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  • Jacques Rhéaume

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  • Jacques Rhéaume
    Département de communication sociale et publique, Faculté de communication, Université du Québec à Montréal, Case postale 8888, succursale Centre-ville, Montréal (Québec) H3C 3P8
    rheaume.jacques@uqam.ca

Ce numéro thématique reprend un questionnement fondamental en sociologie, celui des rapports entre individu et société. Emprunté librement à un ouvrage de Norbert Elias (1991 [1987]), le titre « société des individus » fait écho aux rapports d’interdépendance qui caractérisent sociétés et individus et que l’on retrouve déclinés, de façons variées, dans les sociologies contemporaines. Elias était soucieux d’ancrer les théories, et au tout premier plan celles qui conféraient un primat à l’individu dans l’étude des rapports sociaux, dans leur contexte historique. Comment pouvons-nous, aujourd’hui, interroger les sociologies de l’individu en ce début du xxie siècle ? Ne sommes-nous pas en présence de la nécessité d’un renouvellement en profondeur de la pensée sociologique qui tente de saisir les transformations sociales en cours ? Faire parler les sociologies au pluriel sur cette question, c’est ce que nous voulons explorer ici. Ce numéro est plus particulièrement dédié à un pionnier de la sociologie au Québec, Robert Sévigny, et fait suite à un colloque tenu en novembre 2007, dont le thème était La relation individu et société : les aspects cliniques, sociopolitiques et transculturels de l’expérience personnelle. Depuis, la problématique a été resserrée autour de perspectives sociologiques sur diverses façons de décliner la « société des individus » et neuf contributions ont été retenues pour ce dossier. Il nous a semblé en effet que cette problématique correspondait à la trame centrale de l’oeuvre de Robert Sévigny et ce, depuis ses débuts jusqu’au texte qu’il présente dans ce numéro, et suivant des repères historiques que lui-même évoque. Dans l’introduction d’un de ses ouvrages majeurs à ce titre, Le Québec en héritage. La vie de trois familles montréalaises (1979), publié il y a trente ans, Robert Sévigny annonce ainsi le propos du livre : Et un peu plus loin, dans la même page : Nous saisissons bien là l’orientation principale de sa posture de recherche, qui en est une de compréhension, de relier étroitement le vécu et l’expérience personnelle et la société globale, et sous forme de questionnement, d’explorer comment chacun ou chacune dépasse et intègre la dualité individu et société. Dans le deuxième extrait, nous pouvons reconnaître une posture et une attitude qui, bien avant le mot, peuvent être qualifiées de « cliniques », sensibles à l’interlocuteur, offrant un cadre d’analyse et des catégories suffisamment ouvertes pour inciter le participant à la recherche ou le lecteur à réfléchir sur sa propre pratique et en dégager « sa propre expérience de la société ». Nous soulignons en passant l’importance, dans le style d’écriture de l’usage des questions et d’expressions de liaison comme « en même temps » et « à la fois » : la question est une marque d’ouverture mais aussi d’incertitude ; les expressions exprimant la simultanéité, sont des indices de coprésence des dimensions d’analyse inséparables dans la réalité. Pour connaître Robert Sévigny depuis un peu plus de trente-cinq ans et ayant oeuvré plusieurs années dans une autre phase de ses recherches centrées sur la sociologie implicite et la sociologie clinique, au Québec, je voudrais souligner ici l’originalité de sa contribution à la sociologie sur le plan épistémologique et méthodologique. Formé d’abord à la sociologie, mais avec un intérêt certain pour l’anthropologie et l’ethnologie (Université Laval), il fait ensuite une formation en psychologie sociale d’inspiration lewinienne (la dynamique des groupes) mais surtout, rogérienne. C’est cette dernière posture, existentielle et humaniste, qu’il va surtout développer en l’adaptant au champ sociologique. Nous pourrions parler à cet effet d’une sociologie centrée sur l’individu, visant non pas à fournir un cadre d’élaboration de la dynamique psychique de celui-ci, comme le psychologue pourrait le …

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