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Introduction

Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) est caractérisé par une difficulté à maintenir son attention, une distractibilité accrue, un faible contrôle des impulsions, de l’hyperactivité, une instabilité émotionnelle et un comportement désorganisé (Barkley, 2002). Ce trouble neurodéveloppemental est essentiellement marqué par des fonctions exécutives déficitaires (Kessler et al., 2010). Celles-ci peuvent être définies comme étant les actions qu’utilise un individu afin de s’autoréguler et d’atteindre ses objectifs. Les principaux domaines exécutifs touchés chez cette population sont la gestion du temps, l’organisation, la résolution de problèmes, la motivation et la gestion des émotions (Kessler et al., 2010). Bien qu’il soit principalement diagnostiqué lors de l’enfance, le TDA/H est désormais reconnu comme étant un diagnostic fidèle et valide chez l’adulte également (Chandler, 2013). La prévalence internationale de ce trouble chez l’enfant est estimée à 5 % (American Psychiatric Association, 2013) et ce syndrome persisterait à l’âge adulte dans 50 % des cas (American Psychiatric Association, 2013 ; Ramsay, 2012). Ainsi, ce déficit affecterait environ 2,5 % de la population adulte mondiale (American Psychiatric Association, 2013). Les adultes présentant cette condition, lorsque comparés à des individus contrôles, sont plus à risque de vivre des problèmes fonctionnels au niveau académique, occupationnel, social et émotionnel (Barkley, 2002). Ces derniers incluent un nombre plus faible d’années d’éducation, un taux plus élevé de chômage et de congédiement et une sous-performance occupationnelle (Kessler et al., 2006) ainsi qu’un niveau plus élevé de comportements antisociaux, d’arrestations, d’accidents de voiture et d’emprisonnements (Young, Wells & Gudjonsson, 2011). Ils ont aussi une probabilité plus élevée d’avoir une variété de problèmes interpersonnels, incluant des difficultés maritales et parentales, se reflétant par un taux plus élevé de séparations et de divorces chez cette population (Kessler et al., 2006).

Les études révèlent également une incidence accrue de troubles psychiatriques comorbides chez cette clientèle, 70 % à 75 % des adultes souffrant d’un TDA/H présenteraient au moins un autre trouble psychologique ; les plus fréquents étant la dépression, l’anxiété, le trouble bipolaire, les troubles de la personnalité et l’abus de substance (Bramham et al., 2009 ; Ramsay, 2012). De plus, les manifestations anxio-dépressives présentes chez cette clientèle sont parfois considérées comme secondaires aux symptômes du TDA/H (Ostrander & Herman, 2006 ; Schatz & Rostain, 2006). Ainsi, l’amélioration de ces derniers pourrait résulter en un effet bénéfique généralisé (Rostain & Ramsay, 2006). Toutefois, il est peu probable qu’un traitement ayant pour cible les symptômes du TDA/H ait un impact significatif sur les troubles de la personnalité ou de l’humeur graves et sur l’abus de substance. Des interventions combinées sont, dans ces cas, nécessaires (p. ex. Mariani & Levin, 2007). En regard de cela, notre étude se concentre exclusivement sur les symptômes anxieux et dépressifs comorbides au TDA/H.

Les individus souffrant de ce trouble semblent également propices à se sentir submergés par le stress qu’ils vivent et seraient exposés à un nombre plus élevé de stresseurs dans leur vie quotidienne (Hirvikoski et al., 2011), ce qui aurait un effet délétère sur leur état de santé général (Barkley, 2002). Enfin, une étude américaine a estimé que le TDA/H est associé à une perte annuelle de performance au travail totalisant 4 336 $ US par travailleur, ce taux étant plus élevé que celui de la majorité des troubles de santé physique et mentale chroniques (Wang et al., 2003).

