Abstracts
Résumé
La théorie sociale a largement contribué à nous éclairer sur plusieurs des enjeux sociaux, politiques et éthiques soulevés par les politiques de prévention de la maladie et de promotion de la santé. Nous pouvons toutefois avoir l’impression que ces efforts de théorisation nous renseignent mieux sur la science sociale et les chercheurs que sur le risque tel qu’il est vécu dans la société. L’une des causes en serait le manque d’études empiriques qui permettent de saisir les mécanismes fins et complexes de gestion du risque et qui nous confinent à une certaine circularité de l’argumentaire sur les dérives de la société globale du risque. Prenant le parti d’une approche microsociologique et anthropologique, ce texte explore trois pistes de contribution pour un élargissement de la théorie sociale du risque, soit : 1. l’intérêt pour la santé publique d’une réarticulation des multiples dimensions du risque autour de concepts intégrateurs tel celui de mode de vie à risque; 2. la pertinence d’une anthropologie du risque ancrée dans la gestion quotidienne du risque, les théories populaires du risque et de la moralité; 3. la pertinence pour les sciences sociales de coupler aux dénonciations des abus et manquements dans la gestion publique une analyse des impacts positifs du risque, par exemple, en tant que nouveaux lieux de socialisation, de libération et d’engagement social.
Abstract
Social theory has shed much light on a number of social, political and ethical issues raised by sickness prevention and health promotion policies. We are sometimes left with the impression that these attempts at theorizing tell us more about the social science and the researchers than about the risk as experienced in the society in question. One of the causes is probably the lack of empirical studies that might explain the highly complex risk management mechanisms and that limit us to a certain circularity of the discussions on the shortcomings of the global risk society. Taking a micro-sociological and anthropological approach, this paper explores three possible ways of broadening the social theory of risk, namely 1. the interest for public health in a rearticulation of the many dimensions of risk centered on integrating concepts such as ‘lifestyle at risk’; 2. the pertinence of an anthropology of risk based on its daily management, popular theories of risk and morality; 3. the pertinence for the social sciences of coupling denunciations of abuse and shortcomings in public management with an analysis of the ‘positive’ impacts of risk, for instance, as new occasions for socialization, liberation, and social commitment.
Resumen
La teoría social contribuyó ampliamente a aclararnos varias de las problemáticas sociales, políticas y éticas planteadas por las políticas de prevención de la enfermedad y de la promoción de la salud. Podemos no obstante tener la impresión, que estos esfuerzos de teorización nos informan más sobre la ciencia social y los investigadores que sobre el riesgo tal como se vive en la sociedad. Una de las causas sería la falta de estudios empíricos que permitan comprender los finos y complejos mecanismos de gestión del riesgo y que nos limitan a una determinada circularidad de la argumentación sobre las derivas de la sociedad global del riesgo. Tomando parte de un enfoque micro sociológico y antropológico, este texto explora tres pistas de contribución para una ampliación de la teoría social del riesgo, o sea 1. el interés por la salud pública de una rearticulación de las múltiples dimensiones del riesgo en torno a conceptos integradores tales como el de ‘modo de vida a riesgo’; 2. la pertinencia de una antropología del riesgo afianzada en la gestión diaria del riesgo, las teorías populares del riesgo y de la moralidad; 3. la pertinencia para las ciencias sociales de acoplar a las denuncias de abusos e incumplimientos en la gestión pública a un análisis de los impactos ‘positivos’ del riesgo, por ejemplo, en tanto que nuevos lugares de socialización, liberación y compromiso social.
Appendices
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