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La société contemporaine est peu préoccupée par son passé et son futur. L’immédiateté de la technologie s’est imposée dans tous les domaines de vie et, par internet en un « clic », nous avons accès au monde entier, à des milliers d’informations et nous pouvons joindre la plupart des gens que nous connaissons, et même des inconnus, à peu près n’importe où sur terre.
La course en avant pour la réussite personnelle, l’accumulation de richesses et le progrès, au moyen de nouvelles technologies qui centrent les individus sur le présent immédiat, font en sorte que sur le plan collectif, les préoccupations pour le futur, entre autres pour celui de la planète, ont des difficultés à s’imposer. Le temps est déjà trop court pour gérer le présent : pourquoi s’intéresser au passé et s’en préoccuper ?
Les réformes du système de santé suivent le même parcours effréné. L’implantation de la première réforme n’est pas encore complétée ni évaluée, qu’une seconde est mise en place à la faveur d’un changement de gouvernement, et ce, sans grande considération pour les bases conceptuelles historiques de la précédente. L’amnésie est-elle indispensable au progrès ? La mémoire constitue-t-elle un obstacle ? Mais le progrès est-il possible sans mémoire ?
Les archives sont indispensables à la mémoire collective dans tous les domaines. Elles permettent de comprendre les grands courants de pensée, les mouvements sociaux et les étapes de développement des sociétés qui façonnent nos vies actuelles. Elles éclairent l’évolution des systèmes d’éducation et de santé, de la culture et de la situation économique et politique actuelle.
Plus spécifiquement, dans l’interprétation, la compréhension et le traitement des troubles mentaux, l’histoire des idées, les explications théoriques et les modes de prise en charge de la folie sont essentiels au progrès des nombreuses disciplines scientifiques impliquées.
Ce numéro de Santé mentale au Québec, « L’archive psychiatrique », vient donner un éclairage sur la diversité et les difficultés de conservation des archives, leurs rôles, et dans quelle mesure elles peuvent témoigner d’histoires de vie de personnes – patients et intervenants – impliquées dans le système de soins à différentes époques et dans différents contextes culturels.
Je laisse à Marie-Claude Thifault, professeure titulaire à l’École des sciences infirmières, titulaire de la Chaire de recherche sur la francophonie canadienne en santé, directrice de l’Unité de recherche sur l’histoire du nursing et chercheure à l’Institut de recherche de l’Hôpital Monfort de la Faculté des sciences de la santé de l’Université d’Ottawa, à Isabelle Perreault, professeure adjointe au Département de criminologie de l’Université d’Ottawa et à Alexandre Klein, chercheur postdoctoral à la Faculté des sciences de la santé de l’Université d’Ottawa, le soin de vous guider sur l’origine de ce numéro et son contenu spécifique.
Suit une mosaïque de deux articles. Le premier, Les Pinceaux d’Or : une expérience d’hygiène mentale auprès d’aînés en besoins psychosociaux, rédigé par le Dr Hubert Wallot, décrit les objectifs et les modes de fonctionnement d’un organisme sans but lucratif visant à valoriser les aînés démunis à travers une expérience positive d’apprentissage de la peinture. Il explique, à partir d’une étude qualitative, les bienfaits qu’en retirent les participants. Le second, Mettre à contribution le vécu expérientiel des familles : l’initiative Pair Aidant Famille, est l’oeuvre de Catherine Briand, Rose-Anne St-Paul et Francine Dubé. Cet article présente le projet pilote d’implantation de l’intervention de « Pair Aidant Famille » issu de la collaboration entre la Société québécoise de la schizophrénie et l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal ; il permet de mieux comprendre les enjeux et difficultés reliés à ce type d’interventions et expose des recommandations tout en affirmant l’importance de la participation et du soutien aux familles.
Je vous souhaite une bonne lecture.