Volume 46, Number 1, Spring 2021 Santé mentale et nouvelles technologies Guest-edited by Stéphane Guay and Isabelle Ouellet-Morin Avec la collaboration de Marc Corbière and Nadine Larivière
Table of contents (13 articles)
Présentation
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Applications mobiles pour soutenir la santé mentale des jeunes : opportunités et défis
Isabelle Ouellet-Morin, Marie-Pier Robitaille and Robert-Paul Juster
pp. 17–34
AbstractFR:
Introduction L’adolescence est une période sensible pendant laquelle plusieurs changements ont le potentiel d’affecter le développement cognitif et psychosocial de l’individu. C’est aussi au cours de cette période que l’on note la plus forte augmentation des troubles de santé mentale. Plusieurs initiatives cherchent à prévenir l’émergence ou la détérioration de ces troubles auprès de jeunes en situation de vulnérabilité parce que vivant des difficultés émotionnelles ou du comportement, ou bien en raison d’expériences adverses auxquelles ils sont (ou ont été) confrontés. À ces efforts, le recours à la technologie est habituellement perçu comme naturel, voire souhaitable, auprès de ces « natifs du numérique ».
Objectif Cette recension critique propose d’examiner les avantages et inconvénients documentés dans la littérature et rencontrés dans le cadre du développement d’une application mobile (app) afin d’évaluer leur potentiel à soutenir la santé mentale et la résilience des jeunes en contextes d’adversité et les facteurs susceptibles d’amoindrir ces impacts.
Résultats/Constats Les apps, par leur format et mode d’utilisation, permettent de transmettre aux jeunes une information juste et fondée sur les meilleures connaissances tout en étant arrimée à leur réalité. Les apps représentent aussi une opportunité d’engager certains jeunes dans un processus de changement ou de les soutenir dans une éventuelle demande d’aide. Bien qu’elles soient disponibles en tout temps et qu’elles peuvent respecter leurs besoins d’autonomie et de confidentialité, de nombreux défis demeurent afin qu’elles puissent soutenir la santé mentale des jeunes, incluant le peu d’attention accordée à la validation scientifique, la protection des données personnelles et la capacité de rétention et d’engagement des jeunes.
Conclusion. Cette analyse critique des connaissances propose une réflexion qui pourrait s’avérer utile afin de soutenir le développement de futures apps rencontrant les meilleurs standards auprès d’une multitude d’acteurs susceptibles de les créer et de les utiliser.
EN:
Introduction Adolescence is a sensitive period during which many changes occur and may have the potential to affect an individual’s cognitive and psychosocial development. It is also during this period that the most abrupt increase in mental health problems is noted. Several initiatives seek to prevent the onset or deterioration of these disorders among young people, and especially those in situations of vulnerability because the emotional or behavioral difficulties they are already displaying or because of the adversities they face. In these efforts, the use of technology is generally perceived as natural, even desirable, among these “digital natives.”
Objective This critical review examines the strengths and limitations of mobile applications (apps), as documented in the literature, and based in our own experience, to evaluate their potential to support youths’ mental health and resilience in times of adversity, and the obstacles most likely to lessen their impacts.
Findings Mobile apps, by their format and through the types of usage they provide, allow young people to have access to evidence-based information anchored to their realities. Apps also represent an opportunity to engage certain young people in a process of change or to support them in their request for help. All the more, these new tools are available at all times and are aligned to their needs for autonomy and confidentiality. Many challenges must, however, be overcome to best support young people’s mental health through apps, including reliance on scientific validation, the protection of personal data and the capacity to attract and promote engagement in young people.
Conclusion The critical analysis of the available literature is intended as a strategic thinking process to further support the development of future apps that will meet the best standards as viewed by a multitude of actors likely to create and use them.
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Perspectives fondamentale, clinique et sociétale de l’utilisation des personnages virtuels en santé mentale
Audrey Marcoux, Marie-Hélène Tessier, Frédéric Grondin, Laetitia Reduron and Philip L. Jackson
pp. 35–70
AbstractFR:
Avec l’attrait engendré par les avancées en informatique et en intelligence artificielle, les personnages virtuels (c.-à-d. personnages représentés numériquement d’apparence humaine ou non) sont pressentis comme de futurs prestataires de soins en santé mentale. À ce jour, l’utilisation principale de tels personnages est toutefois marginale et se limite à une aide complémentaire à la pratique des cliniciens. Des préoccupations liées à la sécurité et l’efficacité, ainsi qu’un manque de connaissances et de compétences peuvent expliquer cette discordance entre ce que certains s’imaginent être l’utilisation future (voire futuriste) des personnages virtuels et leur utilisation actuelle. Un aperçu des récentes données probantes contribuerait à réduire cette divergence et à mieux saisir les enjeux associés à leur utilisation plus répandue en santé mentale.
Objectif Cet article vise à informer tous les acteurs impliqués, dont les cliniciens, quant au potentiel des personnages virtuels en santé mentale, et de les sensibiliser aux enjeux associés à leur usage.
Méthode Une recension narrative de la littérature a été réalisée afin de synthétiser les informations obtenues de la recherche fondamentale et clinique, et de discuter des considérations sociétales.
