Volume 50, Number 1, Spring 2018 Solitudes contemporaines Contemporary loneliness Guest-edited by Cécile Van de Velde
Table of contents (12 articles)
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Présentation : sociologie de la solitude : concepts, défis, perspectives
Cécile Van de Velde
pp. 5–20
AbstractFR:
Cet article retrace les étapes qui marquent la construction de l’objet « solitude » en sociologie. Il montre comment la solitude a d’abord été appréhendée comme une conséquence néfaste de la modernité et assimilée à un défaut d’intégration sociale, puis saisie par le prisme de deux figures fondatrices, le « mourant » et la « femme seule ». Il revient ensuite sur les paradigmes successifs qui ont marqué la construction de ce champ à partir des années 1990 — « vivre seul », « être seul », « se sentir seul » — et explore quelques-uns de ses fronts de recherche contemporains, tels que les solitudes juvéniles, le rôle des réseaux sociaux, et les différenciations de genre. Il invite enfin à une désegmentation de ce champ, et met en dialogue plusieurs formes de solitudes — intimes, familiales, sociales —, pour réinscrire cette expérience dans la dynamique de nos liens tout au long de la vie.
EN:
This article traces the stages faced by the construction of the object “loneliness” in sociology. It shows how loneliness was first apprehended as a detrimental consequence of modernity and assimilated to a lack of social integration, then analysed through two founding figures, the “dying” and the “woman alone”. It then returns to the successive paradigms that marked the construction of this field from the 90s — “living alone”, “being alone”, “feeling lonely” — and shows some of its contemporary research fronts, such as as juvenile solitudes, the role of social networks, and gender differentiations. Finally, it invites us to a broaden this field, and puts into dialogue several forms of solitude — intimate, family, social — to reintegrate this experience in the dynamics of our links throughout life.
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Le congé parental : une traversée en solitaire ?
Myriam Chatot
pp. 21–43
AbstractFR:
Cet article explore les fondements du sentiment de solitude exprimé par la majorité des parents en congé parental. L’analyse des discours des parents, recueillis dans le cadre d’entretiens semi-directifs, met en évidence l’intériorisation d’un modèle de « disponibilité permanente » à l’enfant pendant le congé, qui induit l’isolement et le sentiment de solitude du parent en congé. Ce modèle limite la possibilité de ce dernier de prendre du temps pour lui ou de maintenir ses relations sociales à l’extérieur du foyer. Intériorisée par les mères davantage que par les pères, l’exigence de se dévouer aux enfants et au foyer conduit à ce que le rôle statutaire de parent en congé prenne le pas sur l’identité personnelle de l’individu, renforçant le sentiment de solitude. La reprise de l’activité professionnelle est alors attendue comme un moyen de ne plus être qu’un parent.
EN:
This paper tries to explain why so many parents say they felt lonely when they were on parental leave. The study of the parents’ semi-directive interviews shows internalization of a parental role based on permanent availability to the child, which induces isolation and feeling of loneliness during the leave. Therefore, parents on leave found it difficult to take some time for themselves or to keep relationships outside from home. Requirement of being devoted to children and home, which is internalized by mothers more than by fathers, increases parental role at the expense of personal identity. Then, parents looked forward the end of the leave and their return to work.
ES:
Este artículo explora los fundamentos del sentimiento de soledad expresado por la mayoría de los padres que se encuentran en licencia parental. El análisis del discurso de los padres, recogido en entrevistas semidirigidas, pone de manifiesto la interiorización de un modelo de “disponibilidad permanente” para el niño durante la licencia, lo que induce al aislamiento y a un sentimiento de soledad el padre en licencia. Este modelo limita la posibilidad de éste último de tomar tiempo para él o de mantener sus relaciones sociales fuera del hogar. Más interiorizado por las madres que por los padres, la exigencia de dedicarse a los niños y al hogar lleva a que el rol estatutario de los padres en licencia tome prioridad sobre la identidad personal del individuo, reforzando así el sentimiento de soledad. La reanudación de la actividad profesional se espera entonces como un medio de no ser tan sólo padres.