Bien que le TDA/H soit un trouble très incapacitant rencontré chez les clients en psychologie et psychiatrie externes, peu d’individus souffrant de ce déficit reçoivent un traitement. Une étude portant sur des adultes atteints de ce trouble révèle que seulement 25,2 % de ces derniers ont reçu une quelconque forme de traitement psychologique ou psychiatrique durant l’année précédente, et que moins de la moitié, soit 10,9 %, ont bénéficié d’un traitement spécialisé (Kessler et al., 2006). Cette lacune au niveau de l’intervention est préjudiciable, puisque le TDA/H compte parmi les troubles psychologiques traités avec le plus de succès (Ramsay, 2012). La pharmacothérapie a longtemps été la seule option de traitement rigoureusement étudiée chez les adultes souffrant de TDA/H. Elle représente l’intervention de première ligne pour ce trouble et a été démontrée efficace afin de diminuer ses symptômes caractéristiques (Rostain & Ramsay, 2006). Toutefois, l’amélioration de ceux-ci ne se transfère pas nécessairement en un rétablissement fonctionnel. En effet, les individus qui sont considérés comme répondants montrent typiquement une diminution d’uniquement 50 % ou moins des symptômes clés du TDA/H (Willens et al., 2002) et présentent des symptômes résiduels dans diverses sphères de vie, notamment l’éducation, le travail et les relations interpersonnelles (Safren et al., 2010 ; Stevenson, Stevenson & Whitmont, 2003 ; Stevenson, Whitmont, Bornholt, Livesey & Stevenson, 2002). Ainsi, la pharmacothérapie serait efficace pour améliorer les fonctions exécutives de la personne, mais ne serait pas utile au développement de stratégies compensatoires chez les individus souffrant de TDA/H (Chandler, 2013). De plus, dans les études portant sur la médication psychostimulante, les inhibiteurs tricycliques de la monoamine oxydase et les antidépresseurs atypiques, 20-50 % des adultes sont considérés comme non-répondants en raison d’une réduction faible des symptômes ou de l’incapacité à tolérer ces médications (Willens et al., 2002).

De ce fait, il est reconnu que la pharmacothérapie n’est pas un traitement suffisant pour plusieurs adultes (Chandler, 2013) et que des traitements additionnels sont nécessaires afin de composer avec les déficits interpersonnels, émotionnels, académiques et vocationnels attribuables au TDA/H et à ses possibles troubles comorbides. Parmi les modalités psychothérapeutiques prometteuses dans le traitement des adultes aux prises avec un TDA/H, la thérapie cognitive-comportementale (TCC) semble s’être particulièrement démarquée (Knouse & Safren, 2010). En effet, ce type de thérapie, originairement développé pour traiter la dépression, a été démontré efficace dans le traitement de plusieurs troubles psychiatriques et a maintenant été adapté pour le traitement du TDA/H (Ramsay & Rostain, 2003). La TCC traditionnelle est basée sur le modèle cognitif de la psychopathologie, selon lequel, les pensées et croyances dysfonctionnelles qu’entretient une personne jouent un rôle critique dans le développement et/ou le maintien des symptômes cliniques. Cette thérapie met l’emphase sur la modification des pensées problématiques afin de créer des changements dans les émotions et comportements leur étant associés.

Dans le contexte du TDA/H, la TCC a été utilisée afin d’amener les individus à développer et à implanter une variété de stratégies d’adaptation pouvant les aider à gérer les difficultés associées à leur trouble. Les aspects centraux de ce type de thérapie chez cette clientèle sont : de comprendre et de modifier les distorsions cognitives, de favoriser l’utilisation de stratégies d’adaptation, de modifier le comportement et de gérer l’humeur dépressive ainsi que l’anxiété comorbides et les problèmes au niveau de l’estime de soi (Mongia & Hechtman, 2012). Les stratégies mises de l’avant peuvent être divisées en trois catégories : la composante cognitive, émotionnelle ou une combinaison des deux. Les stratégies cognitives incluent la restructuration cognitive, la priorisation, l’organisation, la gestion du temps et de la procrastination, la psychoéducation, la résolution de problèmes, la gestion de l’argent et des relations ainsi que la pleine conscience. L’aspect émotionnel, quant à lui, met l’emphase sur la régulation émotionnelle, le contrôle des impulsions, l’autorégulation, la gestion de la colère et du stress, la motivation, l’estime personnelle et le respect de soi (Mongia & Hechtman, 2012).

