Volume 41, Number 2, Fall 2009 Les mouvements sociaux au-delà de l’État Social movements beyond the state Guest-edited by Marcos Ancelovici and Stéphanie Rousseau
Table of contents (17 articles)
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Présentation : les mouvements sociaux et la complexité institutionnelle
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Hommage : chuck Tilly et l’art de la conversation
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Les mouvements sociaux et le système politique : quelques remarques sur les limites de l’approche du processus politique
Hanspeter Kriesi
pp. 21–38
AbstractFR:
Dans cette contribution au débat lancé par les éditeurs de ce numéro spécial, j’aimerais clarifier les limites de l’approche du processus politique et en discuter les conséquences. De mon point de vue, qui est celui d’un représentant de cette approche, ses limites sont souvent exagérées et ne concernent en tout cas pas la question du changement systémique. En tant que représentant de cette approche, j’aimerais proposer quelques modifications aux concepts incriminés à juste titre par les éditeurs, afin de les rendre plus aptes à tenir compte des tendances fondamentales dans le domaine de la contestation politique dans la société contemporaine. Pour conclure, j’aimerais souligner que cette approche n’a pas que des limites, mais qu’elle permet d’ouvrir des portes, de jeter des ponts et de créer des synergies.
EN:
In this contribution to the debate launched by the editors of this special issue, we wish to clarify the limits to the political process approach and discuss inherent consequences. As an adherent to this approach I frequently see its limits exaggerated while the question of systematic change is neglected. In representing the political process approach, I propose certain changes to the concepts justly queried by the editors to better align them with the basic trends affecting political protest in contemporary society. In conclusion, I would like to emphasize that this approach does not only have limits, but also serves to open doors, build bridges and create synergies.
ES:
En este aporte al debate lanzado por los editores de este número especial, quisiera clarificar los límites del enfoque del proceso político y discutir sobre sus consecuencias. Desde mi punto de vista, que es el de un representante de dicho enfoque, considero que sus límites han sido a menudo exagerados y no se refieren en todo caso a la cuestión del cambio sistémico. Como representante de este enfoque, quisiera proponer algunas modificaciones a los conceptos puestos en duda con mucha pertinencia por los editores, con la finalidad de volverlos más aptos a tomar en cuenta las tendencias fundamentales en el ámbito del conflicto político en la sociedad contemporánea. Para concluir, quisiera destacar que este enfoque no solo presenta límites, sino que permite abrir puertas, tender puentes y crear sinergias.
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Esquisse d’une théorie de la contestation : Bourdieu et le modèle du processus politique
Marcos Ancelovici
pp. 39–61
AbstractFR:
Comment expliquer l’émergence et le déclin de mobilisations contestataires ? Afin de répondre à cette question, nous développons une critique du modèle du processus politique sur la base de la théorie des champs de Pierre Bourdieu. Partant de l’idée voulant qu’une multitude d’espaces institutionnels organisés selon des logiques différentes coexistent au sein de chaque société, nous proposons de remplacer la notion de structure des opportunités politiques, qui est au coeur du modèle du processus politique, par celle de structure des opportunités du champ (SOC). Il y aurait donc autant de SOC qu’il y a de champs et la structure des opportunités politiques ne serait qu’une structure d’opportunités parmi d’autres. Après avoir présenté le modèle du processus politique ainsi que la théorie des champs de Bourdieu, nous distinguons une dimension statique d’une dimension dynamique de la SOC et expliquons en quoi chacun des aspects contribue à l’émergence, à la croissance ou au déclin des mobilisations et de la contestation.
EN:
How can we explain the emergence and decline of contentious mobilization ? I address this question with a critique of the political process model based on Pierre Bourdieu’s field theory. Building on the premise according to which there is a multitude of institutional spaces organized around different logics and coexisting within each society, I propose to replace the concept of political opportunity structure, which lies at the heart of the political process model, with that of field opportunity structure (FOS). Hence there would be as many FOSs as there are fields, the political opportunity structure being but one of them. After sketching the political process model and Bourdieu’s field theory, I distinguish a static from a dynamic dimension of the FOS and explain how each aspect contributes to the emergence, growth or decline of mobilization and contention.
