Abstracts
Résumé
Cet article analyse le devenir des filières professionnelles établies par différentes réformes de l’enseignement supérieur algérien au cours des quarante dernières années. Se fondant sur « l’écart » entre formation et marché, ces réformes veulent réduire l’enseignement à sa seule finalité économique. Cependant, leur démarche est contrée par un ensemble de facteurs sociopolitiques qui convergent pour en limiter, voire en annihiler la portée. Tandis que le dispositif mis en place tente de soumettre l’enseignement à la logique de l’entreprise, les agents sociaux acquièrent des pratiques pédagogiques et mûrissent des aspirations socioprofessionnelles qui l’en éloignent. Alors que le dispositif installe l’enseignement professionnel dans une configuration ambiguë, à cheval entre deux systèmes de référence opposés, les agents sociaux adoptent des conduites qui amènent l’acte éducatif à se conformer aux formes de savoir socialement dominantes. Il en résulte au final une « dérive » vers l’enseignement académique qui exprime la difficulté, dans le contexte étudié, de soumettre l’acte éducatif à une stricte logique économique.
Abstract
This article analyzes the future of the professional training courses set up after the various reforms of the Algerian educational system during the past forty years. Aware of the ‘gap’ between training and market, these reforms attempt to limit training to a uniquely economic end. However their objectives are faced with an ensemble of social-political factors that converge to limit or even block their impact. While the plan implemented tries to oblige education to submit to entrepreneurial logic, social bodies adopt contradictory pedagogical practices and social-professional aspirations. The plan implemented placing professional training in an ambiguous situation, that is, between two opposing reference systems, social bodies develop procedures to make training conform to socially dominating competences. This finally results in ‘sliding’ towards academic education that reveals, in the context studied, the difficulty encountered in submitting education to a strictly economic logic.
Resumen
Este artículo analiza la transformación de los sectores profesionales instituidas por distintas reformas de la enseñanza superior algerina durante los últimos cuarenta años. Basándose en “la divergencia” entre formación y mercado, estas reformas quieren reducir la enseñanza a su sola finalidad económica. Sin embargo, su planteamiento es contradicho por un conjunto de factores sociopolíticos que convergen para limitar, o incluso destruir el alcance. Mientras que el dispositivo establecido intenta someter la enseñanza a la lógica de la empresa, los agentes sociales adoptan prácticas pedagógicas y maduran aspiraciones socioprofesionales que lo alejan. Mientras que el dispositivo instala la formación profesional en una configuración ambigua, en medio de dos sistemas de referencia opuestos, los agentes sociales desarrollan conductas que traen el acto educativo a ajustarse a las formas de saber socialmente dominantes. Resulta al final una “deriva” hacia la enseñanza académica que expresa la dificultad, en el contexto estudiado, de someter el acto educativo a una estricta lógica económica.
Appendices
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