Cet article présente une synthèse des résultats d’études contrôlées randomisées utilisant la TCC afin de traiter le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité chez l’adulte. L’objectif est de déterminer l’efficacité de la thérapie cognitive-comportementale dans la réduction des symptômes associés au TDA/H, des manifestations anxieuses et de la symptomatologie dépressive chez cette population. Il s’agit de la première méta-analyse évaluant l’efficacité de ce traitement effectué auprès d’une population adulte souffrant de TDA/H.

Méthodologie

Critères d’inclusion

Cette méta-analyse vise à évaluer l’efficacité de la thérapie cognitive-comportementale dans le traitement du TDA/H chez l’adulte. Afin d’être inclus dans cette étude, les articles devaient : 1) provenir de revues à comité de lecture afin d’assurer une rigueur scientifique ; 2)  comparer la TCC à une autre condition en utilisant un devis contrôlé randomisé (c.-à-d., autre forme de thérapie, groupe placebo, liste d’attente, médication) ; 3) rapporter des résultats relatifs à la symptomatologie des participants (c.-à.-d. sur les symptômes anxieux, dépressifs et/ou du TDA/H) ; 4) porter sur une population adulte (18 ans et plus) ; 5) être écrits en français ou en anglais. Les études incluses dans cette recherche ont été publiées de 1946 à 2015. Les participants ont reçu un diagnostic de TDA/H (sans discrimination pour le sous-type) ou souffrent de symptômes cliniquement significatifs tels qu’évalués par des échelles cliniques validées (p. ex. Conners’ Adult ADHD Diagnostic Interview for DSM-IV ; Epstein, Johnson & Conners, 2001).

Stratégie de recherche

Afin d’effectuer une revue de la littérature, les mots clés suivants ont été utilisés ; behavioral interventions, contingency management, management techniques, contingency techniques, psychosocial interventions, psychosocial treatment, psychosocial therapy, social skills training, problem solving intervention, problem solving treatment, behavior modification, cognitive behavior therapy, cognitive behavior treatment, cognitive behavior training, psychoeducation, educational intervention, en combinaison avec les termes ADHD, attention deficit hyperactivity disorder et attention deficit ainsi qu’avec le mot adult. Ces mots clés ont aussi été utilisés en français. Cette recherche couvre les principales bases de données scientifiques, notamment ; Biological Abstracts, Books@Ovid, CAB Abstracts, EBM Reviews, Embase, Pubmed, Google Scholar, Health and Psychosocial Instruments, NASW Clinical Registrer, Ovid MEDLINE, PsycINFO, Social Work Abstracts et Science Direct.

Mesures

Les mesures principales sont les changements au niveau de la sévérité des symptômes anxieux, dépressifs et du TDA/H entre les évaluations effectuées avant et après le traitement. Les données obtenues lors des suivis ont également été analysées. Les résultats à des échelles spécifiques mesurant ces symptômes ont été utilisés lorsqu’ils étaient disponibles (p. ex. the Current ADHD Symptom Scale, Barkley & Murphy, 1998 ; the Beck Depression Inventory-II, Beck, Steer & Brown, 1996 ; the Beck Anxiety Inventory, Beck, Epstein, Brown & Steer, 1986). Les questionnaires mesurant des dimensions spécifiques du TDA/H ont également été acceptés (p. ex. l’échelle d’inattention du Adult ADHD Investigator Symptom Rating Scale ; Adler, Spencer & Biederman, 2003).

Sélection des études

La sélection des études a été effectuée à l’aide d’un dépistage basé sur les titres et les résumés des articles afin de s’assurer qu’elles respectaient les critères d’inclusion de cette recherche. Par ailleurs, l’intégration finale des articles a été fondée sur la lecture complète de ces derniers. Les articles qui présentaient des résultats basés sur un même échantillon ont été considérés comme représentant une seule étude. Ainsi, les données impliquant l’échantillon le plus grand et la période de suivi la plus étendue ont été identifiées comme étant l’étude principale.