ES:
¿Cómo explicar la aparición y el declive de las olas contestatarias ? Con el fin de responder a esta pregnanta, desarrollamos una crítica del modelo del proceso político sobre la base de la teoría de los campos de Pierre Bourdieu. A partir de la idea segun la cual una multitud de espacios institucionales organizados según lógicas diferentes coexisten en cada sociedad, proponemos sustituir el concepto de estructura de las oportunidades políticas, que está al centro del modelo del proceso político, por la de estructura de las oportunidades del campo (EOC). Habrían pues tantas EOC como hay campos y la estructura de las oportunidades políticas no sería más que una estructura de oportunidades entre otras. Después de haber presentado el modelo del proceso político así como la teoría de los campos de Bourdieu, distinguimos una dimensión estática de una dimensión dinámica de la EOC y explicamos en que cada uno de los aspectos contribuye a la aparición, al crecimiento o al declive de las movilizaciones y de la contestación.
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Heurs et malheurs de la lutte contre la double peine : éléments pour une analyse des interactions entre mouvements sociaux et champ politique
Lilian Mathieu
pp. 63–87
AbstractFR:
L’étude des fluctuations des relations entre système politique et mouvements contestataires a principalement été étudiée, dans la littérature sur les mouvements sociaux, au moyen du concept de structure des opportunités politiques. Devant les faiblesses de cette approche, l’article propose une perspective alternative, centrée autour du concept, inspiré notamment de celui de champ proposé par Bourdieu, d’espace des mouvements sociaux. Il entend en montrer l’apport heuristique à travers de l’étude des avancées et des reculs d’un même mouvement français, la lutte contre la double peine (une pratique judiciaire ou administrative qui consiste en l’expulsion des délinquants étrangers) sur la période 1968-2003. L’évolution des relations d’interdépendance entre le sous-espace de la défense des étrangers et le champ politique, elles-mêmes fortement influencées par les dynamiques et recompositions internes à ces deux univers, permet d’expliquer les résultats contrastés, au fil du temps, obtenus par le mouvement contre la double peine.
EN:
In analyzing the fluctuations in relationships between the political system and protest movements, the literature on social movements has focused mainly on the concept of political opportunity structures. Given the weakness of this approach, this article proposes an alternate view centered on the concept of social movement space as inspired by Bourdieu’s notion of field. The aim is to show the heuristic effect of advances and setbacks of the movement in France opposing the double penalty, a legal and administrative practice involving the expulsion of foreign delinquents during the period from 1968 to 2003. In the movement against the double penalty, the contrasting results over time are explained by an evolving interdependency of the relationships between the sub-space of the defense of immigrants’ rights and the political field, each strongly affected by their own internal dynamics and recompositions.
ES:
El estudio de las fluctuaciones de las relaciones entre el sistema político y los movimientos sociales contestatarios se ha estudiado principalmente, en la literatura sobre los movimientos sociales, a través del concepto de estructura de las oportunidades políticas. Ante las debilidades de este enfoque, el artículo propone una perspectiva alternativa centrada en un concepto inspirado en particular de la sociología del campo de Bourdieu, el del espacio de los movimientos sociales. El articulo se propone mostrar la contribución heurística a través del estudio de los avances y retrocesos de un mismo movimiento francés, la lucha contra la doble pena (una práctica judicial o administrativa que consiste en la expulsión de los delincuentes extranjeros) durante el período 1968-2003. En el movimiento contra la doble pena, los resultados contrastantes que se obtuvieron durante ese periodo se explican por la evolución de relaciones de interdependencia entre el subespacio de la defensa de los derechos de los extranjeros y el campo político, cada uno de ellos se vio fuertemente afectado por su propia dinámica interna y sus recomposiciones.
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Horizontalité et efficacité dans les réseaux altermondialistes
Geoffrey Pleyers
pp. 89–110
AbstractFR:
Contrairement aux modèles classiques du développement des mouvements sociaux, l’altermondialisme n’a pas globalement évolué vers une institutionnalisation de ses associations et de ses événements. Sa structure organisationnelle reste largement basée sur des réseaux relativement autonomes. Cet article invite à considérer la réflexivité des acteurs et leurs cultures politiques comme l’un des facteurs explicatifs majeurs du maintien de structures réticulaires relativement souples au sein de l’altermondialisme. À partir d’études de cas, d’observations qualitatives, d’entretiens menés entre 1999 et 2008, cet article montre que le plébiscite apparent des organisations spécifiquement altermondialistes pour la forme réticulaire repose sur un malentendu opératoire. Les uns valorisent le réseau pour son efficacité, les autres parce qu’il favorise une organisation horizontale et participative. La forme du réseau renvoie ainsi pour les altermondialistes à deux ensembles de valeurs qui ne sont pas forcément compatibles.
