Volume 40, Number 2, Summer 2015 Cinquante ans de psychiatrie à l’Université de Montréal (1965-2015) Guest-edited by Emmanuel Stip
Table of contents (25 articles)
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Éditorial
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Présentation. Histoire de la psychiatrie à l’Université de Montréal : passages et impasses
Emmanuel Stip
pp. 11–33
AbstractFR:
Dans sa forme actuelle, le Département de psychiatrie de l’Université de Montréal a été créé en 1964. La première personne à l’avoir dirigé fut le Dr Gérard Beaudoin qui est véritablement entré en fonction le 1er janvier 1965. Puis, les directeurs du département ont été de 1951 à maintenant : Drs Fernand Côté, Camille Laurin, Gérard Beaudoin, Yvon Gauthier, Arthur Amyot, François Borgeat, Hugues Cormier, Sylvain Palardy, Jean Hébert et Emmanuel Stip. L’histoire du Département de psychiatrie de l’Université de Montréal est largement tributaire de celle de chacun des établissements qui sont affiliés à l’Université, comme le pavillon Albert-Prévost de l’Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal (HSCM), l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (IUSMM) ou le CHU Sainte-Justine. On doit également se remémorer que la découverte de la potentialisation du lithium par les antidépresseurs a été faite à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine (aujourd’hui l’IUSMM) par l’équipe du Dr Claude De Montigny. Les avancées significatives liées à l’interaction entre le mouvement psychanalytique et la psychiatrie communautaire ont grandement été influencées par les travaux menés au pavillon Albert-Prévost et l’émergence des thérapies comportementales (Dr Yves Lamontagne) et cognitives par les études effectuées à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine. Les grandes découvertes sur le sommeil ont été réalisées à l’Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal par des équipes rassemblées autour du psychiatre Jacques Montplaisir. Deux ministres du gouvernement du Québec ayant des responsabilités politiques importantes ont été membres ou directeurs du Département de psychiatrie : Camille Laurin et Denis Lazure. De plus, le Département de psychiatrie est à l’origine d’un livre essentiel d’enseignement pour la psychiatrie francophone canadienne : Psychiatrie clinique : une approche biopsychosociale.
EN:
In its current form, the Département de psychiatrie at the Université de Montréal (UdeM) was created in 1964. The first person to have headed was Dr. Gerard Beaudoin… Between 1948 and 1964, several others psychiatrists were heading the Département without necessary bearing a particular title.
The directors of the Département from 1951 to now were: Drs. Fernand Côté, Camille Laurin, Gerard Beaudoin, Yvon Gauthier, Arthur Amyot, Francis Borgeat, Hugues Cormier, Sylvain Palardy, Jean Hébert, and Emmanuel Stip.
When the Département opened, it was the second institution in Montréal that was training psychiatrists. During the first year, there were 3 psychiatric residents, but within 20 years this number had increased to 63. From the early years, teaching psychiatry to residents, and subsequently to all UdeM medical students, has been a priority in the Département, and over the years many psychiatrists trained at UdeM have attained leadership positions elsewhere. The Département attained an early reputation for excellence in both clinical and basic research.
The strengths the Département developed in its early years in clinical psychopharmacology, in basic research in neurotransmitters, sleep, cognition, forensic, and in community psychiatry have been augmented more recently with active programs in psychotherapy research, substance abuse research, psychoneuroendocrinology, developmental aspects of behavior, genetics, epigenetics as well as the study of the brain through a variety of brain scanning techniques.
The history of the Département de psychiatrie de l’Université de Montréal is largely dependent on that of each of the institutions affiliated to the Université: the Pavillon Albert-Prévost de l’Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal (HSCM), the Institut universitaire en santé mentale de Montréal (IUSMM) and the CHU Sainte-Justine. We must also remember that the discovery of the potentiating of lithium by antidepressants was made by Dr. Demontigny team at the Hôpital Louis-H. Lafontaine (now IUSMM). Significant advances related to the interaction between the psychoanalytic movement and community psychiatry were greatly influenced by the work at the Pavillon Albert-Prévost and the emergence of behavioral therapies (Dr. Yves Lamontagne) and cognitive studies conducted by the Hôpital Louis-H. Lafontaine. Great discoveries about sleep were performed at the Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal by teams gathered around Jacques-Yves Montplaisir.
We also recall that two ministers from the Quebec government with important political responsibilities were members or directors of the Département de psychiatrie. These are Drs. Camille Laurin and Denis Lazure.