Analyses

Les analyses statistiques ont été effectuées à l’aide du programme Comprehensive Meta-Analysis (version 2.2.021) (Borenstein, Hedges, Higgins & Rosthein, 2007). L’efficacité de la thérapie cognitive-comportementale sur les symptômes anxieux, dépressifs et du TDA/H a été examinée à l’aide des rapports de cotes (RC) (Deeks, 2002). De plus, les tailles d’effet (g de Hedges) ont été obtenues, ces dernières constituent une comparaison entre les deux conditions suite au traitement, représentant la différence entre la moyenne du groupe traitement et la moyenne des contrôles, divisée par l’écart-type de l’échantillon et ajustée pour le biais des petites tailles de groupes. Un modèle à effets aléatoires a été utilisé, car il était présumé que les effets du traitement étaient susceptibles de varier entre les différentes études incluses (Riley, Higgins & Deeks, 2011). L’hétérogénéité a été évaluée en utilisant les statistiques Q et l’index I2 (Cooper, Hedges & Valentine, 2009). Des valeurs de p < 0,10 pour le premier et de > 35 % pour le deuxième ont été choisies comme indicateurs d’hétérogénéité (Borenstein, Hedges, Higgins & Rothstein, 2009). Finalement, les graphes en entonnoir, l’effet tiroir de Rosenthal (Rosenthal, 1979) et le test d’asymétrie d’Egger (Egger et al., 1997) ont été utilisés afin de considérer la présence de biais de publication (Borenstein et al., 2009 ; Cooper et al., 2009). Les résultats qui ont été inclus dans cet article étaient ceux associés aux instruments d’intérêt (mesurant le TDA/H, l’anxiété ou la dépression).

Résultats

Études sélectionnées

Les bases de données ont fait ressortir la présence de 54 251 études correspondant aux mots clés représentant les interventions (voir ci-haut), 87 107 articles portant sur le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité et 12 010 575 textes ayant pour cible les adultes. Lors de la combinaison de ces trois critères, 280 études ont été relevées. Leurs résumés ont alors été consultés. Suite à ce procédé, 12 études répondaient aux critères d’inclusion et d’exclusion mentionnés précédemment. Elles étaient toutes écrites en anglais. Dans cette étude, 575 participants, âgés entre 18 et 66 ans (M = 38,25 ans), ont été inclus. De ceux-ci, 53,89 % étaient des hommes. Le nombre moyen de séances suivies était de 11. Diverses variantes de la TCC ont été acceptées (p. ex. thérapie behaviorale dialectique) et elles étaient administrées sous un format individuel ou de groupe (cinq en format individuel, sept sous forme de groupe). Sur les 12 études contrôlées randomisées, sept étaient à simple insu (les évaluateurs ne savaient pas la condition à laquelle chacun des participants appartenait), une était à double insu (TCC avec médication ou placebo) et quatre étaient basées sur des mesures autorapportées uniquement. De plus, cinq des 12 études comprenaient un suivi (allant de deux mois à un an ; Emilsson et al., 2011 ; Pettersson, Söderström, Edlund-Söderström & Nilsson, 2014 ; Safren et al., 2010 ; Stevenson et al., 2002 ; Stevenson et al., 2003). Le tableau 1 présente les caractéristiques principales des 12 articles retenus pour cette méta-analyse.

Tableau 1

Caractéristiques principales des études recensées

Caractéristiques principales des études recensées

Note : TCC = Thérapie cognitive-comportementale ; Psychoéd. = Psychoéducation ; pl. = Placebo ; Md. = Médication ; RS = Rating Scale ; TAU = Treatment as usual ; iCBT-G = Thérapie cognitive-comportementale de groupe administrée via Internet ; iCBT-S = Thérapie cognitive-comportementale individuelle administrée via Internet ; DBT = Thérapie behaviorale dialectique ; SR = Self Report ; CR= Clinicien rating ; CAARS-S = Conners’Adult ADHD Rating Scales-Self Report ; BADDS-SR = Brown Attention Deficit Disorder Scale-Self Report ; ASRS = World Health Organization’Adult ADHD Self-report Scale.