Résultats Plusieurs caractéristiques des personnages virtuels provenant de la recherche fondamentale ont le potentiel d’influencer les interactions entre un patient et un clinicien. Elles peuvent être regroupées en deux grandes catégories : les caractéristiques liées à la perception (p. ex. réalisme) et celles liées à l’attribution spontanée d’une catégorie sociale au personnage virtuel par un observateur (p. ex. genre). Selon la recherche clinique, plusieurs interventions ou évaluations utilisant des personnages virtuels ont montré divers degrés d’efficacité en santé mentale, et certains éléments de la relation thérapeutique (p. ex. alliance et empathie) peuvent d’ailleurs être présents lors d’une relation avec un personnage virtuel. De multiples enjeux socioéconomiques et éthiques doivent aussi être discutés en vue d’un développement et d’une utilisation plus accrue qui soient responsables et éthiques. Bien que l’accessibilité et la disponibilité des personnages virtuels constituent un avantage indéniable pour l’offre de services en santé mentale, certaines iniquités demeurent. L’accumulation de données biométriques (p. ex. rythme cardiaque) a également le potentiel d’enrichir le travail des cliniciens, mais aussi de mener au développement de personnages virtuels autonomes à l’aide de l’intelligence artificielle, ce qui pourrait conduire à certains dérapages (p. ex. erreurs de décision clinique). Quelques pistes de recommandations visant à éviter ces effets indésirables sont présentées.
Conclusion L’emploi des personnages virtuels sera de plus en plus répandu en santé mentale en raison de leurs avantages prometteurs. Ainsi, il est souhaitable que tous les acteurs impliqués s’informent sur leur usage dans ce contexte, se sensibilisent aux enjeux spécifiques, participent activement aux discussions quant à leur développement et adoptent des recommandations uniformes en vue d’un usage sécuritaire et éthique en santé mentale.
EN:
Along other breakthroughs in computer sciences, such as artificial intelligence, virtual characters (i.e. digitally represented characters featuring a human appearance or not) are foreseen as potential providers of mental healthcare services. However, their current use in clinical practice is marginal and limited to an assistive role to help clinicians in their practices. Safety and efficiency concerns, as well as a general lack of knowledge and experience, may explain this discrepancy between the expected (sometimes futuristic) and current use of virtual characters. An overview of recent evidence would help pinpoint the main concerns and challenges pertaining to their use in mental healthcare.
Objective This paper aims to inform relevant actors, including clinicians, on the potential of virtual characters in mental healthcare practices and to raise awareness on societal challenges regarding their use.
Method A narrative literature review was conducted to summarize basic and clinical research findings, and to outline an in-depth discussion on various societal caveats related to the inclusion of virtual characters.
Results Basic studies highlight several characteristics of the virtual characters that seem to influence patient-clinician interactions. These characteristics can be classified into two categories: perceptual (e.g. realism) and social features (i.e. attribution of social categories such as gender). To this day, many interventions and/or assessments using virtual characters have shown various levels of efficiency in mental health, and certain elements of a therapeutic relationship (e.g. alliance and empathy) may even be triggered during an interaction with a virtual character. To develop and increase the use of virtual characters, numerous socioeconomic and ethical issues must be examined. Although the accessibility and the availability of virtual characters are an undeniable advantage for their use in mental healthcare, some inequities about their application remain. In addition, the accumulation of biometric data (e.g. heart rate) could provide valuable information to clinicians and could help develop autonomous virtual characters, which raises concerns over issues of security and privacy. This paper proposes some recommendations to avoid such undesirable outcomes.
Conclusion Due to their promising features, the inclusion of virtual characters will no doubt be increasingly prevalent in mental healthcare services. All involved actors should thus be informed about specific challenges raised by such breakthroughs. They should also actively participate in discussions regarding the development of virtual characters in order to adopt unified recommendations for their safe and ethical use in mental healthcare.
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L’utilisation des technologies pour optimiser la formation des intervenants en santé mentale aux traitements fondés sur les données probantes : où en sommes-nous ?
Suzie Bond, Émilie Binet and Béatrice Pudelko
pp. 71–95
AbstractFR:
La formation massive d’intervenants en santé mentale figure parmi les moyens proposés pour améliorer l’accès aux traitements fondés sur les données probantes pour divers troubles mentaux courants. Si les technologies de communication et de diffusion des connaissances (visioconférence, plateformes Web) peuvent aider à rendre la formation plus accessible dans le temps et dans l’espace, il est nécessaire de bien évaluer leur apport au développement des compétences chez les intervenants.
Objectifs Établir comment les technologies sont utilisées pour optimiser la formation des intervenants et quels sont les effets des formations en ligne sur l’acquisition des connaissances et habiletés cliniques.
Méthode Une revue rapide de la littérature a été réalisée. Pour être incluses, les études devaient concerner une formation en ligne destinée aux intervenants en pratique clinique active, porter sur le traitement d’un trouble mental courant ou d’une toxicomanie et comporter une mesure objective des connaissances ou des habiletés cliniques. Les études ont été analysées et comparées en fonction des méthodes et activités d’apprentissage intégrant les technologies numériques.
Résultats Vingt études ont été recensées. Les méthodes d’apprentissage passives, impliquant peu ou pas d’interactivité, prédominent dans les formations en ligne en mode asynchrone (FLA), alors que les activités permettant un niveau élevé d’interaction avec le formateur, comme les jeux de rôle ou la supervision, se retrouvent dans les formations en mode synchrone. Acquisition des connaissances : les FLA semblent efficaces pour améliorer les connaissances des intervenants sur une période d’au moins 6 mois. La formation en salle ou l’ajout d’une activité de supervision ne produisent pas de résultats d’apprentissage supérieurs à la FLA. Acquisition des habiletés : aucune conclusion ne peut être tirée quant aux effets des formations en ligne, asynchrones, synchrones ou mixtes, car les résultats sont partagés, voire contradictoires.
Conclusion En considérant la faible qualité méthodologique des études analysées qui limite la nature et la portée des conclusions de la présente recension, les résultats des études permettent d’avancer que les FLA qui comportent des technologies interactives de base, telles que des quiz en ligne, peuvent constituer un moyen simple et efficace pour améliorer les connaissances des intervenants en santé mentale.