The Département aims to strengthen clinical and basic research by contributing new knowledge that will improve care for people with mental disorders. These efforts benefit both patients and the medical students and residents being trained to care for them. The Département remains committed to its program, to pre-doctoral education (ensuring that all medical students at the Université are trained to recognize, diagnose, and be familiar with treatment options for mental disorders), to post-doctoral education for future psychiatrists, and to the care of Quebec’s patients.
For over 50 years, the academic department has played a key role in attracting and recruiting excellent academic and clinical resources to staff the programs and services of our hospital partners.
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Devenir psychiatre au Québec dans les années 1950-1960
Pierre Doucet
pp. 35–49
AbstractFR:
L’auteur est le témoin d’une période historique de la psychiatrie dans une province du Canada, au Québec, largement francophone. Il décrit le contexte, les études nécessaires, et les soins en tant qu’observateur et acteur. Au Québec, dans les années 1950, la psychiatrie n’existait pas comme telle en tant que spécialité. Il existait cependant une discipline : la neuropsychiatrie. Elle reposait sur les épaules des neurologues qui acceptaient de s’occuper des cas de psychiatrie, que peu de médecins voulaient traiter à ce moment-là. La société québécoise religieuse et rurale des années 1950 se préparait à la Révolution tranquille. Cette dernière a finalement éclaté après 1960. Mais le milieu artistique était déjà en pleine effervescence, et dès 1948, il manifesta son opposition aux valeurs qui avaient cours avec la publication du manifeste Refus global. Parmi les signataires de ce dernier, on trouve Bruno Cormier en tant qu’étudiant en médecine qui deviendra, après 1950, psychiatre et psychanalyste. Pour devenir psychiatre, il fallait faire une partie de sa résidence aux États-Unis ou en France. La résidence aux États-Unis dans les années 1950 représentait la grande aventure pour les jeunes médecins du Québec, surtout pour les francophones. À la fin des années 1950, la pharmacologie émettait ses premiers balbutiements. Cependant, la thérapeutique existait même si elle a été bien décriée déjà en son temps et depuis lors. Il s’agit des électrochocs, du coma insulinique et de la lobotomie, que l’auteur se permet de décrire à partir de ses expériences de résidence en psychiatrie.
EN:
The author is the witness of a historic period of the psychiatry in the province of Quebec in Canada, widely francophone. He describes the context, the training in psychiatry, and the care. In Quebec, in the 1950s, the psychiatry did not exist as such as speciality. There was however a discipline: the neuropsychiatry. It was managed by the neurologists who agreed to take care of cases of psychiatry, which few doctors wanted to treat at this moment. The religious and rural society in Quebec of the 1950s got ready for the “Revolution tranquille”. The latter finally burst after 1960. But the artistic environment was already in full excitement, and from 1948, it showed its opposition to the values which were current with the publication of the Refus global. Among the signatories of the latter, we find Bruno Cormier as medical student who will become, after 1950, a psychiatrist and a psychoanalyst. To become a psychiatrist, it was necessary to be trained as an intern in a residency program in the USA, UK or in France. The residency in the United States in the 1950s represented a great adventure for the young doctors of Quebec, especially for the French speakers. At the end of 1950s, the pharmacology emerged. However, he described his own experience as an observer or an actor with ECT, Sakel cure and about the lobotomy.
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La folie, c’est de n’avoir pas d’autres normes que soi-même : la psychiatrie au cours de l’après-guerre au Québec
Isabelle Perreault
pp. 51–63
AbstractFR:
Au début des années 1950, la publication du Diagnostic and Statistical Manuel (DSM-I) et l’arrivée de la psychopharmacologie, avec la chlorpromazine (Largactil), posent les bases d’une psychiatrie encore actuelle. Au cours de cette décennie, en 1955, le département de psychiatrie de l’Université de Montréal est fondé. Une cohorte de jeunes chercheurs, fraîchement débarqués de la France et de la côte est des États-Unis, y sont associés. Ils commencent dès lors à critiquer le système asilaire de l’époque, un système qui sera restructuré à la suite de la Commission d’étude des hôpitaux psychiatriques (Rapport Bédard) en 1962. Un fort mouvement de désinstitutionnalisation s’opère alors en parallèle à la laïcisation des institutions psychiatriques au Québec. Cet article explore le courant intellectuel conjoint à cette époque, l’antipsychiatrie, et soulève des éléments souvent passés sous silence lorsqu’il est question de la psychiatrie au cours de l’après-guerre.
