Abstracts
Résumé
Les politiques d’éthique de la recherche sont appliquées de manière plus serrée dès qu’il est question de projets impliquant des populations considérées comme « vulnérables » (Mondain et Sabourin, 2009). La vulnérabilité dont il est question dans ces politiques est davantage celle issue de la recherche biomédicale sur des « sujets humains » que celle développée dans les sciences humaines et sociales (SHS) pour comprendre le « nouveau contexte sociétal » (Soulet, 2005). La définition de la « vulnérabilité » à laquelle les différentes politiques font référence reste assez limitée et semble être opérationnalisée par les instances éthiques comme un attribut déduit de l’appartenance à certains groupes ciblés (Bracken-Roche et al., 2017). Cet article porte sur les limites posées par cette définition dans le contexte de deux projets de recherche qualitative sur la précarité résidentielle menés auprès de populations considérées comme « vulnérables ».
Mots-clés :
- Éthique de la recherche,
- vulnérabilité,
- précarité résidentielle,
- sciences sociales,
- méthodologie qualitative
Abstract
Research ethic politics play a bigger part of projects when the population is said to be « vulnérable » (Mondain et Sabourin 2009) are involved. The term vulnerability is taken more often than not from biomedical research on human subjects rather than in social and human sciences created to understand the « new societal context » (Soulet 2005). The definition of vulnerability they refer to is limited and used by ethic authorities as a criterion to be part of selected group (Bracken-Roche et al. 2017). This article relates the limits established by this definition in a case study of two qualitative research projects on residential insecurity conducted on the population said « vulnerable ».
Keywords:
- research ethics,
- vulnerability,
- residential insecurity,
- social sciences,
- qualitative methodology
Resumen
Las políticas en ética de la investigación se aplican más estrechamente cuando se trata de proyectos en los que participan poblaciones consideradas “vulnerables” (Mondain y Sabourin, 2009). La vulnerabilidad discutida en estas políticas es más la que proviene de la investigación biomédica en “sujetos humanos” que la desarrollada por las ciencias humanas y las ciencias sociales (CHS) para comprender el “nuevo contexto societal” (Soulet, 2005). La definición de “vulnerabilidad” a la que hacen referencia las diferentes políticas sigue siendo bastante limitada y parece ser operacionalizada por las instancias éticas como un atributo deducido de la pertenencia a ciertos grupos objetivo (Bracken-Roche et al., 2017). Este artículo examina los límites que presenta esta definición en el contexto de dos proyectos de investigación cualitativa acerca de la precariedad residencial, realizados en poblaciones consideradas “vulnerables”.
Palabras clave:
- Ética de la investigación,
- vulnerabilidad,
- precariedad residencial,
- ciencias sociales,
- metodología cualitativa
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