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Déclinaisons de la solitude : le recours aux temporalités chez les conjointes aidantes âgées
Isabelle Van Pevenage, Chloé Dauphinais, Didier Dupont, Laurence Hamel-Roy and Valérie Bourgeois-Guérin
pp. 45–66
AbstractFR:
Cet article relate comment s’exprime et se vit la solitude de personnes âgées qui vivent en couple avec une personne qui a besoin d’aide ou de soutien au quotidien ainsi que la manière dont les temporalités sont mobilisées lorsque cette solitude est évoquée. Relativement peu nommée au cours des entretiens, les analyses montrent que la solitude se retrouve pourtant dans de nombreux « plis » de l’existence de ces conjointes, et que l’expérience de la proche aidance multiplie les conditions de sa production. Pour supporter un présent lourd, de plus en plus dense, un présent imparfait, ces conjointes s’appuient massivement sur l’évocation d’un passé conjugal et d’une continuité identitaire. Quant au futur, synonyme de dégradation, il s’appréhende de manière complexe puisque, même épuisées, elles savent que c’est la disparition de l’autre qui les attend ainsi qu’une « nouvelle » vie dans laquelle elles auront à se reconstruire, seules.
EN:
This article describes how the loneliness of older people who live with their spouse who needs help or support on a daily basis is expressed and how temporalities are mobilized when this loneliness is evoked. Even though rarely mentioned explicitly during the interviews, the analyses show that loneliness is found in many “folds” of the existence of these spouses, and that the experience of caregiving multiplies the conditions of its manifestation. To sustain a daily caregiving situation, which becomes more and more intense in the present, these spouses rely heavily on the evocation of a conjugal past and a continuity of identity. As for the future, it is difficult to apprehend because, even when exhausted, they know that it is the disappearance of the other who awaits them and a “new” life in which they will have to rebuild themselves, alone.
ES:
Este artículo describe cómo se expresa y se vive la soledad en los adultos mayores que viven en pareja, cuando una de las personas requiere ayuda o apoyo en la vida cotidiana, así como la forma como son movilizadas las temporalidades cuando se menciona esta soledad. Relativamente poco nombrada durante las entrevistas, los análisis muestran que la soledad se encuentra sin embargo en muchos “pliegues” de la existencia de estos cónyuges, y que la experiencia de la ayuda cercana multiplica las condiciones de su producción. Para soportar un presente pesado, cada vez más denso, un presente imperfecto, estos cónyuges se apoyan ampliamente en la evocación del pasado conyugal y de una continuidad identitaria. En cuanto al futuro, sinónimo de degradación, se aborda de forma compleja puesto que, incluso agotados, saben que es la desaparición del otro lo que les espera, así como una “nueva” vida en la que tendrán que reconstruirse solos.
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Se retirer pour lire : variations sur l’expérience sociale de la solitude
Mariangela Roselli
pp. 67–90
AbstractFR:
Dans plusieurs enquêtes ethnographiques réalisées sur les manières de lire contemporaines, un élément inattendu a émergé dans les témoignages recueillis : la condition de solitude, volontairement et minutieusement aménagée par les personnes qui aiment lire. Bien que ces lecteurs ne se considèrent pas eux-mêmes comme des « solitaires », ils insistent particulièrement sur le retrait comme conquête sur et contre leur entourage. Cette solitude choisie semble relever d’un quasi-engagement tant elle est arrachée de la trame sociale dense dans laquelle ils vivent au quotidien. Pour ces lecteurs et lectrices, c’est le retrait pour lire qui a une signification particulière. Pour les femmes et les hommes interrogés, l’éloignement du groupe se construit à l’articulation des rapports sociaux d’âge et des rapports sociaux de genre : c’est en effet à l’intersection de figures aussi contradictoires, contrastées et mutuellement exclusives que celle de l’enfant-qui-lit, de l’homme-qui-lit et de la femme-qui-lit que prend sens leur retrait pour lire.
EN:
Different ethnographical studies on the contemporary reading experience show that solitude is chosen and set up by readers voluntarily and precisely. Not solitary people themselves, these readers have to conquer the necessary solitude for reading in spite of, and sometimes against, their social environment. In certain contexts, being a reader demands a steady action to retire from daily commitments and social interactions. For the reading women and the reading men whose daily habits and organization are analyzed here, the core of the problem is how retire from the intense social involvement they are part of : actually, there are strong effects of age and effects of gender in the social conditions that make the reading possible and desirable. Consequently, some patterns for this kind of social retreat can be drawn from different, and sometimes contradictory, configurations such as reading-as-a-child, reading-as-a-woman or reading-as-a-man.