EN:
In the early 1950s, both the publication of the first Diagnostic and Statistical Manual (DSM-I) and the advent of psychopharmacology – particularly the development of chlorpromazine (Thorazine – RP4650) – set the stage for models of psychiatric thought, research and practice that remain dominant today. It was during this pivotal period, in 1955, that the Département de psychiatrie de l’Université de Montréal was founded by a cohort of young researchers newly arrived from well-known universities in France and the northeastern United States. This influential group quickly became staunch critics of the province’s religion-based asylum system and lobbied for a government review that culminated into the 1962 Commission d’étude des hôpitaux psychiatriques (popularly known as the Bédard Report). What followed in Quebec between 1965 and 1975 was the secularization of psychiatric institutions and widespread deinstitutionalization. This paper illuminates cultural changes and intellectual shifts that have been overlooked in historical studies of post-war psychiatry by exploring the expansion of such “anti-psychiatry” schools of thought in Quebec in this period.
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Quel est l’avenir du Centre hospitalier Louis-H. Lafontaine ?
Hubert Wallot
pp. 65–78
AbstractFR:
La transformation d’une institution psychiatrique est toujours un défi et suppose un dialogue entre les acteurs sur le terrain préoccupés d’offrir de bons services et les acteurs gouvernementaux soucieux, en plus, d’un contrôle budgétaire. Ce dialogue est parfois absent et les crises font alors partie d’une évolution vers un temps meilleur. L’Hôpital Louis-H. Lafontaine a été l’objet de trois tutelles avant de s’acheminer vers le statut actuel d’institut universitaire en santé mentale. La première tutelle, qui ne porta pas ce nom, caractérise le passage d’une institution privée gérée par les religieuses à une institution publique avec ses aléas propres. Cette tranche d’histoire permet d’entrevoir comment pouvait s’effectuer à l’époque le questionnement des deux types d’acteurs sur le devenir d’un hôpital psychiatrique.
EN:
Most of the time, a government manages in order to keep the public support and tries to make others look responsible for the difficulties generated by his inertia. The history of various changes in the transformation of of the Hôpital Saint-Jean-de-Dieu to the Hôpital Louis-Hippolyte-Lafontaine had led to three administrative guardianships illustrates this, if we consider that the first one avoid such name. This merely about the events that led from the first one to the second guardianship.
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De l’École Gamelin à Rivière-des-Prairies : de la cassure du château à sa restauration ?
Hubert Wallot
pp. 79–91
AbstractFR:
L’histoire de l’hôpital Rivière-des-Prairies, de ses origines à nos jours, ressemble à l’histoire des institutions psychiatriques au Canada Français : elle en constitue un condensé sur près de 80 ans : histoire marquée par une alternance d’initiatives généreuses et d’évènements regrettables sinon de scandales intolérables avec néanmoins un aboutissement récent heureux dans un partenariat fructueux à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. À partir du cas institutionnel présenté, cette histoire nous invite à réfléchir sur la vulnérabilité de l’institution psychiatrique à la perversion de ses innovations.
EN:
The history of the Hôpital Rivière-des-Prairies from its origins up to today is like the history of psychiatric institutions in French Canada: it constitutes a condensed of nearly 80 years: evolution marked by alternating generous initiatives and regrettable events if not scandals with nevertheless a recent successful evolution in its participation within the Institut universitaire en santé de Montréal. From the institutional presented case, this story invites us to keep in mind on the vulnerability of the psychiatric institutions to the perversion of its innovations.
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Le rôle des psychanalystes dans l’histoire du Département de psychiatrie de l’Université de Montréal
Wilfrid Reid and Arthur Amyot
pp. 93–106
AbstractFR:
Trois psychanalystes ont joué un rôle de premier plan dans l’histoire du département, soit les Drs Camille Laurin, Yvon Gauthier et Arthur Amyot. Le Dr Laurin a mis sur pied un cursus prégradué et un post-gradué et doté le département d’un premier programme complet de résidence en français. Dr Gauthier a, en quelque sorte, « construit » le département en créant ses instances administratives. Dr Amyot a donné corps au réseau universitaire en intégrant les divers milieux hospitaliers dans les décisions et les projets du département. Chacun à sa manière a contribué à l’une des marques distinctives du département, à savoir l’importance accordée à la formation à la psychothérapie. De plus, les auteurs désirent souligner comment la psychanalyse ou mieux une certaine vision psychanalytique sans dogmatisme ni exclusivisme a joué un rôle important dans l’histoire du département universitaire. Ce faisant, ils ont transmis une conception de la psychiatrie où la perspective biopsychosociale n’est pas un vain mot.