EN:
Massive training of mental health providers is one of the proposed means of improving access to evidence-based treatment for a variety of common mental disorders. While communication and knowledge dissemination technologies (videoconferencing, web platforms) can help make training more accessible in time and space, their contribution to the development of skills among providers needs to be carefully evaluated.
Objectives Establish how technologies are used to optimize the training of practitioners and what are the effects of online training on the acquisition of clinical knowledge and skills.
Method A quick review of the literature was conducted. In order to be included, studies had to concern online training intended for providers in active clinical practice, deal with the treatment of a common mental disorder or addiction, and include an objective measure of clinical knowledge or skills. The studies were analyzed and compared in terms of learning methods and activities incorporating digital technologies.
Results Twenty studies were identified. Passive learning methods, involving little or no interactivity, are predominant in asynchronous mode online training (AOT), while activities that allow a high level of interaction with the trainer, such as role-playing or supervision, are found in synchronous mode training. Knowledge acquisition: AOTs appear to be effective in improving the knowledge of the trainees for at least six months. Classroom training or the addition of supervision does not produce learning outcomes that are superior to the AOT. Skill acquisition: No conclusions can be drawn about the effects of online, asynchronous, synchronous or blended training, as the results are mixed or even contradictory.
Conclusion Considering the low methodological quality of the studies analyzed, which limits the nature and scope of the conclusions of this review, the results of the studies suggest that AOTs that include basic interactive technologies, such as online quizzes, can be a simple and effective way to improve clinical knowledge of mental health practitioners.
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Contributions et défis de l’utilisation des technopédagogies à des fins de soutien à l’appropriation des meilleures pratiques en santé mentale
Catherine Briand, Danielle Routhier and Brigitte Chassé
pp. 97–118
AbstractFR:
Contexte Malgré les ressources considérables consacrées et les efforts des nombreux acteurs concernés, l’écart entre la production de connaissances scientifiques et leur utilisation dans la pratique demeure un défi. L’utilisation des technologies de l’information et des communications (TICs) constitue un outil précieux pour réduire cet écart. Afin de relever ce défi, un projet de démonstration misant sur l’utilisation des technologies à des fins d’application des connaissances a été déployé auprès de 23 équipes de soutien dans la communauté de 5 régions du Québec (2016-2018). Plus de 324 professionnels de la santé mentale, chefs d’équipe et gestionnaires ont bénéficié de l’initiative À portée de main, les meilleures pratiques axées vers le rétablissement.
Objectif Cet article présente les résultats de l’étude de satisfaction effectuée auprès des chefs d’équipe responsables du soutien clinique dans les équipes de soutien dans la communauté à l’étude. L’objectif de cette étude consiste à enrichir la compréhension d’enjeux colligés en cours d’implantation et d’émettre des recommandations en vue d’une mise à l’échelle pérenne du programme d’application des connaissances mis en oeuvre.
Méthode Un devis qualitatif en recherche évaluative a été privilégié. Au terme du processus d’implantation du programme, 2 entrevues de groupe ont été effectuées avec les chefs d’équipe. Une analyse de contenu suivant une approche inductive à 3 niveaux de codification a été réalisée.
Résultats Les résultats montrent un décalage numérique important au sein du réseau de la santé et des services sociaux québécois comparativement à d’autres secteurs d’activités. Les participants soulignent l’importance de se doter de mécanismes d’échange et de transfert des connaissances intégrés aux pratiques organisationnelles (temps dédié, supervision clinique formelle, etc.) mettant à contribution les TICs.
Conclusion Malgré une importante mise à niveau technologique requise, les résultats confirment la pertinence d’utiliser les technopédagogies comme principal moyen pour soutenir l’application des connaissances et la transformation des pratiques. Les outils conçus et les modalités de soutien explorés semblent faciliter l’accès aux meilleures pratiques en santé mentale et favoriser leur adoption.
EN:
Context Despite the considerable resources devoted and the efforts of the many actors involved, the gap between the production of scientific knowledge and its use in practice remains a challenge. The use of information and communication technologies (ICTs) is a valuable tool for reducing this gap. To address this challenge, a demonstration project focusing on the use of technology for knowledge translation was implemented with 23 community support teams in 5 regions of Quebec (2016-2018). More than 324 mental health professionals, team leaders and managers have benefited from the initiative “At your fingertips, best recovery-oriented practices.”
Objective This article presents the results of a satisfaction survey of team leaders responsible for clinical support in the community support teams under study. The purpose of this study is to enhance the understanding of issues identified during implementation and to make recommendations for the sustainable scaling up of the implemented knowledge translation program.
Method A qualitative design in this evaluative research was adopted. At the end of the program implementation process, 2 group interviews were conducted with the team leaders. A content analysis following an inductive approach with 3 levels of coding was performed.
Results The results show a significant digital gap within the Quebec health and social services network compared to other sectors of activity. Participants underlined the importance of adopting mechanisms for knowledge exchange and transfer that are integrated into organizational practices (dedicated time, formal clinical supervision, etc.) and which make use of ICTs.
Conclusion Despite the significant technology upgrade required, the results suggest the relevance of using techno-pedagogy as the primary means of supporting knowledge translation and practice transformation. The tools developed and the support mechanisms explored appear to facilitate access to and adoption of best practices in mental health.
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Des repères pour la conception des apps ?
Yasser Khazaal, Stéphane Potvin, Antoine Pennou, William Djomo, François Borgeat and Tania Lecomte
pp. 119–134
AbstractFR:
Objectif Proposer quelques repères pour faciliter le processus de création d’applications pour téléphones intelligents (apps) en santé mentale.