ES:
En varias investigaciones etnográficas realizadas acerca de las maneras contemporáneas de leer, surgió un elemento inesperado en los testimonios recogidos : la condición de soledad, voluntaria y minuciosamente preparada por las personas que les gusta leer. Aunque estos lectores no se consideran a sí mismos “solitarios”, insisten particularmente en el retiro como una conquista de quienes les rodean y en contra de éstos. Esta soledad elegida parece depender de un cuasi-compromiso, tanto que es arrancado de la trama social densa en la que viven a diario. Para estos lectores y lectoras el retiro para leer como tal tiene un significado especial. Para las mujeres y hombres entrevistados el alejamiento del grupo se construye en la articulación de las relaciones sociales de la edad y las relaciones sociales de género : es en efecto en la intersección de figuras tan contradictorias, contrastadas y mutuamente excluyentes como la del niño-que-lee, el hombre-que-lee y la mujer-que-lee, que toma sentido su retiro para leer.
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Façonner les émotions en Ehpad : du rôle dédié au repas dans la lutte contre la solitude des personnes âgées
Laura Guérin
pp. 91–111
AbstractFR:
En France, la lutte contre la solitude des personnes âgées est récemment devenue un enjeu fort des politiques publiques. Cet article propose d’étudier comment cette lutte est construite et mise en oeuvre en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). En se basant sur une démarche ethnographique, il montre de quelle manière le repas considéré comme l’activité centrale de lutte contre la solitude au grand âge. Il se focalise sur le travail émotionnel à la charge des professionnels de l’institution, et à destination des résidents, visant à ce que ces derniers réinterprètent leur présence en Ehpad non comme un isolement et le moment de la fin de vie, mais comme l’opportunité de tisser de nouveaux liens. Il décrit en parallèle les tensions quotidiennes et la normalisation des conduites qu’une telle lutte amène.
EN:
In France, the fight against loneliness among the elderly has recently become a major issue in public policies. This article examines how this struggle is articulated and implemented in one nursing home (Ehpad). Based on an ethnographic approach, it shows how the meal is constructed as the central activity in the fight against loneliness in old age. It focuses on the emotional work of professionals at the institution and their efforts to encourage residents to reinterpret their presence at the nursing home, not as isolation and the end of life, but as an opportunity to build new connections. It also describes daily tensions and the normalization of the sorts of conduct that this struggle brings.
ES:
En Francia, la lucha contra la soledad de los adultos mayores se ha convertido recientemente en un fuerte reto de las políticas públicas. Este artículo se propone estudiar cómo está construida esta lucha y cómo es aplicada en un Establecimiento de alojamiento para personas mayores dependientes (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, EHPAD). Basándose en un enfoque etnográfico, se muestra cómo la comida es considerada la actividad central de la lucha contra la soledad en la vejez. Se centra en el trabajo emocional a cargo de los profesionales de la institución, y va dirigido a los residentes, buscando que éstos reinterpreten su presencia en el EHPAD, no como un aislamiento y como el momento del final de la vida, sino como la oportunidad de tender nuevos puentes. Paralelamente se describen las tensiones cotidianas y la normalización de las conductas que conlleva esta lucha.
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Attachements et solitudes : entretien avec Cécile Van de Velde
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Rendre les solitudes supportables : socialisations et (dés)intégration sociale des « isolés » d’un groupe d’entraide mutuelle
Sylvain Bordiec
pp. 129–155
AbstractFR:
À partir d’une investigation menée dans un groupe d’entraide mutuelle (GEM) — institution destinée à faire pièce aux isolements des « malades psychiques » —, cet article étudie les relations entre d’un côté les « pratiquants » de solitude, pour qui cette pratique fait problème et les incline à lutter contre elle et, de l’autre côté, l’« espace des luttes publiques et parapubliques contre l’isolement ». L’étude de cette relation se veut éclairante sur les forces intégratrices et socialisatrices des institutions de cet espace. Pour ce faire, l’investigation examine d’abord les ressorts biographiques des isolements de ces « isolés » et ce que la vie a fait d’eux avant leur entrée au GEM. Ensuite, l’observation et l’écoute de ces « isolés » montrent comment peuvent interagir luttes individuelles et luttes collectives contre les solitudes. À défaut de (re)socialiser les individus de telle sorte que leurs pratiques du monde social cessent définitivement de les conduire vers des solitudes honnies, ces interactions offrent aux « isolés » des formes d’intégration sociale leur étant ailleurs inaccessibles. Révélatrices des pouvoirs inégaux des institutions à former et à transformer les individus, ces luttes sont moins les génératrices de dispositions nouvelles autorisant une « vie normale » que les garantes du maintien en éveil d’une disposition de vie, fût-ce cette existence en décalage avec les normes dominantes.