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Les tests mesurant l’hétérogénéité entre les études révèlent que celle-ci excède ce qui est attendu par le hasard (Q12 = 21,19 ; df = 10 ; p = 0,02 ; I2 = 52,82). Cela implique qu’il peut exister des différences systématiques entre les études qui ne peuvent pas être expliquées par l’erreur d’échantillonnage seule et qui peuvent être attribuables à des variations dans l’échantillon, dans les caractéristiques de l’intervention et quant aux divers instruments de mesure utilisés. L’effet tiroir est de 268, indiquant qu’au moins 268 études non publiées ou manquantes seraient nécessaires pour rendre l’effet clinique de la thérapie cognitive-comportementale non significatif en termes de réponse statistique (p> 0,05). Également, tel que démontré dans la figure 1, le graphe en entonnoir associé aux résultats est relativement symétrique. Le biais de publication a aussi été évalué de manière plus conservatrice avec le test d’asymétrie d’Egger, lequel est de 1,69 (df = 9 ; t = 0,89 ; p = 0,40), ce qui suggère un faible risque de biais de publication.

Figure 1

Graphe en entonnoir de l’erreur standardisée selon le g de Hedge

Graphe en entonnoir de l’erreur standardisée selon le g de Hedge

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Efficacité de la TCC sur les symptômes du TDA/H

Les résultats démontrent une différence significative (RC = 5,78 ; 95 % ; IC = 3,47-9,63 ; z = 6,75, p < 0,0001) entre la TCC et les conditions contrôles quant aux symptômes du TDA/H, suite au traitement, en faveur de la TCC. Le g de Hedges est de 0,95 (95 % ; IC = 0,67-1,22 ; z = 6,75 ; p < 0,0001), ce qui représente une différence importante. Ainsi, les individus ayant reçu la TCC ont démontré des améliorations significativement plus élevées que les autres groupes en ce qui a trait aux difficultés d’attention et d’hyperactivité. La figure 2 illustre l’ensemble des g de Hedges pour les symptômes du TDA/H suite au traitement. De surcroît, les résultats aux suivis (deux mois à un an) révèlent une différence significative entre la TCC et les autres groupes quant aux symptômes du TDA/H (RC = 1,84 ; 95 % ; IC = 1,29-2,61 ; z = 3,39 ; p < 0,01). Le g de Hedges est de 0,34 (95 % ; 0,11-0,56 ; z = 2,95 ; p < 0,01), ce qui signifie une petite taille d’effet. Ainsi, les sujets ayant suivi la TCC auraient un niveau significativement inférieur de symptômes lors du suivi que les autres groupes de comparaison. De plus, ces résultats indiquent que les participants dans le groupe TCC continuent de s’améliorer suite à la fin du traitement. La figure 3 démontre l’ensemble des g de Hedges pour les symptômes du TDA/H lors du suivi.

Efficacité de la TCC sur les symptômes anxieux

Les données obtenues révèlent une différence significative (RC = 2,04 ; 95 % ; IC = 1,33-3,13 ; z = 3,27 ; p < 0,01) entre la TCC et les autres interventions, suite au traitement, quant aux symptômes anxieux. Le g de Hedges est de 0,39 (95 % ; IC = 0,15-0,62 ; z = 3,27 ; p < 0,01), ce qui représente une différence de petite taille. Conséquemment, les participants ayant reçu la TCC démontrent une amélioration significativement plus grande de l’anxiété que les groupes de comparaison. La figure 4 représente les g de Hedges pour les symptômes anxieux suite au traitement. Lors des suivis (de 3 à 6 mois), il n’y a pas de différence significative entre le groupe de thérapie cognitive-comportementale et les autres conditions quant aux symptômes anxieux (RC = 1,55 ; 95 %, IC = 0,61-3,94 ; z = 0,93 ; p = 0,36). Les individus ayant suivi la TCC ne se sont donc pas améliorés davantage entre le post-traitement et le suivi que les participants des autres groupes de comparaison. La figure 5 illustre les rapports des cotes pour les symptômes anxieux lors des suivis.