Méthode Présentation brève de l’intérêt potentiel des apps et proposition argumentée d’étapes clés pour la création des apps. L’article se base sur une revue narrative, un retour d’expérience et des discussions de groupes d’experts.
Résultats Les apps ont des caractéristiques ubiquitaires particulièrement intéressantes pour le domaine de la santé mentale. Potentiellement connectées à de multiples technologies, mobiles et disponibles en tout temps, elles permettent une grande flexibilité de conception. Afin d’augmenter les chances d’efficacité et de bonne dissémination d’une app donnée, certains principes pourraient guider de manière utile le travail de conception des apps : 9 repères sont proposés, en particulier une bonne intégration des utilisateurs finaux autour d’objectifs cibles bien définis durant tout le processus de création de tels outils.
Conclusion Les repères proposés pourraient faciliter le processus de création d’apps pour la santé mentale.
EN:
Objective To propose some key steps to facilitate the process of creating mental health smartphone applications (apps).
Methods Brief presentation of the potential interest of apps and proposition of key steps for the creation of apps. The paper is based on a narrative review, a testimonial experience and some expert works.
Results Apps have ubiquitous features that are particularly appealing for the mental health field. Potentially connected to multiple technologies, mobile and available at all times, they allow great design flexibility. In order to increase the chances of effectiveness and good dissemination of a given app, 9 principles could usefully guide the design of apps, in particular a good integration of end users around well-defined target objectives during the entire process of creating such tools.
Conclusion The proposed key steps could facilitate the process of creating mental health apps.
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Le phénotypage digital pour une pratique clinique en santé mentale mieux informée
Alan Bougeard, Rose Guay Hottin, Valérie Houde, Thierry Jean, Thibault Piront, Stéphane Potvin, Paquito Bernard, Valérie Tourjman, Luigi De Benedictis and Pierre Orban
pp. 135–156
AbstractFR:
Objectifs Cette revue trouve sa motivation dans l’observation que la prise de décision clinique en santé mentale est limitée par la nature des mesures typiquement obtenues lors de l’entretien clinique et la difficulté des cliniciens à produire des prédictions justes sur les états mentaux futurs des patients. L’objectif est de présenter un survol représentatif du potentiel du phénotypage digital couplé à l’apprentissage automatique pour répondre à cette limitation, tout en en soulignant les faiblesses actuelles.
Méthode Au travers d’une revue narrative de la littérature non systématique, nous identifions les avancées technologiques qui permettent de quantifier, instant après instant et dans le milieu de vie naturel, le phénotype humain au moyen du téléphone intelligent dans diverses populations psychiatriques. Des travaux pertinents sont également sélectionnés afin de déterminer l’utilité et les limitations de l’apprentissage automatique pour guider les prédictions et la prise de décision clinique. Finalement, la littérature est explorée pour évaluer les barrières actuelles à l’adoption de tels outils.
Résultats Bien qu’émergeant d’un champ de recherche récent, de très nombreux travaux soulignent déjà la valeur des mesures extraites des senseurs du téléphone intelligent pour caractériser le phénotype humain dans les sphères comportementale, cognitive, émotionnelle et sociale, toutes étant affectées par les troubles mentaux. L’apprentissage automatique permet d’utiles et justes prédictions cliniques basées sur ces mesures, mais souffre d’un manque d’interprétabilité qui freinera son emploi prochain dans la pratique clinique. Du reste, plusieurs barrières identifiées tant du côté du patient que du clinicien freinent actuellement l’adoption de ce type d’outils de suivi et d’aide à la décision clinique.
Conclusion Le phénotypage digital couplé à l’apprentissage automatique apparaît fort prometteur pour améliorer la pratique clinique en santé mentale. La jeunesse de ces nouveaux outils technologiques requiert cependant un nécessaire processus de maturation qui devra être encadré par les différents acteurs concernés pour que ces promesses puissent être pleinement réalisées.
EN:
Objectives This review is motivated by the observation that clinical decision-making in mental health is limited by the nature of the measures obtained in conventional clinical interviews and the difficulty for clinicians to make accurate predictions about their patients’ future mental states. Our objective is to offer a representative overview of the potential of digital phenotyping coupled with machine learning to address this limitation, while highlighting its own current weaknesses.
Methods Through a non-systematic narrative review of the literature, we identify the technological developments that make it possible to quantify, moment by moment and in ecologically valid settings, the human phenotype in various psychiatric populations using the smartphone. Relevant work is also selected in order to determine the usefulness and limitations of machine learning to guide predictions and clinical decision-making. Finally, the literature is explored to assess current barriers to the adoption of such tools.
Results Although emerging from a recent field of research, a large body of work already highlights the value of measurements extracted from smartphone sensors in characterizing the human phenotype in behavioral, cognitive, emotional and social spheres that are all impacted by mental disorders. Machine learning permits useful and accurate clinical predictions based on such measures, but suffers from a lack of interpretability that will hamper its use in clinical practice in the near future. Moreover, several barriers identified both on the patient and clinician sides currently hamper the adoption of this type of monitoring and clinical decision support tools.
Conclusion Digital phenotyping coupled with machine learning shows great promise for improving clinical practice in mental health. However, the youth of these new technological tools requires a necessary maturation process to be guided by the various concerned actors so that these promises can be fully realized.
