Dans ce livre publié aux Editions Fario, François Mathieu a rassemblés et traduits de l’allemand, plusieurs écrivains et poètes juifs de Czernowits, la célèbre patrie de Paul Celan, située en Bucovine, une région destinée à changer de nationalité plusieurs fois par siècle, austro-hongroise, roumaine,soviétique, roumaine à nouveau… Leurs noms : Aaron Appelfeld, Ilana Shmueli, Edith Silbermann, Isak et Immanuel Weissglas, Bernhard Horowitz, Heinz Kehlmann, Selma Eisinger, Klara Blum, etc. Le livre, un montage délicat, subtil, accompagne les poètes de 1941 à 1944 : la déportation, le ghetto, les camps, l’après… Nous sommes devenus des épines dans les yeux des autres, écrit Rose Auslander. Cette chronique est exclusivement traduite de l’allemand, ce qui explique qu’elle exclue des auteurs qui écrivirent en yiddish ou en hébreu. C’est un polyptyque dit Mathieu, de la tragédie de Bucovine. Une traversée étrange, polyphonique… Seule la poésie permet de dire l’insupportable dit encore Rose Auslander, dont les textes brillent comme des étoiles dans la nuit de cette chronique-puzzle inoubliable.