Figure 2

g de Hedges pour les symptômes du TDA/H lors du post-traitement

g de Hedges pour les symptômes du TDA/H lors du post-traitement

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Figure 3

g de Hedges pour les symptômes du TDA/H lors du suivi

g de Hedges pour les symptômes du TDA/H lors du suivi

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Figure 4

g de Hedges pour les symptômes anxieux lors du post-traitement

g de Hedges pour les symptômes anxieux lors du post-traitement

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Figure 5

Rapports des cotes pour les symptômes anxieux lors du suivi

Rapports des cotes pour les symptômes anxieux lors du suivi

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Efficacité de la TCC sur les symptômes dépressifs

Les résultats démontrent une différence significative (RC = 1,78 ; 95 % ; IC = 1,18-2,70 ; z = 2,75 ; p < 0,01) entre la thérapie cognitive-comportementale et les groupes contrôles, suite au traitement, en lien avec les symptômes dépressifs. Le g de Hedges est de 0,30 (95 % ; IC = 0,08-0,52 ; z = 2,63 ; p < 0,01), ce qui se traduit par une petite différence. La TCC est donc associée à une amélioration significativement plus élevée des symptômes dépressifs que les autres conditions étudiées. La figure 6 représente les g de Hedges pour les symptômes dépressifs suite au traitement. Lors des suivis (de 3 à 6 mois), les résultats ne démontrent pas de différence significative entre la TCC et les autres groupes de comparaison quant aux symptômes dépressifs (RC = 1,37 ; 95 % ; 0,54-3,49 ; z = 0,67 ; p = 0,50). Ainsi, les participants ayant participé à la thérapie cognitive-comportementale n’ont pas acquis de bénéfices supérieurs aux autres groupes, entre le post-traitement et le suivi. La figure 7 démontre les rapports des cotes pour les symptômes dépressifs lors des suivis.

Discussion

Il s’agit, à notre connaissance, de la première méta-analyse portant sur l’efficacité de la TCC dans le traitement du TDA/H chez l’adulte. Les résultats démontrent que la TCC est associée à une amélioration importante et significative de l’inattention et de l’hyperactivité et qu’elle serait plus efficace que les autres types d’interventions évaluées (c.-à-d., thérapie du support, relaxation) et que le simple passage du temps quant à la diminution de ces symptômes. Elle permettrait également de bonifier l’effet de la médication (Bramham et al., 2009). De plus, les données suggèrent que les participants ayant reçu la TCC continuent de s’améliorer suite au traitement (lors des suivis de deux mois à un an), ce qui n’est pas le cas des contrôles. Selon cette étude, la TCC s’est également révélée efficace quant à la diminution, bien que de moins grande ampleur, des symptômes comorbides au TDA/H, notamment l’anxiété et la dépression. En effet, suite à la TCC, les participants ont vu leurs symptômes anxieux et dépressifs significativement diminués. Ainsi, bien que le traitement ne ciblait pas spécifiquement ces manifestations, il a tout de même eu un impact significatif sur celles-ci. Toutefois, les sujets du groupe TCC ne se sont pas améliorés davantage entre le post-traitement et le suivi que les individus des autres conditions. Il est donc raisonnable de penser que la thérapie cognitive-comportementale pour le TDA/H pourrait bénéficier de l’ajout de composantes visant précisément les symptômes anxieux et dépressifs afin de permettre le maintien des gains au long cours.