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L’amélioration de la qualité de vie chez les patients atteints d’une schizophrénie réfractaire ayant suivi la Thérapie assistée par la Réalité Virtuelle : une analyse de contenu
Laura Dellazizzo, Stéphane Potvin, Kingsada Phraxayavong, Sabrina Giguère, Lyna-Nour Hamidi and Alexandre Dumais
pp. 157–174
AbstractFR:
Objectifs La schizophrénie, en particulier la schizophrénie résistante aux traitements (SRT), est considérée comme l’un des troubles psychiatriques les plus invalidants en termes d’effets indésirables sur la qualité de vie (QV) des patients. La QV subjective est devenue une cible particulièrement cruciale qui devrait être améliorée avec le traitement, car une QV améliorée peut entraîner le rétablissement chez les patients atteints de schizophrénie. Il existe cependant peu de preuves des effets des interventions psychosociales recommandées sur les mesures non symptomatiques comme la QV. À cet égard, le traitement de la schizophrénie peut être renforcé si, en plus du traitement des symptômes, l’accent thérapeutique est mis sur d’autres sphères importantes pour les patients. Avec les progrès technologiques, la Thérapie assistée par la Réalité Virtuelle (TRV) permet aux entendeurs de voix d’entrer en dialogue direct avec un avatar, animé entièrement par le thérapeute, qui représente leur voix la plus persécutrice. Ceci dans le but de leur permettre d’acquérir un meilleur contrôle sur leurs voix et de travailler sur leur estime de soi. Au-delà de la symptomatologie, les résultats des projets pilotes sur cette thérapie innovante ont montré des résultats significatifs sur la QV.
Méthode Afin de peaufiner les résultats quantitatifs trouvés, cet article a exploré les thèmes émergents d’une analyse de contenu découlant du discours spontané de 10 patients ayant bien répondu à la TRV.
Résultats Quatre thèmes généraux ont émergé : 1) impact de la thérapie sur les voix ; 2) relations interpersonnelles ; 3) bien-être psychologique ; et 4) mode de vie. Cette analyse de contenu a permis d’identifier plusieurs sphères de vie qui sont davantage améliorées chez les patients ayant une SRT à l’aide de la TRV.
Conclusion : La TRV met en évidence l’avenir des approches adaptées aux objectifs des patients qui intègrent plusieurs processus pertinents pour potentiellement améliorer leur QV. La TRV peut avoir des implications potentiellement immenses sur la santé et la qualité de vie des patients. Cette étude fut une première étape vers l’exploration des effets subjectifs de la TRV sur la vie des patients au-delà des symptômes.
EN:
Objectives Schizophrenia, particularly treatment-resistant schizophrenia (TRS), is one of the most disabling psychiatric disorders in terms of adverse effects on the quality of life (QOL) of patients. Subjective QOL has become a particularly crucial target that should be improved with treatment, since improved QOL may lead to recovery in patients with schizophrenia. However, there is little evidence on the efficacy of recommended psychosocial interventions on non-symptomatic measures such as QOL. In this regard, the treatment of schizophrenia can be enhanced if, in addition to the treatment of symptoms, therapeutic emphasis is placed on other areas of importance to patients. With advancements in technology, Virtual Reality assisted Therapy (VRT) allows voice hearers to enter in a direct dialogue with an avatar, fully animated by the therapist, who represents their most persecuting voice. This is in the aim to allow them to gain better control over their voices and to work on their self-esteem. Beyond symptomatology, the results of the pilot projects on this innovative therapy have shown significant results on QOL.
Method To refine the observed quantitative results, this article will explore emerging themes from a content analysis arising from the spontaneous discourse of 10 patients who responded well to TRV.
Results Four general themes emerged: (i) impact of therapy on voices, (ii) interpersonal relationships, (iii) psychological well-being, and (iv) lifestyle. This content analysis has identified several spheres of life that are further improved in patients with TRS using TRV.
Conclusion TRV highlights the future of patient-oriented approaches that integrate several relevant processes to potentially improve QOL. TRV can have potentially immense implications for the health and quality of life of patients. This study was a first step towards exploring the subjective effects of TRV on the lives of patients beyond the symptoms.
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Développement et tests utilisateurs de l’application Web PRATICAdr : Plateforme de Retour Au Travail axée sur les Interactions et la Communication entre les Acteurs, intégrant un programme Durable favorisant le Rétablissement
Marc Corbière, Louis Willems, Stéphane Guay, Alexandra Panaccio, Tania Lecomte and Maud Mazaniello-Chézol
pp. 175–202
AbstractFR:
Introduction Les troubles mentaux courants (TMC) représentent de 30 % à 50 % des absences maladies toutes confondues. Le succès du retour au travail (RAT) n’est pas dû au seul fait de l’individu, mais plutôt au résultat de l’interaction entre les acteurs impliqués dans le processus. De nombreuses applications en santé mentale ont été développées pour améliorer la prise en charge des patients et optimiser la communication entre les professionnels, sans toutefois être validées. De plus, aucune solution technologique n’a été développée à ce jour pour faciliter à la fois la concertation des acteurs du RAT (p. ex. gestionnaire, professionnels de la santé) et l’accompagnement systématique de l’employé dans son RAT.
Objectif Pour combler ces lacunes, l’objectif de cet article est double : 1) décrire le développement de l’application PRATICAdr, Plateforme de Retour Au Travail axée sur les Interactions et la Communication entre les Acteurs : un programme Durable favorisant le Rétablissement ; 2) documenter les tests utilisateurs de l’application PRATICAdr.
Méthode Le développement de PRATICAdr se décline en 3 phases : 1) l’analyse des besoins ; 2) la conceptualisation des mécanismes internes à l’application et des techniques de programmation ; 3) le test de l’application en situation réelle. L’application est évaluée par des questionnaires et entrevues pour mesurer la satisfaction des utilisateurs.