EN:
Unlike the classical models of social movement development, anti-globalist associations and events have not generally been institutionalized. The organizational structure of anti-globalism still relies largely on relatively autonomous networks. This article invites consideration of the reflexivity and political cultures of those involved as primary in explaining why relatively supple reticular structures persist within the anti-globalism movement. Through case studies, qualitative observations, and interviews undertaken between 1999 and 2008, this article shows that the apparent propensity of specifically anti-globalist organizations to the reticular form hinges on a working misconception. Some laud the network for its effectiveness, others because it favours a horizontal and participatory organization. Hence the form of the network represents for anti-globalists two sets of values that are not necessarily compatible.
ES:
Al contrario de los modelos clásicos del desarrollo de los movimientos sociales, el movimiento altermunidialista no evolucionó globalmente hacia una institucionalización de sus asociaciones y actividades. Su estructura organizativa permanece ampliamente basada en redes relativamente autónomas. Este artículo invita a considerar la reflexividad de los actores y sus culturas políticas como uno de los principales factores que explican el mantenimiento de estructuras reticulares relativamente flexibles al interior del altermundialismo. A partir de estudios de caso, observaciones de tipo cualitativo, y de entrevistas llevadas a cabo entre 1999 y 2008, este artículo evidencia que el plebiscito aparente de las organizaciones altermundialistas, acerca de la estructura reticular, se basa en un malentendido operatorio. Unos valorizan la red por su eficacia, otros porque favorece una organización horizontal y participativa. La estructura de la red corresponde así para los altermundialistas en dos conjuntos de valores que no son necesariamente compatibles.
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Analyse de la transnationalisation de l’action collective : proposition pour une géographie des solidarités transnationales
Pascale Dufour and Renaud Goyer
pp. 111–134
AbstractFR:
Cet article propose une réflexion théorique autour de l’analyse des phénomènes de transnationalisation de l’action collective. L’approche du processus politique, approche dominante dans le champ de la transnationalisation, limite notre compréhension des pratiques de transnationalisation par sa conception du politique, du pouvoir et du changement social (partie I). Ces limites conceptuelles, qui ne sont pas nouvelles, prennent cependant une couleur particulière dans le cas des actions qui transcendent le territoire national et font resurgir la nécessité de penser l’action collective par le biais d’une « géographie » des solidarités transnationales (partie II). Finalement, nous décrivons le cas exemplaire de transnationalisation des solidarités que représente la Marche mondiale des femmes, qui contraste les apports respectifs de l’approche des processus politiques et celle proposée ici (partie III).
EN:
This article considers the phenomenon of the transnationalization of collective action from a theoretical perspective. Our understanding of transnationalization and its practices is limited by the prevailing political process approach and its concept of politics, power and social change (Part I). The conceptual constraints, while not new, nonetheless take on a special colour when the actions transcend national boundaries and spark collective actions through a “geography” of transnational solidarities (Part II). Finally, we describe the exemplary case of solidarities represented by the World March of Women which contrasts the respective contributions of the political process approach with the approach proposed here (Part III).
ES:
Este artículo propone una reflexión teórica en torno al análisis de los fenómenos de transnacionalización de la acción colectiva. El enfoque del proceso político, que domina el campo de estudio de la transnacionalización, limita nuestra comprensión de las prácticas de transnacionalización por su concepción sobre la política, el poder y el cambio social (parte I). Estos límites conceptuales, que no son del todo nuevos, toman sin embargo un matiz particular en el caso de las acciones que trascienden el territorio nacional, y nos hace reflexionar sobre la necesidad de pensar la acción colectiva por medio de una “geografía” de las solidaridades transnacionales (parte II). Por último, describimos el caso ejemplar de transnacionalización de las solidaridades representado por la Marcha mundial de las mujeres, que contrasta las contribuciones respectivas del enfoque del proceso político con la propuesta que se desarrolla en este artículo (parte III)
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Genre et ethnicité racialisée en Bolivie : pour une étude intersectionnelle des mouvements sociaux
Stéphanie Rousseau
pp. 135–160
AbstractFR:
Cette étude du cas de la Bolivie illustre les différentes dimensions d’un modèle d’étude intersectionnelle des mouvements sociaux présenté dans la première partie de cet article. Le modèle met en relief la structure intersectionnelle des rapports sociaux de genre et d’ethnicité racialisée, les différents niveaux de la politique de l’appartenance qu’il faut considérer pour mieux saisir la notion d’identité collective, et l’interaction entre mouvements sociaux au sein du processus politique comme étant trois variables expliquant la formation et la transformation des frontières identitaires dans une formation sociale donnée.