EN:
Objectives The authors want to illustrate how psychoanalysis or best a certain psychoanalytical vision without dogmatism and theoretical exclusivism have played an important role in the history of the university department.
Methods The authors have made a recension of the principal activities of three psychoanalysts and their immediate collaborators: Dr. Camille Laurin, Dr. Yvon Gauthier and Dr. Arthur Amyot.
Results Dr. Laurin permitted psychiatry to become a distinct discipline from neurology. He greatly emphasized the pre-graduate and post-graduate cursus: he has also endowed the department with the first complete program of residency. Dr. Gauthier, in a way, built the administrative organization by creating its principal committees. Dr. Amyot really formed the university network by integrating the different hospitals in the projects and the decisions of the department.
Conclusion Each one, in his own way, contributed to one of the distinctive marks of the department, that is the importance given to psychotherapy training. In so doing, they favoured the transmission of psychiatry in which the bio-psycho-social perspective is not a vain word.
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Histoire vécue, histoire transmise : regards de psychiatres sur l’évolution du Département de psychiatrie de l’Université de Montréal
Ouanessa Younsi
pp. 107–119
AbstractFR:
Objectifs À travers des entretiens de psychiatres de diverses générations du Département de psychiatrie de l’Université de Montréal (UdeM), nous cherchons à cerner l’histoire vécue et transmise par ceux qui ont fait, et font, l’histoire du Département. Cette démarche vise à saisir le passé pour éclairer l’avenir, soit fournir des pistes d’orientation pour la suite du Département de psychiatrie de l’UdeM.
Méthode Des entretiens ont été effectués auprès de treize psychiatres du Département de psychiatrie de l’UdeM, à partir de questions sur le passé et l’avenir du Département. Ces psychiatres proviennent de diverses générations, certains ayant commencé leur résidence avec le Département, soit dans les années 60, d’autres ayant amorcé leur pratique dans les années 2000.
Résultats Les entretiens menés ont mis en lumière une méconnaissance de l’histoire du Département par les psychiatres de générations plus récentes, qui n’ont pas participé aux balbutiements du Département, ce qui suggère un problème de transmission de l’histoire. Ceux ayant assisté et contribué à ses débuts relatent l’importance du Dr Camille Laurin dans la genèse du Département. L’histoire du Département de psychiatrie de l’UdeM rejoint l’évolution globale de la psychiatrie en Occident. La psychothérapie, l’enseignement et la dimension clinique sont des phares ayant éclairé, et guidant encore, l’évolution du Département.
Conclusion L’histoire du Département de psychiatrie de l’UdeM apparaît méconnue des psychiatres issus des plus jeunes générations. Un cours d’histoire de la psychiatrie, comprenant une partie sur l’histoire du Département, gagnerait à être intégré au cursus des résidents en psychiatrie.
EN:
Objectives We have interviewed psychiatrists from different generations at the Département de psychiatrie de l’Université de Montréal to discern the history lived and told by those who have made (and still make) the history of the Department. The goal of this approach was to grasp the past in order to enlighten the future of the Département de psychiatrie de l’Université de Montréal.
Method Thirteen psychiatrists of the department have been interviewed about their perspective on the history of the Département de psychiatrie de l’Université de Montréal.
Results Interviews have identified an issue in the communication of history among the Department. Indeed, most of the younger psychiatrists were not aware of some of the main events and figures which were part of the development of the Department. The older psychiatrists mention Dr Camille Laurin as an important figure of the Department’s early stages. Psychotherapy, education and clinical practice appear as key aspects of the Department’s history.
Conclusion Many aspects of the Department’s history appear unknown to the younger psychiatrists. A course on History of Psychiatry, including the Department’s history, would be a great addition to the psychiatry residency program.
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50 ans de service public pour les politiques et l’organisation de services de psychiatrie communautaire au Québec : partie I
Alain Lesage
pp. 121–135
AbstractFR:
Cet essai, rédigé en deux articles compagnons (Partie I & II), est destiné mettre en valeur le service public de cinq psychiatres du Département de psychiatrie de l’Université de Montréal ayant oeuvré au niveau du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) pour les politiques de désinstitutionnalisation et l’organisation des services de psychiatrie communautaire pour les personnes avec des troubles mentaux graves. Il s’agit des Drs Camille Laurin, Denis Lazure, Arthur Amyot, Luc Blanchet et André Delorme.