Résultats PRATICAdr permet de suivre en temps réel le parcours des acteurs impliqués dans l’accompagnement personnalisé de l’employé dans son RAT. La schématisation du processus de RAT et l’inclusion d’outils d’évaluation validés systématisent la concertation et la prise de décision partagée des acteurs, ainsi que le suivi et les actions posées en vue d’entreprendre un RAT favorisant le rétablissement. L’interface de PRATICAdr a été développée pour simplifier l’expérience utilisateur de l’employé en absence maladie et des acteurs du RAT. Les résultats de satisfaction des premiers utilisateurs de PRATICAdr, 16 employés d’une grande organisation dans le domaine de la santé en processus de RAT à la suite d’un TMC, apprécient (moyenne > 9/10) non seulement la Plateforme Web, mais également la participation des acteurs du RAT et les questionnaires inclus dans PRATICAdr. Des éléments d’amélioration sont aussi proposés.
Conclusion PRATICAdr est implantée dans 2 grandes organisations (> 15 000 employés) afin d’évaluer son efficacité auprès d’employés en absence maladie en raison d’un TMC et en processus de RAT. Dans le cadre de cet article, l’objectif était de présenter non seulement le développement de PRATICAdr, mais aussi de mesurer la satisfaction des utilisateurs. Les premiers résultats indiquent une appréciation élevée chez les employés en absence maladie, utilisateurs de PRATICAdr. En termes de pistes futures, l’intégration de l’apprentissage automatique sera abordée dans l’objectif de personnaliser le programme de RAT selon les prédictions de durée d’absence maladie et de RAT durable.
EN:
Introduction Common mental disorders (CMDs) account for 30% to 50% of all illness absences. The success of RTW is not only due to the individual but rather to the result of the interaction between the stakeholders involved in the RTW process. Numerous mental health applications have been developed to improve patient management and optimize communication between professionals, but have not been validated. Moreover, no technological solution has been developed to date to facilitate both consultation among the RTW stakeholders (e.g., managers, health professionals) and systematic support for the employee in his or her RTW.
Objective To address these shortcomings, the purpose of this article is twofold: 1) to describe the development of the PRATICAdr application (Return-to-Work Platform focused on Stakeholder Interaction and Communication: a Sustainable Recovery Program) and 2) to document PRATICAdr application user testing.
Method The development of PRATICAdr has been operationalized in three phases: 1) needs assessment, 2) conceptualization of the internal mechanisms of the application and programming techniques and 3) testing of the application in real situation. The application is evaluated through questionnaires and interviews to measure user satisfaction.
Results PRATICAdr allows to follow in real time the path of RTW stakeholders involved in the personalized support of the employee in his RTW. The operationalization of the RTW process and the inclusion of validated assessment tools help systematize the stakeholders’ consultation and shared decision-making, as well as the monitoring and actions taken to undertake a recovery-promoting RTW. The PRATICAdr interface was developed to simplify the user experience for the employee on sick leave and all RTW stakeholders. Regarding user satisfaction, results show that the first 16 users of PRATICAdr, employees in a large healthcare organization returning to work following a CMD, were very satisfied (average>9/10) with the Web application, as well as the participation of RTW stakeholders and the questionnaires included in PRATICAdr. Improvements were also suggested.
Conclusion PRATICAdr is implemented in two large organizations (>15,000 employees) in order to evaluate its effectiveness with employees on sick leave due to CMD registered in a RTW process. The aim of this article was to present not only the development of PRATICAdr, but also to measure user satisfaction. Preliminary results indicate a high level of satisfaction among employees on sick leave who used PRATICAdr. In terms of future avenues, the integration of e-learning will be addressed with the objective of customizing the RTW program according to the predictions of duration of sick leave and sustainable RTW.
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Données d’utilisation d’un autotraitement guidé en ligne pour promouvoir la résilience après une catastrophe naturelle
Jessica Lebel, Thalie Flores-Tremblay, Émilie Binet, Marie-Christine Ouellet and Geneviève Belleville
pp. 203–227
AbstractFR:
Objectifs Malgré l’existence de plusieurs traitements en ligne pour les personnes avec un trouble de stress posttraumatique (TSPT), peu d’études se sont penchées sur les données d’utilisation d’une telle intervention. Étant donné le potentiel de la modalité en ligne à pallier les obstacles limitant l’accès à l’aide psychologique, il importe de documenter les interactions des usagers avec ces outils en lien avec l’amélioration des symptômes ciblés. L’objectif de cette étude est de documenter les données d’utilisation de la plateforme de traitement en ligne RESILIENT par les personnes évacuées des feux de Fort McMurray, Alberta (Canada), et d’examiner leur association avec l’efficacité du traitement sur les symptômes de trouble de stress posttraumatique (TSPT), d’insomnie et de dépression, et l’adhésion au traitement, mesurée par le nombre de modules consultés par les participants.
Méthode Quatre-vingt-dix-sept personnes évacuées des feux de Fort McMurray présentant des symptômes de TSPT, d’insomnie et de dépression sont incluses dans la présente étude. Les participants étaient invités à utiliser la plateforme RESILIENT, un autotraitement en ligne guidé par un thérapeute qui cible les symptômes de TSPT, le sommeil et l’humeur, et comprend 12 modules offrant des stratégies de thérapies cognitives et comportementales (TCC) basées sur les données probantes. Des données d’utilisation objectives (p. ex. nombre de modules consultés) et subjectives (p. ex. niveau d’efforts investis) ont été recueillies.