EN:
This examination of the Bolivian case study illustrates different dimensions of an intersectional model of social movements discussed in the first part of this article. The model depicts three variables, namely, the intersectional structure of the social relationships of gender and racial ethnicity, the different levels in the politics of belonging that must be considered to better understand the notion of collective identity, and the interactions of social movements within the political process. These variables serve to explain the construction and transformation of boundaries of identification in a given social context.
ES:
El estudio del caso de Bolivia ilustra las distintas dimensiones de un modelo de estudio interseccional de los movimientos sociales presentado en la primera parte de este artículo. El modelo pone de relieve la estructura interseccional de las relaciones de género y de etnicidad racializada, los distintos niveles de la política de la pertenencia que es necesario considerar para comprender mejor el concepto de identidad colectiva, y la interacción entre movimientos sociales en el proceso político. Tres variables que explican la formación y la transformación de las fronteras identitarias en una formación social dada.
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Pour une sociologie du multi-engagement : réflexion sur les relations partis-mouvements sociaux à partir du cas mexicain
Hélène Combes
pp. 161–188
AbstractFR:
À travers le monde, de nombreux partis sont nés de syndicats ou de mouvements sociaux, de nombreux mouvements sociaux et des associations tissent des liens complexes avec des partis. Malgré la richesse de leurs interactions, peu de travaux universitaires se sont attachés à la question des relations entre partis politiques et mouvements sociaux en tant que telles. Cet article, à partir du cas spécifique des relations entre le Parti de la révolution démocratique au Mexique et plusieurs mouvements sociaux, propose une méthode d’analyse qui repose sur l’étude du multi-engagement de certains dirigeants. Rompre avec la démarche qui consiste à mettre l’accent sur les organisations (de mouvement social ou partisanes) et porter le regard sur les dirigeants multipositionnés en étudiant leurs trajectoires sur le long terme permet de dévoiler la complexité et les logiques des multiples échanges qui s’instaurent entre partis et mouvements sociaux et ce, en fonction des épisodes de la contestation.
EN:
Trade unions and social movements have spawned numerous political parties worldwide, with many social movements and associations in turn forging complex links with political parties. Despite the rich detail of these interactions, very little academic study has examined the relationships between political parties and social movements. Taking the case of relations between Mexico’s Party of the Democratic Revolution and various social movements, this article proposes a method of analysis based on a study of the multi-engagement of leaders. Observing the paths of multi-positioned leaders over the long term rather than focusing on organizations (social movements and partisans) we discern the complexity and logic of the exchanges between parties and social movements in relation to episodes of protest.
ES:
A través del mundo, numerosos partidos políticos nacieron de sindicatos o de movimientos sociales. Así numerosos movimientos sociales y asociaciones tejen vínculos complejos con los partidos políticos. A pesar de la riqueza de sus interacciones, pocos trabajos académicos se han enfocado en estudiar las relaciones entre los partidos políticos y los movimientos sociales como tales. Este artículo, a partir del caso específico de las relaciones entre el Partido de la revolución democrática en México y varios movimientos sociales, propone un método de análisis que se basa en el estudio del involucramiento múltiple de algunos dirigentes. Romper con el planteamiento que consiste en hacer hincapié en las organizaciones (de movimiento social o partidarias) y mirar hacia los dirigentes multiposicionados estudiando sus trayectorias a largo plazo, permite revelar la complejidad y las lógicas de los múltiples intercambios que se instauran entre partidos políticos y movimientos sociales en relación con los episodios de contestación social.