Dans cette première partie, l’essai proposera comme grille de lecture de la recherche sur les services, quatre références, soit les arguments pour des soins dans la communauté des psychiatres et chercheurs britannique et italien, Thornicroft et Tansella ; Les enjeux systémiques dans toute réforme de l’infirmière et chercheure canadienne Paula Goering ; la proposition de régulation du système de santé du chercheur québécois en administration de la santé le Professeur André-Pierre Contandriopoulos ; et enfin la tension structurelle entre le secteur médical et social signalée par le sociologue américain de la santé Leutz.
L’essai enchaînera avec un narratif des phases connues de la désinstitutionnalisation, soit la phase asilaire (pré-1960), communautaire (1960-2000) et différentiée (depuis 2000). L’essai signalera la marche inexorable vers un hôpital sans mur, un travail interdisciplinaire, des tensions entre le curatif et la réadaptation et le financement décroissant qui avec une organisation et un leadership contesté ou essoufflé, donne lieu à des déficits que sont la transinstitutionnalisation dans l’itinérance et dans le système judiciaire.
EN:
This essay comprises 2 parts. It aims to recognize the public service of psychiatrists of the Département de psychiatrie de l’Université de Montréal who served at the provincial level of the Ministry of Health and Social Services for deinstitutionalisation of policies and organisation of services, at the service of people with severe mental disorders. First with Dr. Camille Laurin post-face of the 1962 book Les fous crient au secours! (Mentally ill patients cry for help); then the insight on the latest phase of differentiated specialised clinics by Dr. Denis Lazure, who participated in 1962 to the Bédard, Lazure, Roberts commission that launched community psychiatry, but who will also be Social Affairs Minister in the late ‘70 s; Dr. Arthur Amyot will sail through the budgetary issues when in the beginning of the ’80s the mental health directorate was under Social Affairs; Dr. Luc Blanchet will be associated to a rich production of interdisciplinary reports by the advisory Mental Health Committee until its dismissal in 2003; and finally, Dr. André Delorme, who probably has the record of longevity at the head of the mental health directorate, transferred in 2003 under the deputy minister for medical and university affairs.
The essay will propose since the beginning a grid or referential of four health services analysis. First; the arguments for community care by British and Italian psychiatrists and researchers, Thornicroft and Tansella. Second; system issues of mental health reforms proposed by Canadian psychiatric nurse and researcher Paula Goering. Third; the model of socio-political regulation of health system proposed by the Université de Montréal’ health administration researcher Dr. André-Pierre Contandriopoulos; and Fourth; the structural tension between the medical and social sector signaled by the American medical sociologist, Leutz.
The same phases of deinstitutionalization in other countries as UK, took place as followed: a) the asylum phase (before 1960); b) the psychiatry community (1960-2000); and c) the differentiated system (since 2000). The essay will evidence the long march towards hospitals without walls, interdisciplinary work, tension between cure and rehabilitation and a relative decreasing budget. This in conjunction with vulnerability in organisation and leadership, attributed to tension or burn out has revealed system deficits like the trans-institution towards homelessness or towards the judiciary system. The essay will conclude with a discussion on the opportunities and challenges of the very new Law 10 that reforms the general governance of the provincial and regional health and social services and hopes for a more balanced mental health care system in Quebec.
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50 ans de service public pour les politiques et l’organisation des services de psychiatrie communautaire au Québec : partie II (2003-2015 et suite)
Alain Lesage
pp. 137–149
AbstractFR:
Cet essai, rédigé en deux articles compagnons (Partie I & II), est destiné mettre en valeur le service public de psychiatres du Département de psychiatrie de l’Université de Montréal ayant oeuvré au niveau du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) pour les politiques de désinstitutionnalisation et l’organisation des services de psychiatrie communautaire pour les personnes avec des troubles mentaux graves. Il s’agit des Drs Camille Laurin, Denis Lazure, Arthur Amyot, Luc Blanchet et André Delorme.
Dans cette seconde partie, la période 2003-2015 sera couverte. Elle marque la fin du Comité de la santé mentale du Québec (1971-2003), et ses travaux féconds interdisciplinaires. 2003, c’est l’entrée au ministère du Dr André Delorme qui y détient sans doute un des records de longévité, servant depuis 2003 à la Direction de la santé mentale transférée sous la nouvelle Direction des affaires médicales et universitaires du MSSS également créée en 2003.