Résultats Afin de prédire la réduction des symptômes de TSPT, de dépression et d’insomnie, ainsi que le nombre de modules consultés par les participants, des modèles de régressions séquentielles ont été effectués, avec un contrôle statistique pour les symptômes prétraitement, l’âge et le genre. Les modèles finaux ont révélé qu’une réduction des symptômes de TSPT, de dépression et d’insomnie était prédite significativement par le nombre de modules consultés (β = - 0,41 ; - 0,53 ; - 0,49 respectivement, tous p < 0,001) ainsi que par le niveau d’efforts moyen autorapporté au module 7 (mi-parcours) (β = - 0,43 ; p < 0,001 ; β = - 0,38 ; p = 0,005 et β = - 0,36 ; p = 0,007 respectivement). Le nombre de modules consultés, par ailleurs, était prédit significativement par le nombre de mots dans le 4e module (β = 0,34 ; p < 0,001) et dans le 7e module (β = 0,44 ; p < 0,001), ainsi que par le nombre d’entrées dans le journal du sommeil (β = 0,28 ; p < 0,001).
Conclusion Les résultats ont confirmé qu’une plus grande interaction avec la plateforme influence positivement l’efficacité du traitement et qu’une utilisation accrue en début de traitement semble être un bon prédicteur de l’achèvement de celui-ci. Cette étude confirme l’importance de soutenir l’engagement des participants envers le traitement en ligne afin d’optimiser son efficacité.
EN:
Objectives Despite the existence of several online treatments for people with posttraumatic stress disorder (PTSD), few studies have examined usage data for such interventions. Given the potential of the online modality to alleviate barriers limiting access to psychological help, it is important to document users’ interactions with these tools in relation to the improvement of targeted symptoms. The objective of this study is to document usage data of the online treatment platform RESILIENT by people evacuated from the Fort McMurray, Alberta (Canada) fires, and to examine their association with the effectiveness of treatment on symptoms of posttraumatic stress disorder (PTSD), insomnia and depression, and adherence to treatment, as measured by the number of modules accessed by participants.
Methods Ninety-seven people evacuated from the Fort McMurray fires with symptoms of PTSD, insomnia and depression were included in this study. Participants were invited to use the RESILIENT platform, an online therapist-assisted self-help treatment program that targets PTSD symptoms, sleep and mood, and includes 12 modules offering evidence-based cognitive-behavioural therapy (CBT) strategies. Both objective (e.g., number of modules accessed) and subjective (e.g., level of effort invested) usage data were collected.
Results In order to predict the reduction in PTSD, depression and insomnia symptoms, as well as the number of modules accessed by participants, sequential regression models were conducted, with statistical control for pretreatment symptoms, age and gender. The final models revealed that a reduction in PTSD, depression and insomnia symptoms was significantly predicted by the number of modules accessed (β = -.41; -.53; -.49 respectively, all p <.001) as well as the mean self-reported level of effort at module 7 (midway) (β = -.43; p <.001; β = -.38; p = .005 and β = -.36; p = .007 respectively). The number of modules accessed, on the other hand, was significantly predicted by the number of words in the 4th module (β = .34; p <.001) and 7th module (β = .44; p <.001) and the number of sleep diary entries (β = .28; p <.001).
Conclusion These results confirmed that increased interaction with the platform positively influences treatment effectiveness and that increased use at the beginning of treatment appears to be a good predictor of treatment completion. This study confirms the importance of sustaining participants’ commitment to online treatment in order to optimize its effectiveness.
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+Fièr : une application mobile pour aider les jeunes issus de la communauté LGBTQ+ et leur famille
Olivier Bourdon, Mathias Rossi, Ophélie Larocque, Silke Jacmin-Park, Annie Pullen Sansfaçon, Isabelle Ouellet-Morin and Robert-Paul Juster
pp. 229–249
AbstractFR:
Les personnes LGBTQ+ sont 1,5 à 4 fois plus à risque que les personnes hétérosexuelles de souffrir de troubles de santé mentale (p. ex. dépression, anxiété, comportements suicidaires).
Objectif L’objectif est de décrire le processus de développement d’une application mobile pour les jeunes LGBTQ+ et leur famille. L’article fait partie d’un programme de recherche ayant comme but général de doter les jeunes LGBTQ+ et leur famille d’outils technologiques leur permettant de développer et soutenir des stratégies d’adaptation face à la stigmatisation. En effet, ceux-ci sont confrontés à des stresseurs uniques, à la fois dans la sphère publique (p. ex. victimisation) et personnelle (p. ex. développement identitaire et le processus de coming out).
Méthode Nous adapterons l’application mobile +Fort © développée par l’équipe dirigée par de la docteure Isabelle Ouellet-Morin, conçue pour soutenir les jeunes vivant de l’intimidation à réduire ces expériences, et nous créerons +Fièr/+ Proud, qui fera l’objet d’un codesign et d’une étude pilote auprès de participants LGBTQ+ âgés de 13 à 25 ans.
Retombées À terme, notre espoir est que les jeunes LGBTQ+, à l’échelle nationale et internationale, puissent explorer et développer des stratégies d’adaptation soutenant leur mieux-être, apprendre à l’aide d’outils personnalisés, partager leurs expériences uniques et informer leurs proches des défis auxquels ils font face et se battent en silence.
EN:
LGBTQ+ people are anywhere from 1.5 to 4 times more likely than heterosexual people to report depression, anxiety, suicidal behaviors, substance abuse, eating disorders, risky sexual behaviors, homelessness, and victimization.
Objective The purpose is to describe the development of a mobile application for LGBTQ youth and their family. This article is part of a research program intended to equip LGBTQ+ youth and their families with technological tools to help them foster adaptive strategies in the face of stigma. LGBTQ+ youth face unique stressors both publicly (e.g. victimization) as well as personally (e.g. identity development and “coming out” process).