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Cible ou ressource : les ambiguïtés de la mobilisation des consommateurs dans la contestation contre l’ordre marchand
Sophie Dubuisson-Quellier
pp. 189–214
AbstractFR:
Depuis le milieu des années 1990, plusieurs mouvements sociaux remettent en cause les fonctionnements marchands qu’ils accusent d’être à l’origine de différents types de désordres, comme la dégradation de l’environnement, la précarisation des petits producteurs ou encore l’exploitation des travailleurs dans les pays du Sud. Cette contestation désigne directement l’idéologie néo-libérale qui exercerait différentes formes de pouvoir en imposant la rationalité économique comme seul principe d’orientation des conduites et des décisions, pour les acteurs privés mais également pour les acteurs publics. Les consommateurs apparaissent à la fois comme les cibles de ces mouvements, lorsque ceux-ci remettent en cause leur contribution passive aux externalités négatives des fonctionnements marchands, comme des ressources, lorsqu’ils tentent de les mobiliser pour exercer des pressions économiques, mais également comme des challengers lorsqu’ils engagent les consommateurs citoyens à exercer des pressions sur les acteurs publics pour modifier la gouvernance de la régulation marchande.
EN:
Since the mid-1990s, various social movements have contested the market economy, which they see as an active source of societal disorders including the degradation of the environment, the jeopardizing of small producers, and the exploitation of workers in the global South. At issue is the neo-liberal ideology, which exercises a variety of forms of power while imposing economic rationality as the sole guiding principle to direct and determine market interests, both private and public. Consumers appear at once as targets of these movements, when their passive contribution to the negative external aspects of market operatives is questioned, as resources in attempts to mobilize them to apply economic pressures, and also as challengers when the consumer citizenry applies pressure on public bodies to alter market regulations.
ES:
Desde mediados de los años noventa, varios movimientos sociales ponen en entredicho el funcionamiento de los intercambios comerciales acusándolos de ser la causa de distintos tipos de desórdenes, como la degradación del medio ambiente, la precarización de los pequeños productores o la explotación de los trabajadores en los países del Sur. Las protestas sociales recriminan a la ideología neoliberal el ejercer distintas formas de poder que imponen la racionalidad económica como principio único de orientación de las conductas y decisiones, para los actores privados pero también para los actores públicos. Los consumidores aparecen a la vez como el objetivo de estos movimientos ya que se pone en entredicho su contribución pasiva a las externalidades negativas de los intercambios comerciales ; así como también se vuelven recursos debido a que se pretende movilizarlos para que ejerzan presiones económicas, y se vuelven también actores contestatarios que ejercen presión sobre los actores públicos para modificar la gobernanza de la regulación comercial.
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Les acteurs du mouvement de soutien face à l’immigration illégale en France et en Grande-Bretagne
Manlio Cinalli and Foued Nasri
pp. 215–244
AbstractFR:
Cet article se concentre sur les questions de l’asile en Grande-Bretagne et des « sans-papiers » en France pris comme des objets d’étude comparables dans le cadre de la controverse plus large sur l’immigration « illégale ». Notre analyse porte sur un large nombre d’acteurs qui interviennent en soutien des demandeurs d’asile et des « sans-papiers », dans le cadre de champs multi-organisationnels qui s’étendent sur plusieurs niveaux. Plus particulièrement, nous abordons les dynamiques complexes situées à l’intersection de l’espace public et des politiques publiques, au sein et au-delà des frontières de l’État-nation. Nous examinons ainsi une gamme de facteurs qui constituent le noyau des discussions courantes de l’approche des processus politiques, nous inscrivant ainsi dans le débat relatif aux filiations et aux limites de l’approche de Charles Tilly, telle que présentée dans From Mobilization to Revolution (1978).
EN:
This article considers issues of asylum in Great Britain and among undocumented aliens (“sans-papiers”) in France as comparable topics of study pertinent to “illegal” immigration. Our analysis is based on a large number of individuals in many organizations and at various levels acting in support of asylum seekers and the undocumented. Focusing on the complex dynamics that intersect the public space and public policies within and beyond the borders of the nation state, we examine a range of factors at the core of current discussions on the political process approach nd join the debate on the filiations and limits to the approach advanced in Charles Tilly’s From Mobilization to Revolution (1978).