EN:
Based on an investigation conducted in a Mutual Aid Group — an institution designed to counter the isolation of “psychically ill” people, this article examines the relationship between the “practitioners” of solitude for whom this practice is a problem and inclines them to fight it on the one hand, and the “space of public and parapublic struggles against isolation” on the other hand. The study of this relationship is intended to shed light on the integrating and socializing forces of the institutions of this space. To do this, the investigation first examines the biographical motives behind the isolation of these “isolated” people and what their lives have done with them before entering the Mutual Aid Group. Then, the observation and listening of these “isolated” people shows how individual and collective struggles against solitudes can interact. Failing to (re)socialize individuals in such a way that their practices in the social world definitively cease to lead them towards despicable solitudes, these interactions offer “isolated” people forms of social integration that are inaccessible to them elsewhere. Revealing the unequal powers of institutions to shape and transform individuals, these struggles are less the generators of new social resources allowing a “normal life” than the guarantors of keeping a life disposition awake, even if this existence is out of step with dominant norms.
ES:
A partir de una investigación realizada con un grupo de ayuda mutua (Groupe d’entraide mutuelle, GEM) −institución destinada a responder al aislamiento de los “enfermos psíquicos”, este artículo estudia las relaciones entre, por una parte, los “practicantes” de la soledad, para quienes esta práctica constituye un problema y los lleva a luchar contra ella y, por otra parte, el “espacio de las luchas públicas y paraestatales contra el aislamiento”. El estudio de esta relación busca esclarecer las fuerzas integradoras y socializadoras de las instituciones de este espacio. Para ello, en esta investigación se examina en primer lugar las fuentes biográficas del aislamiento de esos “aislados” y lo que la vida ha hecho de ellos antes de su entrada al GEM. Posteriormente, la observación y la escucha de estos “aislados” muestran cómo pueden interactuar las luchas individuales y colectivas contra las soledades. A falta de (re)socializar a los individuos de tal manera que sus prácticas en el mundo social dejen definitivamente de conducirlos hacia las despreciadas soledades, estas interacciones ofrecen a los “aislados” modos de integración social, de otra forma inaccesibles. Reveladoras de los poderes desiguales de las instituciones para formar y transformar a los individuos, estas luchas no son tanto las generadores de nuevas disposiciones que permitan una “vida normal” sino más bien las garantes del mantenimiento en alerta de una disposición de vida, aun cuando esta existencia esté desfasada de las normas dominantes.
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Solitudes et vieillissement : les expériences d’aînés qui vivent seuls
Laurie Kirouac and Michèle Charpentier
pp. 157–182
AbstractFR:
Au Canada et au Québec, assez peu de recherches se sont intéressées au phénomène de la solitude chez les personnes âgées, contrairement aux nombreux travaux réalisés sur la question de leur isolement social. L’état actuel des connaissances suggère pourtant que la solitude représente une problématique sociale d’importance susceptible de compromettre à différents degrés l’état de santé et de bien-être des aînés. À partir d’une approche méthodologique qualitative et d’entretiens semi-directifs menés avec des personnes âgées de 65 ans et plus habitant seuls, cet article propose d’appréhender l’expérience de la solitude des aînés, ses multiples dimensions et logiques d’action, incluant les stratégies pour composer avec elle. Comme nous le verrons, l’expérience de la solitude des aînés est marquée par l’hétérogénéité de ses formes (solitude solitaire, solitude familiale, sociale et affective, solitude existentielle et esseulée). De plus, si la plupart de ces formes de solitude cristallisent une transformation des liens sociaux des aînés allant dans le sens de leur délitement, elles engagent aussi bien souvent, à différents degrés, leur rapport à soi, aux autres et/ou au monde. Il s’agira enfin de mettre en lumière comment des facteurs sociaux, tels que l’âge, l’état de santé, le genre, le statut matrimonial, le réseau social et les conditions socioéconomiques, modulent l’expérience de la solitude des aînés, notamment leur manière de la concevoir et les moyens mis en oeuvre pour l’apaiser.