Method We build upon Isabelle Ouellet-Morin’s team +Fort: Stronger than Bullying © mobile application designed to reduce victimization among youth. We will create a new app called +Fièr/+Proud, to be designed and piloted in collaboration with LGBTQ+ participants ages 13-25 and their families.
Impact Our hope is to bring LGBTQ+ youth together nationally and internationally to explore health promoting coping strategies, learn from custom training modules, share their unique experiences, and help inform parents of the experiences that LGBTQ+ people often face and fight in silence.
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Efficacité des applications mobiles et des messages textes comme intervention en cybersanté mentale pour les 3 blessures de stress opérationnel les plus fréquentes chez le personnel de la sécurité publique : une recension-cadre
Florence Ménard, Isabelle Ouellet-Morin and Stéphane Guay
pp. 251–275
AbstractFR:
Contexte La fréquence de diagnostic probable de trouble de santé mentale est beaucoup plus haute chez le personnel de la sécurité publique (PSP) que dans la population générale, ce qui s’explique entre autres par l’exercice des fonctions opérationnelles. Les blessures de stress opérationnelles (BSO) les plus fréquentes chez les PSP au Canada sont la dépression, le trouble de stress posttraumatique et le trouble d’anxiété généralisée. Par leur caractère confidentiel et accessible, les interventions en cybersanté mentale délivrées par des téléphones intelligents (interventions mobiles) offrent un fort potentiel chez les PSP. La Commission de la santé mentale du Canada a proposé des critères évaluatifs afin de faire un examen complet des interventions mobiles, qui dépasse l’examen scientifique de l’efficacité de l’outil.
Objectifs Cette recension-cadre vise d’abord à recenser les résultats des recensions systématiques et des méta-analyses qui portent sur l’évaluation des interventions mobiles visant à diminuer les symptômes reliés à au moins une BSO chez les PSP. Ensuite, nous évaluerons les interventions mobiles ayant été étudiées auprès de PSP à l’aide des critères évaluatifs proposés par la Commission de la santé mentale du Canada, afin d’établir si leur usage peut être recommandé.
Méthode Des termes en lien avec les BSO, les technologies mobiles et les interventions ont été utilisées dans les bases de données PubMed, PsycInfo et Embase. Les articles évaluant l’efficacité des interventions mobiles en lien avec au moins une BSO et desquels il était possible d’extraire les informations nécessaires à cette recension ont été retenus. Un examen des articles inclus dans les recensions retenues a été fait afin de repérer les études réalisées auprès d’un échantillon de PSP.
Résultats La recherche de la littérature n’a relevé aucune recension qui s’intéressait particulièrement aux PSP, ce pour quoi nous avons dû élargir notre recherche à la population générale. Neuf articles correspondent aux critères d’inclusion, lesquels ont été publiés entre 2016 et 2019. De manière générale, les interventions mobiles semblent réduire de manière significative les symptômes d’anxiété, de dépression et de stress posttraumatique. Deux interventions mobiles étudiées auprès de PSP ont été identifiées, et ces dernières remplissent la majorité des critères évaluatifs.
Conclusion Les interventions mobiles recensées dans la littérature offrent un fort potentiel auprès de la population générale et auprès des PSP. Toutefois, les méta-analyses et les recensions systématiques rapportent certaines limites importantes telles qu’une hétérogénéité entre les études et un taux d’abandon élevé. Les recherches futures sur les interventions mobiles destinées aux PSP gagneraient à investiguer davantage les aspects liés à l’ergonomie, la désirabilité pour l’utilisateur et la sécurité des renseignements personnels. Les échantillons devraient également inclure une plus grande variété de professions liées à la sécurité publique.
EN:
Context The frequency of probable mental health diagnoses is much higher among public safety personnel (PSP) than in the general population, which can be explained in part by their operational duties. The most common operational stress injuries (OSI) among PSP in Canada are depression, post-traumatic stress disorder and generalized anxiety disorder. Because of their confidential and accessible nature, e-mental health interventions delivered via smartphones (mobile interventions) have great potential among PSP. The Mental Health Commission of Canada has proposed evaluative criteria for a comprehensive review of mobile interventions that goes beyond a scientific examination of the tool’s effectiveness.
Objectives The purpose of this framework review is to first identify the modalities and results of systematic reviews and meta-analyses that have examined the effectiveness of mobile interventions in reducing symptoms related to at least one OSI, primarily among PSPs. Second, we will evaluate the mobile interventions that have been studied with PSP using the evaluative criteria proposed by the Mental Health Commission of Canada to determine whether they can be recommended for use with PSPs.
Methods Terms related to OSI, mobile technologies, and interventions were used in the Pubmed, PsycInfo, and Embase databases. Articles that measured the effectiveness of mobile interventions in relation to at least one OSI and from which the information for this review could be extracted were selected. Next, a review of the articles included in the selected reviews was conducted to identify studies conducted with a sample of PSP.
Results The literature search did not identify any reviews that focused specifically on PSPs, so we had to expand our search to include adults in the general population. Nine articles met the inclusion criteria, which were published between 2016 and 2019. Overall, mobile interventions appear to significantly reduce symptoms of anxiety, depression, and post-traumatic stress. Two mobile interventions studied with PSP were identified, and these met the majority of the evaluative criteria.
Conclusion The mobile interventions identified in the literature have great potential for the general population and for PSP. However, meta-analyses and systematic reviews report some important limitations such as heterogeneity between studies and a high drop-out rate. Future research on mobile interventions for PSPs would benefit from further investigation of aspects related to usability, user desirability, and security of personal information. Samples should also include a wider variety of public safety professions.