnes aînées GL afin d’être en mesure de comprendre leurs réalités et leurs enjeux particuliers. En effet, il importe de reconnaître et d’inclure l’ensemble des membres de leur réseau social dans les pratiques d’intervention afin de dégager des pistes d’actions spécifiques répondant à leurs besoins au cours du vieillissement. Compte tenu de l’importance du réseau social et de soutien, une meilleure compréhension des dynamiques relationnelles des aînés GL peut favoriser le développement de pratiques inclusives dans les services et faciliter l’accessibilité à des ressources de soutien et d’entraide. Des recherches futures pourraient se pencher sur la diversité des expériences de vieillissement selon les divers positionnements sociaux (ex. genre, classe, appartenance à un groupe racisé ou ethnicisé, etc.). Elles pourraient également contribuer à documenter l’élaboration de réseaux de soutien novateurs, particulièrement pour les aînés GL aux âges les plus avancés.
Appendices
Notes biographiques
Julie Beauchamp, professeure adjointe, Département de psychiatrie et de neurosciences.
Line Chamberland, professeure associée, Département de sexologie.
Hélène Carbonneau, professeure titulaire, Département d’études en loisir, culture et tourisme.
Notes
-
[1]
Tous les extraits traduits de l’anglais au français l’ont été par nos soins.
-
[2]
Voir Smith, 2011.
-
[3]
La recherche doctorale comprenait trois phases : 1) la réalisation d’entrevues semi-dirigées, 2) la co-construction d’un outil d’intervention en collaboration avec un comité consultatif et 3) la mise à l’essai de l’outil, suivie d’une rétroaction sous forme de groupe de discussion.
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