ES:
Este artículo se enfoca en las cuestiones del asilo político en Gran Bretaña y de los indocumentados en Francia como objetos de estudio comparables en el marco de la controversia más amplia sobre la inmigración “ilegal”. Nuestro análisis se refiere a un gran número de actores que intervienen apoyando a los refugiados y a los indocumentados, en el marco del campo multiorganizacional que se extiende a través de varios niveles. Más concretamente, abordamos las dinámicas complejas situadas a la intersección del espacio público y de las políticas públicas, adentro y más allá de las fronteras del Estado-nación. Examinamos así una gama de factores que constituyen el núcleo de los debates actuales del enfoque del proceso político, inscribiéndonos en el debate sobre las filiaciones y los limites del enfoque de Charles Tilly, tal como se presenta en From Mobilization to Revolution (1978).
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Comment se mobilise-t-on ? L’apport d’une approche pragmatiste à la sociologie de l’action collective
Daniel Cefaï
pp. 245–269
AbstractFR:
En présentant un ensemble de recherches « pragmatiques » ou « praxéologiques » qui ont eu cours en France depuis les années 1980, et en les augmentant de quelques idées héritées du pragmatisme nord-américain, l’auteur s’interroge sur leur pertinence pour une sociologie des mobilisations collectives. L’article s’ordonne autour de quatre points.
Le développement d’une sociologie des régimes d’action et de justification, d’une part, et de démarches herméneutiques ou grammaticales, d’autre part, complexifie les modélisations structuraliste et rationaliste de l’action.
La réactivation de la notion de « public », empruntée à Dewey, en contrepoint d’une sociologie des problèmes publics, permet de poser des questions sur le politique que les approches en termes de processus, de marché ou de champ politique avaient négligées.
L’étude des réseaux et des organisations les conçoit comme des arènes d’expérience et d’action, articulées par des agencements d’objets, dans lesquelles les acteurs s’engagent selon des modalités hybrides. Elle fait apparaître des grammaires plurielles de la communauté, de l’acteur et du collectif.
L’approche instrumentale ou stratégique de la culture, entendue comme répertoire de ressources, est enrichie par une conception de la culture publique, centrée sur la formation d’expériences individuelles et collectives. Elle s’appuie sur des réflexions autour des notions d’affectivité et de temporalité.
EN:
The author presents the “pragmatic” or “praxeological” research underway in France since the 1980s, includes some concepts passed down from North American pragmatism, and queries the overall relevance for a sociology of collective mobilizations. Four main points are discussed :
The development of a sociology of plans of action and justification in tandem with the hermeneutical or grammatical approaches complicates the structuralist and rationalist modelings of action.
Reactivation of the notion of “public”, borrowed from Dewey, in contrast to a sociology of public problems, elicits political questions neglected by the approaches focused on processes, the market and the political field.
The study of networks and organizations conceives them as arenas of experience and action articulated by juxtapositions of objects in which the actors engage according to hybrid modalities. Grammars of the community, the actor and the collective emerge.
The instrumental or strategic cultural approach, seen as a repertoire of resources, is enriched by a notion of public culture that shapes individual and collective experiences. Affectivity and temporality are explored as underpinning concepts.
ES:
Al presentar un conjunto de investigaciones “pragmáticas” o “praxeológicas” que se llevaron a cabo en Francia desde los años ochenta, y complementándolas con algunas ideas heredadas del pragmatismo norteamericano, el autor se pregunta sobre su pertinencia para una sociología de la acción colectiva. El artículo se ordena a partir de cuatro puntos.
El desarrollo de una sociología de los regímenes de acción y de justificación, por una parte, y los planteamientos hermenéuticos o gramaticales, por otra parte, complican los modelos estructuralistas y racionalistas de la acción.
La reactivación de la definición “de lo público”, tomada de Dewey, en contraste con una sociología de problemas públicos, permite plantear preguntas sobre “la política” que los enfoques que se basan en los procesos, en el mercado o en el campo político no habían considerado.
El estudio de las redes y de las organizaciones los concibe como arenas de experiencia y de acción, articuladas por yuxtaposición de objetos, en las cuales los actores se involucran de acuerdo a modalidades híbridas. Surgen gramáticas plurales de la comunidad, del actor y del colectivo.