Figure 6

g de Hedges pour les symptômes dépressifs lors du post-traitement

g de Hedges pour les symptômes dépressifs lors du post-traitement

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Figure 7

Rapports des cotes pour les symptômes dépressifs lors du suivi

Rapports des cotes pour les symptômes dépressifs lors du suivi

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Limites

Tout d’abord, les tests ayant mesuré l’hétérogénéité entre les études ont fait ressortir que celle-ci excède ce qui est attendu par le hasard. Il peut donc exister des différences entre les recherches qui ne seraient pas uniquement attribuables à l’erreur d’échantillonnage. Ces résultats suggèrent la nécessité de réaliser davantage d’études contrôlées randomisées portant sur l’efficacité de la TCC dans le traitement du TDA/H. Également, les études recensées utilisent des instruments de mesure très variés rendant ainsi difficile la comparaison entre les résultats obtenus pour chaque étude. Néanmoins, les entrevues et questionnaires utilisés mesurent tous le même construit (les symptômes du TDA/H, l’anxiété et la dépression). De plus, les résultats demeurent significatifs indépendamment de l’instrument de mesure utilisé. Aussi, toutes les études répondant aux critères d’inclusion de cette recherche ont été incluses (peu importe leur qualité). Cela suggère la nécessité d’effectuer davantage d’études afin de pouvoir nuancer les résultats obtenus selon la qualité de ces dernières. En addition, la plupart des articles recensés sont constitués de petits échantillons, ce qui représente une limite quant à la généralisation des résultats (p. ex. Emilsson et al., 2011 ; Hirvikoski et al., 2011 ; Virta et al., 2010). Qui plus est, dans plusieurs études, les symptômes sont mesurés exclusivement par des questionnaires autorapportés (Bramham et al., 2009 ; Pettersson et al., 2014 ; Stevenson et al., 2002 ; Stevenson et al., 2003). Il serait pertinent d’ajouter des sources d’informations complémentaires (p. ex. une évaluation faite par un clinicien, des questionnaires administrés aux proches) afin d’avoir une idée plus juste et complète que possible des symptômes et du fonctionnement des participants. De surcroît, différentes variables (c.-à-d., le quotient intellectuel, l’âge, le sexe), pouvant jouer un rôle quant à l’efficacité du traitement, ne sont pas prises en compte dans la majorité des études (p. ex. Bramham et al., 2009 ; Safren et al., 2005). De plus, bien que le fait d’avoir une médication stabilisée soit un critère d’inclusion pour toutes les études incluses dans cette méta-analyse, Bramham et al. (2009) mentionnent qu’il est possible que les participants de leur recherche aient modifié leur médication au cours de cette dernière. Finalement, plusieurs des recherches incluses dans cette méta-analyse ne comprenaient pas de suivis au long cours (p. ex. Bramham et al., 2009 ; Safren et al., 2005 ; Solanto et al., 2010 ; Virta et al., 2010). Ainsi, sans ces derniers, il est difficile de se prononcer sur la stabilité des changements et le maintien des progrès dans le temps. Ces limites devraient donc être adressées dans de futures études.

Pistes pour le futur

À l’égard de la disparité entre les programmes de traitement recensés dans cette recherche, il est nécessaire de réaliser des études conçues pour départager les composantes les plus efficaces de l’intervention (durée, contenu, techniques privilégiées, etc.). Cela pourrait venir approfondir la compréhension des mécanismes d’action de la TCC et préciser les paramètres qui sont à favoriser dans ce traitement. De plus, les études incluses dans cette méta-analyse évaluent majoritairement la TCC en format de groupe. Il serait alors intéressant de comparer l’efficacité de cette forme de thérapie, dans le traitement du TDA/H chez l’adulte, à son format administré individuellement. Cela pourrait être utile afin d’examiner si les forces propres à la thérapie de groupe (p. ex. la cohésion, le sentiment d’appartenance, l’entraide, etc.) apportent quelque chose de plus que les interventions individuelles. Finalement, en raison du faible taux de consultation de la part des individus souffrant du TDA/H (Kessler et al., 2006), il serait important que des études se penchent sur l’observance au traitement et tentent de comprendre comment favoriser la réceptivité des clients souffrant de TDA/H aux interventions offertes.

Conclusion

Pour conclure, la thérapie cognitive-comportementale semble constituer un traitement efficace, à court terme, dans la réduction des symptômes associés au TDA/H, des manifestations anxieuses et de la symptomatologie dépressive chez une population adulte. Toutefois, bien que les améliorations des symptômes du TDA/H soient maintenues dans le temps, les progrès reliés aux troubles comorbides ne sont pas conservés.