Cette phase voit l’émergence depuis le modèle de psychiatrie communautaire d’une approche différentiée, les cliniques spécialisées ou l’approche par programme-clientèle. Mais ce dernier modèle ne dispose pas des ressources nécessaires pour s’étendre et éviter des difficultés d’accès. L’essai conclut avec une discussion sur l’impact de la toute nouvelle gouvernance du système de la santé et des services sociaux du Québec, la loi 10. En simplifiant le système de santé en deux lignes (soins primaires dans les bureaux des médecins de famille, avec soutien infirmier et social ; soins spécialisés par le personnel des centres intégrés de santé et de services sociaux [CISSS]), il sera soutenu qu’il y a des opportunités pour un financement plus équitable et un système plus équilibré de santé mentale au Québec.
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La psychiatrie au Québec : autrefois/maintenant
Pierre Lalonde
pp. 151–161
AbstractFR:
Ce texte relate l’évolution, depuis les années 1960, de plusieurs événements qui ont marqué l’histoire de la psychiatrie québécoise. À travers son expérience personnelle, l’auteur relate
l’évolution du Département de psychiatrie universitaire d’où ont émergé, au cours des années, plus de 1 000 psychiatres qui ont façonné une pratique clinique et des développements de recherche dignes de mention.
l’évolution des nosologies diagnostiques à partir du Diagnostic and Statistical Manual (DSM-II), très influencé par la psychanalyse, jusqu’au DSM-5 qui se veut a-théorique, mais qui n’est toujours pas basé sur des données objectives permettant d’établir l’étiologie des maladies mentales.
les médicaments psychiatriques que nous avons appris à prescrire de façon plus rationnelle en connaissant mieux les mécanismes d’action. Mais il n’y a pas vraiment eu de découverte de nouvelles catégories de médicaments en 50 ans ; ce sont les modalités de prescription qui ont évolué.
la grande aventure du premier manuel québécois de psychiatrie, dont la 1re édition a paru en 1980 et qui sera publié à nouveau en 2015 dans une 4e édition, améliorée et augmentée, pour tenir compte des développements en psychiatrie.
la création de la Clinique Jeunes Adultes en 1988, offrant traitement et réadaptation à des jeunes en début de schizophrénie, ainsi que soutien et information à leur famille. Au cours des années, cette clinique a eu un rayonnement considérable au Québec et dans la francophonie.
EN:
This text narrates the evolution, since the 1960s, of different events that marked the history of psychiatry in the French-Canadian province of Quebec. From his personal experience, the author discusses
The evolution of the Département de psychiatrie de l’Université de Montréal from where were issued more than 1000 psychiatrists who shaped clinical practice and research developments worthy of mention throughout the years.
The evolution of diagnostic nosology from the DSM-II, very influenced by psychoanalysis, to the DSM-5 that is more atheoretical, but that is still not based on objective data, which remains a challenge to the etiology of mental illness.
The psychiatric drugs that we have learned to prescribe in the past 50 years in a more rational way thanks to a better understanding of their action mechanisms. In reality, there has been no discovery of new drug categories; rather it is the way we prescribe medication that evolved.
The great adventure of the first textbook of Quebec psychiatry, which was first published in 1980, and is forthcoming in its 4th edition in 2015 in an improved and expanded format. The forthcoming version takes into consideration the developments in psychiatry.
The creation of the Young Adults Clinic in 1988, providing treatment and rehabilitation to young adults in the early stages of schizophrenia, as well as psycho-educational support and information to their family members. Through the years, this clinic had a considerable acknowledgement in Quebec and other French-speaking nations.
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Le changement de nos valeurs et certitudes au long de ce demi-siècle
François Borgeat and Maurice Dongier
pp. 163–175
AbstractFR:
Dans cet essai, le premier auteur présente sa vision des changements importants dans les valeurs, certitudes et croyances fondamentales qui ont marqué le premier demi-siècle du Département de psychiatrie de l’Université de Montréal.
Cinq changements majeurs sont proposés : 1- de la psychanalyse aux maladies du cerveau, 2- de « Est-ce qu’un non-médecin peut pratiquer la psychanalyse ? » à « Est-ce qu’un psychiatre peut encore faire de la psychothérapie ? » 3- de la continuité des soins aux épisodes de soins, 4- du traitement d’emblée aux évaluations répétées, 5- de l’amour qui guérit au tabou de l’amour.