El enfoque instrumental o estratégico de la cultura, comprendido como un directorio de recursos, se enriquece por una concepción de la cultura pública, centrada en la formación de experiencias individuales y colectivas. Este enfoque se basa también en reflexiones en torno a las nociones de afectividad y temporalidad.
Dossier spécial / Special survey
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Les controverses autour du foulard islamique… 20 ans après
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L’« affaire du foulard » en France : retour sur une affaire qui n’en est pas encore une
Valérie Amiraux
pp. 273–298
AbstractFR:
Depuis 1989, les questions soulevées par le port du foulard islamique dans les écoles publiques ont éveillé l’intérêt de nombreux chercheurs en sciences sociales. « L’affaire du foulard », puisque c’est ainsi qu’ils l’ont désignée, en est-elle réellement une ? À partir de cette interrogation, cet article propose de caractériser les principales lignes de réflexion qui se sont détachées de cette production scientifique, pour ensuite revenir sur les impensés et les apories qui caractérisent les propositions d’analyse du port du foulard dans la société française. L’article prend donc appui sur les récits, les objets et les acquis de près de vingt années de recherche, pour pointer, à partir d’un intérêt plus récent pour les aspects juridiques du sujet, la nécessité de refonder une démarche de sociologie capable de prendre au sérieux le religieux dans la pratique des acteurs. Dans cette dernière partie de l’article, ce sont les « absences » de la recherche, le silence sur les souffrances et le défaut de définition qui sont plus spécifiquement examinés afin d’envisager comment « refaire de la sociologie » sur cet objet spécifique, notamment à partir des perspectives de la sociologie juridique.
EN:
A source of controversy since 1989, the wearing of the Islamic headscarf in public schools has long been a popular topic of inquiry among social science researchers. But is the so-called “Headscarf Affair” a genuine issue ? This article presents the main points that have emerged from the academic inquiry along with neglected considerations and the aporiae that characterize the issue of wearing veils in French society. The article builds on the narratives, objects, and the findings of nearly 20 years of research to emphasize the necessity of reorienting a sociological approach that takes seriously the religious practices of believers, especially considering the recent interest in the legal aspects of the subject. We conclude by examining the gaps in research, the silence on suffering and lack of definition with a view to “reshaping the sociology” on this issue, especially from a legal perspective.
ES:
Desde 1989, los debates originados por el uso del velo islámico en las escuelas públicas despertaron el interés de numerosos investigadores en ciencias sociales. ¿“la cuestión del velo islámico”, puesto que fue así como lo designaron, existe realmente ? A partir de esta interrogación, este artículo propone presentar las principales líneas de reflexión que se desprendieron de esta producción científica, así mismo evidencia todo aquello que no se planteó así como las paradojas que caracterizaron las propuestas de análisis sobre el uso del velo islámico en la sociedad francesa. El artículo se apoya en los relatos, los objetos y los logros de casi unos veinte años de investigación para refundar el planteamiento sociológico con la finalidad de que sea capaz de tomar en serio el asunto religioso en la práctica de los actores, considerando el interés reciente sobre los aspectos jurídicos del tema. En la última parte del artículo, son las “ausencias” de la investigación, el silencio sobre los sufrimientos y la falta de definición que se examinan más específicamente con el fin de replantear cómo “rehacer sociología” en este tema específico, en particular, a partir de perspectivas de la sociología jurídica.
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Discours alternatifs du voile dans l’art contemporain
Valérie Behiery
pp. 299–325
AbstractFR:
Le voile musulman demeure un sujet contentieux dans les courants dominants de la culture occidentale et ses médias. Son usage métonymique qui en fait une abréviation visuelle de la musulmane opprimée, et par extension de la misogynie ou de la violence de l’islam, s’oppose de façon nette aux nombreuses illustrations du voile dans la pratique artistique contemporaine des artistes d’origine musulmane qui aujourd’hui exposent et souvent vivent en Europe ou en Amérique du Nord. Cet article se penche d’abord sur cette divergence et sur ses significations sous-jacentes, pour ensuite dessiner trois discours alternatifs du voile que l’on retrouve dans l’art contemporain. Les oeuvres précises analysées et les nouveaux discours sur le voile qu’elles proposent réorientent le regard ; en déplaçant le voile, qui est un site qui tend à être mal traduit, ces discours reconfigurent le monde, et dévoilent des espaces possibles de communication et d’interactions transnationales.