EN:
In Canada and Quebec, relatively little research has been done on the phenomenon of loneliness among seniors, unlike the many studies on the issue of their social isolation. However, the current state of knowledge suggests that loneliness is a significant social issue that can compromise the health and well-being of seniors to varying degrees. Based on a qualitative methodological approach and semi-directive interviews conducted with people aged 65 and over living alone, this article proposes to understand the experience of loneliness among seniors and its multiple dimensions, including coping strategies. As we will see, the experience of loneliness among the elderly is characterized by the heterogeneity of its forms (solitary loneliness, family loneliness, social and emotional loneliness, existential loneliness and abandonment). Moreover, while most of these forms of loneliness crystallize a transformation of the social ties of elderly people in the direction of their disintegration, they also often involve, to varying degrees, the relationship of elderly people to themselves, to others and/or to the world. Finally, this paper will highlight how social factors, such as age, health status, gender, marital status, social network and socio-economic conditions, affect the experience of loneliness among seniors, including how they view loneliness and the steps they take to alleviate it.
ES:
En Canadá y en Quebec, pocas investigaciones han abordado el fenómeno de la soledad en los adultos mayores, a diferencia de los numerosos trabajos realizados acerca del tema de su aislamiento social. No obstante, el estado actual de los conocimientos sugiere que la soledad representa una problemática social de importancia que puede afectar el estado de salud y bienestar de los adultos mayores a distintos niveles. A partir de un enfoque metodológico cualitativo y de entrevistas semidirigidas realizadas con adultos mayores, de 65 años o más que viven solas, este artículo se propone comprender la experiencia de la soledad de los adultos mayores, sus múltiples dimensiones y lógicas de acción, incluyendo las estrategias para desenvolverse con ella. Como veremos, la experiencia de la soledad de los adultos mayores se caracteriza por la heterogeneidad de sus formas (soledad solitaria, soledad familiar, social y afectiva, soledad existencial y abandono). Si la mayoría de estas formas de soledad cristalizan una transformación de los vínculos sociales de los adultos mayores hacia la descomposición, a menudo además también abarcan, en diferentes grados, su relación consigo mismo, con los demás y/o con el mundo. Se trata finalmente de subrayar cómo los factores sociales tales como la edad, el estado de salud, el género, el estado civil, la red social y las condiciones socioeconómicas, modulan la experiencia de la soledad en los adultos mayores, en particular su forma de concebirla y los medios aplicados para apaciguarla.
Itinéraire de recherche
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Vivre seul : une solitude équivoque dans le processus d’individuation contemporain
Marie-Chantal Doucet
pp. 184–203
AbstractFR:
Ce texte, présenté comme un itinéraire de recherche, porte sur le phénomène de la vie seule dans les grandes villes moderne. Le nombre croissant de personnes vivant seules amène à penser que de nouvelles dynamiques sont à l’oeuvre. Vivre seul semble tributaire d’un « état d’esprit » contemporain dont la ville est tout particulièrement le théâtre. Des traits communs de ces expériences diversifiées du vivre seul sont examinés sous la loupe d’une sociologie de l’individuation. Or, l’équivoque que représente ce phénomène dans les sociétés contemporaines peut être associé à trois tensions principales que nous allons exposer : une tension entre intériorité et extériorité ; entre proximité et distance ; entre différenciation et identification.
EN:
This article focuses on the phenomenon of living alone in modern big cities. The growing number of people living alone suggests that new dynamics are at work. Living alone appears to rely on a contemporary “state of mind” of which the city is the theater. Common features of these diversified experiences of living alone are examined under the microscope of a sociology of individuation. Notably, the ambiguity of this phenomenon in contemporary societies can be associated with three main tensions that we will expose : a tension between interiority and externality ; between proximity and distance ; and between differentiation and identification.