Puis le deuxième auteur souligne l’effervescence de la neuropsychiatrie à l’Université McGill avant l’arrivée de la psychanalyse. Finalement, on observe que l’influence accrue des classifications DSM et de la psychopharmacologie a transformé la psychiatrie clinique, particulièrement en orientant l’entretien vers la recherche de critères vus comme objectifs au lieu de la compréhension intime des symptômes.
EN:
This essay attempts to describe and discuss the major changes in values and fundamental beliefs related to clinical practice within the Département de psychiatrie de l’Université de Montréal since its creation fifty years ago.
Being an essay, the methods include shared recollections, discussions with colleagues, especially between the co-authors, and the study of some documents related to the practice of psychiatry 40 to 50 years ago.
Five major axes of change are proposed: 1- From psychoanalysis to brain diseases, 2- From “Can a non-physician practice psychoanalysis?” to “Can a psychiatrist still perform psychotherapy?” 3- From continuity of care to episodes of treatment, 4- From treatment first to repeated assessments of patients, 5- From love that can heal and repair to a taboo of love.
Finally it is suggested that the increasing emphasis on psychopharmacology and on DSM classifications has contributed to a shift from attempts to understand the intimate nature of symptoms and suffering to a priority given to rather mechanical clinical assessments in search of “objective” criteria.
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Considérations sur la place de la psychiatrie en autisme, à partir de l’histoire récente des rôles professionnels vis-à-vis de l’autisme au Québec
Laurent Mottron
pp. 177–190
AbstractFR:
À partir de l’histoire récente du partage des tâches professionnelles dans le diagnostic et le support de l’autisme au Québec, cet article expose comment la prise en compte du discours autiste, ainsi qu’une interdisciplinarité organisée et une confrontation pacifique entre science et clinique préviennent le détournement de l’autisme à des fins corporatistes ou idéologiques.
EN:
Based on an overview of the recent history of professional roles in autism diagnosis and support in the province of Quebec, this paper supports the view that hearing what autistic people say, combined with interdisciplinary, but hierarchically ruled task sharing in clinical settings, and to a pacific confrontation between scientific and clinical demands, prevents the high jacking of autism for corporatist or ideological purposes.
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La croisée des chemins, 50 ans de soins aux enfants
Martin Gignac, Bernard Boileau, Charles Nagy Bedwani, Vicenzo DiNicola, Yvon Gauthier, Alain Lévesque and Louis Morissette
pp. 191–203
AbstractFR:
À travers un voyage dans le temps, nous proposons de revisiter la naissance des premiers lieux de soins destinés aux enfants atteints de troubles mentaux. Les principaux centres de pédopsychiatrie affiliés à l’Université de Montréal y sont présentés avec les figures marquantes de l’époque. Les transitions philosophiques et les paradigmes thérapeutiques y sont aussi brièvement discutés. La création de cliniques surspécialisées et d’une formation agréée par le Collège Royal en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent ont marqué l’ère contemporain. Le centenaire s’annonce phénoménal.
EN:
Introduction Through a journey in time, we propose to revisit the birth of the first mental health care settings for children with mental disorders affiliated with Université de Montréal, Quebec, Canada.
Methods The main centers of child psychiatry affiliated with the Université de Montréal are presented with the outstanding figures of the time.
Results Philosophical transitions and therapeutic paradigms are also briefly discussed. The creation of subspecialty clinics and training approved by the Royal College of Psychiatry of Child and Adolescent marked the contemporary era.
Conclusion The contribution to training medical students, residents and researchers in the field of Child and Adolescent Psychiatry reflects the important milestones since the foundation of the Université de Montréal Department of Psychiatry. So much achieved in half a century.