EN:
The Muslim veil is a contentious subject in mainstream western culture and media. Its continued metonymy as a visual shorthand for the oppressed Muslim woman and by extension the misogyny or violence of Islam stands however in sharp contrast to the numerous depictions of the veil in contemporary artistic practice produced by artists of Muslim descent who now exhibit and often live in the west. This article analyzes this discrepancy and its various subtexts before charting three alternative narratives of the veil found in contemporary art. The specific works examined and the new narratives of the veil they bring forward reorient the gaze ; by displacing the veil, a site of cross-cultural mistranslation, they remap the world and uncover the possible spaces of transnational literacy or communication.
ES:
El velo musulmán continúa siendo un tema contencioso en las corrientes dominantes de la cultura occidental y sus medios de comunicación. Su uso metonímico que en realidad es una abreviatura visual de la musulmana oprimida, y por extensión de la misoginia o de la violencia del Islam, se opone de manera neta a las numerosas ilustraciones del velo en la práctica artística contemporánea de los artistas de origen musulmán que exponen su obras hoy y que viven a menudo en Europa o Norteamérica. Este artículo examina en primer lugar esta divergencia y sus significados subyacentes, para a continuación dibujar tres discursos alternativos del velo que se encuentran en el arte contemporáneo. Las obras precisas analizadas y los nuevos discursos sobre el velo que ellas proponen reorientan la mirada ; al desplazar el velo, como objeto que tiende a comprenderse mal. Estos discursos reconfiguran el mundo, revelan espacios posibles de comunicación y de interacciones trasnacionales.
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Sous l’affaire de la burqa... quel visage de la laïcité française ?
David Koussens
pp. 327–347
AbstractFR:
Dans cet article, nous proposons une analyse sociologique du moment juridique de mise en oeuvre de la régulation de la diversité religieuse qu’a constitué la décision du Conseil d’État du 27 juin 2008 refusant la nationalité française à une ressortissante marocaine qui portait la burqa. Nous entendons démontrer l’hypothèse selon laquelle cette décision s’inscrit dans un raidissement de la « laïcité narrative », un raidissement préalablement conforté par l’adoption du rapport de la Commission Stasi en 2003 puis par le vote de la loi du 15 mars 2004 relative au port de signes manifestant ostensiblement une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics. Nous montrons qu’harmonisant ainsi « laïcité narrative » et « laïcité juridique », cette décision du Conseil d’État a constitué un point d’ancrage solide au développement d’une rhétorique républicaine sur l’aménagement du religieux, alimentant en retour la « laïcité narrative ».
EN:
In this article, we give a sociological analysis of the legal ruling on religious diversity contained in the June 27, 2008 decision of the French Conseil d’État that rejected French citizenship to a Moroccan woman wearing a burqa. We contend that this decision displays a hardening of “narrative secularism”, an attitude devolving from the adoption of the Stasi Commission Report in 2003, and subsequently voted into law on March 15, 2004, prohibiting the wearing of conspicuous religious signs or symbols in public schools and colleges. We show that in thus harmonizing “narrative secularism” and “legal secularism”, this decision of the Conseil d’État strongly affirms a republican rhetoric on religious matters and encourages a return to “narrative secularism”.
ES:
En este artículo, proponemos un análisis sociológico del momento jurídico de aplicación del reglamento de la diversidad religiosa que constituyó la decisión del Consejo de Estado (Conseil d’État) del 27 de junio de 2008, la cual rechazaba la nacionalidad francesa a una nacional marroquí que vestía una burka. Nos proponemos demostrar la hipótesis según la cual esta decisión se inscribe en una rigidez de la “laicidad narrativa”, una rigidez previamente consolidada por la aprobación del informe de la Comisión Stasi en 2003, luego por el voto de la ley del 15 de marzo de 2004 relativa a llevar signos que manifiestan ostensiblemente una pertenencia religiosa en las escuelas, colegios y liceos públicos. Demostramos que armonizando así “laicidad narrativa” y “laicidad jurídica”, esta decisión del Consejo de Estado (Conseil d’État) consolida el desarrollo de una retórica republicana sobre la adaptación de lo religioso, fortaleciendo el regreso de la “laicidad narrativa”.