ES:
Este artículo examina el fenómeno de la soledad en las grandes ciudades modernas. El creciente número de personas que viven solas lleva a pensar que se desarrollan nuevas dinámicas. Vivir solo parece depender de un “estado de ánimo” contemporáneo, del cual la ciudad es particularmente el teatro. Los rasgos comunes de estas experiencias diversificadas de vivir solo son examinados minuciosamente aquí por una sociología de la individuación. No obstante, el equívoco que representa este fenómeno en las sociedades contemporáneas puede estar asociado a tres tensiones principales que vamos a exponer : una tensión entre interioridad y exterioridad ; otra entre proximidad y distancia ; y otra entre diferenciación e identificación.
Hors thème
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Du « capital culturel » au savoir : critique des usages substantiels et cognitifs d’un rapport social arbitraire
Hervé Glevarec
pp. 205–234
AbstractFR:
Introduit par P. Bourdieu et J.-C. Passeron dans les années 1960, le terme capital, appliqué à la culture, est devenu une notion d’usage courant en sociologie. Il représente la conceptualisation, d’une part, du facteur explicatif de la reproduction sociale, par l’école, et, d’autre part, de la distribution sociale des goûts et des pratiques culturelles et, enfin, d’une dimension de l’être des individus (un des fondements, avec le « capital économique », de l’habitus). La notion se veut critique par sa considération des usages et fonctions sociales de la culture, son fonctionnement dans une relation de domination. Le capital culturel est censé prendre son contenu sociologique, selon P. Bourdieu, en relation au concept de « champ », soit sa définition proprement relationnelle. Cet article s’attache à montrer la signification universelle que cette notion a prise et qui se traduit dorénavant par un usage générique, une indistinction des dimensions de domination et de cognition et un emploi au-delà du processus de socialisation initialement à son fondement. C’est le statut épistémologique de l’analogie en sociologie qui est examiné. Nous soutenons que la notion de capital culturel devrait être réservée à la description des usages sociaux de la culture dans un rapport social arbitraire et être remplacée par celle de savoirs, déclinés au pluriel, chaque fois qu’il s’agit de désigner une connaissance ou une compétence pratique adéquate à son objet dans une situation qui le requiert.
EN:
Introduced by P. Bourdieu and J.-C. Passeron in the 1960s, the term capital, applied to culture, has become a widely used concept in sociology. It refers to the conceptualization of the explanatory factor of social reproduction, via school, to the social distribution of cultural tastes and practices and, finally, to the constitution of an individual (one of the dimensions, with the ‘economic capital’, of habitus). The notion is critical because of its consideration of the uses and social functions of culture, as well as through the functioning of culture in a relationship of domination. Cultural capital is supposed to take its sociological content, according to P. Bourdieu, in relation to the concept of “field”, which is its strictly relational definition. This article discusses the universal meaning that this notion has taken, which is manifested by a generic use, an indistinction of the dimensions of domination and cognition, and a use that goes beyond the process of socialization initially to its foundation. It is the epistemological status of the analogy in sociology that is examined. I argue that the notion of cultural capital should be reserved for the description of the social uses of culture in an arbitrary social relation and replaced by that of knowledge, declined in the plural, whenever it is a question of designating an acquaintance or a practical competence adequate to its object in a situation that requires it.
ES:
Introducido por P. Bourdieu y J.C. Passeron en los años 1960, el término capital, aplicado a la cultura, ha llegado a ser un concepto de uso corriente en sociología. Éste representa la conceptualización, por una parte, del factor explicativo de la reproducción social por medio de la escuela, por otra, de la distribución social de los gustos y de las prácticas culturales y, por último, de una dimensión del ser de los individuos (uno de los fundamentos, junto con el “capital económico”, del habitus). El concepto pretende ser crítico por considerar los usos y funciones sociales de la cultura, su funcionamiento en una relación de dominación. Según P. Bourdieu, se espera que el capital cultural tome su contenido sociológico en relación al concepto de “campo”, es decir, su definición propiamente relacional. Este artículo se dedica a mostrar el significado universal que este concepto ha tomado y que en adelante se traduce en un uso genérico, una indistinción de las dimensiones de dominación y cognición, y un empleo que va más allá del proceso de socialización inicialmente de su fundamento. Aquí es examinado el estatus epistemológico de la analogía en sociología. Sostenemos que el concepto de capital cultural debería ser reservado a la descripción de los usos sociales de la cultura en una relación social arbitraria, y ser sustituido por el de saberes, enunciado en plural, puesto que se trata de designar un conocimiento o una competencia práctica, adecuada a su objeto en una situación que lo requiera.
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Quand les artistes jugent les théâtres. La valeur différenciée des lieux de spectacle à l’aune des carrières artistiques
Chloé Langeard, Françoise Liot and Sandrine Rui
pp. 235–259
AbstractFR:
Cet article se propose de réintroduire la dimension artistique dans l’évaluation des théâtres, sans considérer celle-ci uniquement du point de vue des oeuvres. Cette focalisation sur la valeur artistique, de même que les récents et nombreux travaux sur les métiers artistiques, a laissé dans l’ombre le rôle joué par les lieux dans l’organisation de la profession. Quelle est la valeur d’un théâtre pour les artistes amenés à fréquenter ces lieux de création, de production et de diffusion de leurs oeuvres ? À l’appui d’une enquête qualitative menée auprès de metteurs en scène et de chorégraphes, nous montrerons que les artistes convoquent trois dimensions dès lors qu’ils sont amenés à juger de la valeur d’un théâtre : matérielle et technique, le théâtre est apprécié en tant qu’outil de travail ; identitaire et artistique, le théâtre est évalué en tant que partenaire ; réputationnelle, le théâtre est considéré en tant qu’intermédiaire. Au final, la prise en compte de cette évaluation tridimensionnelle met au jour une hiérarchie complexe entre les théâtres, lesquels apparaissent comme un outil de régulation important de la profession. En tant qu’acteur intermédiaire sur le marché du travail artistique, les théâtres contribuent à la valorisation et à la sélection sociale des créateurs. Plus encore, cette hiérarchisation entre théâtres révèle une division horizontale du travail largement dépendante du parcours de l’artiste et des conditions d’élaboration de son oeuvre.
EN:
This article intends to reintroduce the artistic dimension in the evaluation of theaters, without only considering it from the point of view of artistic works. This focus on the artistic value, as well as on the recent and abundant academic work on the artistic professions, has disregarded the role played by the institutions in the organization of the profession. How do artists who evolve in these institutions of creation, production and dissemination of their works value a theater ? In support of a qualitative survey of directors and choreographers, we will show that artists resort to three dimensions when they evaluate a theater : the material and technical aspects since a theater is appreciated as a working tool ; the identity and artistic dimension since a theater is evaluated as a partner ; the reputational impact since a theater is considered as an intermediary organization. In the end, taking this three-dimensional evaluation into account reveals a complex hierarchy among theaters which appear to be an important regulatory tool for the profession. As an intermediary contributor to the artistic labor market, theaters play a role in the value and social selection of creators. But above all, this hierarchy among theaters reveals a horizontal division of labor which largely depends on an artist’s career and the conditions of elaboration of their artistic work.
ES:
Este artículo se propone restablecer la dimensión artística en la evaluación de los teatros, sin considerar ésta únicamente desde el punto de vista de las obras. Esta focalización en el valor artístico, así como los recientes y numerosos trabajos acerca de los oficios artísticos, han dejado en la sombra el papel desempeñado por los lugares en la organización de la profesión. ¿Cuál es el valor de un teatro para los artistas que asisten a estos lugares de creación, producción y difusión de sus obras ? Apoyados en una investigación cualitativa realizada entre directores de cine y coreógrafos, aquí mostraremos que los artistas convocan tres dimensiones cuando se trata de juzgar el valor de un teatro : material y técnica, el teatro es apreciado como herramienta de trabajo ; identitaria y artística, el teatro es evaluado como asociado ; reputacional, el teatro está considerado como intermediario. Finalmente, la consideración de esta evaluación tridimensional revela una jerarquía compleja entre los teatros, que surgen como un instrumento de regulación importante de la profesión. Como actor intermediario en el mercado del trabajo artístico, los teatros contribuyen a la valorización y a la selección social de los creadores. Más aún, esta jerarquización entre teatros revela una división horizontal del trabajo ampliamente dependiente de la trayectoria del artista y de las condiciones de la elaboración de su obra.