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L’éclosion de la gérontopsychiatrie à l’Université de Montréal, une histoire à découvrir
Isabelle Paquette, Arthur Amyot and Geneviève Létourneau
pp. 205–227
AbstractFR:
La gérontopsychiatrie est une surspécialité de la psychiatrie qui s’intéresse à l’évaluation, au diagnostic et au traitement des troubles mentaux complexes chez les personnes âgées. Fait méconnu, son histoire encore jeune est fortement liée, au Québec, à celle du Département de psychiatrie de l’Université de Montréal (UdeM) et son réseau d’hôpitaux d’enseignement : dès la fin des années 1970, le premier service de gérontopsychiatrie a vu le jour à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, et la première clinique externe au Pavillon Albert-Prévost. Le Centre hospitalier de l’Université de Montréal, l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont et l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal ont développé par la suite des services de gérontopsychiatrie à leur image. Le département de psychiatrie de l’UdeM est aussi le premier au Québec à offrir un programme de résidence en gérontopsychiatrie agréé par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, et ce depuis 2014. La gérontopsychiatrie est un domaine en plein essor, et les défis sont multiples dans le contexte démographique actuel. Pourtant, des obstacles majeurs freinent son développement sur le plan clinique, de l’enseignement et de la recherche, en particulier l’absence de postes spécifiques et protégés en gérontopsychiatrie. La restructuration majeure du réseau de la santé au Québec en 2015 est un autre point d’incertitude. Ce cinquantenaire du département de psychiatrie est une occasion de souligner l’apport majeur de l’UdeM au développement de la gérontopsychiatrie au Québec, et d’insister sur la spécificité des besoins des aînés en matière de soins et de services en santé mentale.
EN:
Objectives: Geriatric psychiatry became an official psychiatric subspecialty in Canada in 2009. The first board examinations from the Royal College of Physicians and Surgeons of Canada (RCPSC) took place in 2013. Geriatric Psychiatry focuses on the assessment, diagnosis, and treatment of complex mental disorders in late life, a time when the interface between physical and mental health issues often adds a new level of complexity.
Little has been written on the history of geriatric psychiatry in Québec and in Canada. A lesser-known aspect is that from the 1970’s onwards, the department of psychiatry at the Université de Montréal (UdeM) and its network of teaching hospitals have played a pioneering role in the development of geriatric psychiatry services and training. We seek to recount the history of geriatric psychiatry at UdeM, by tracing the milestones and identifying the main actors responsible for its development, from the inception of the department of psychiatry 50 years ago. This leads us to share reflections on some of the issues geriatric psychiatry is facing in Québec.
Methods: We interviewed several key actors, past and present, of geriatric psychiatry at UdeM. We read through relevant sources such as articles and monographs on the local history of psychiatric services, information bulletins and annual reports from hospitals and from UdeM, as well as other documentation from personal archives.
Results: One of the very first geriatric psychiatry services in Canada was founded in 1978 at the Institut universitaire en santé mentale de Montréal, with a dedicated inpatient unit for new admissions of elderly psychiatric patients. A geriatric psychiatry outpatient clinic was inaugurated the same year at the Pavillon Albert-Prévost. Throughout the years, geriatric psychiatry services were also developed in the remaining hospital sites affiliated with the department of psychiatry at the UdeM (Hôpital Maisonneuve-Rosemont, Centre hospitalier de l’Université de Montréal, Institut universitaire de gériatrie de Montréal), driven by dedicated individuals, in accordance with their respective historical background and mission. Clinical training is provided in each of these sites for medical students, psychiatry residents and more recently, for future geriatric psychiatrists. In 2014, the geriatric psychiatry residency program at UdeM was the first to be accredited in Québec by the RCPSC, as well as the first French language geriatric psychiatry program in North America.
Conclusion: Geriatric psychiatry in 2015 is a burgeoning field, in a challenging demographic context. Despite the clinical need, major obstacles remain, particularly in the absence of specific geriatric psychiatry positions. Furthermore, the Québec healthcare system is going through a major restructuration in 2015, adding to the uncertainty. The 50th anniversary of the department of psychiatry at UdeM is an opportunity to underline the contribution of UdeM to the development of geriatric psychiatry in Québec, and to emphasize the specific needs of the elderly in terms of mental health care and geriatric psychiatry services.
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L’Institut Philippe Pinel et le Département de psychiatrie de l’Université de Montréal : des parcours intriqués
Anne-Marie Bouchard, Louis Morissette and Fédéric Millaud
pp. 229–237
AbstractFR:
L’Institut Philippe-Pinel (IPPM) et le Département de psychiatrie de l’Université de Montréal, qui célèbrent tous deux leurs 50 ans, ont des parcours intriqués et une longue histoire de collaboration. Dès sa conception d’ailleurs à partir de l’Hôpital psychiatrique de Bordeaux, l’IPPM se destinait à devenir un lieu de formation et d’enseignement dans le giron de l’Université de Montréal.
Unique dans sa mission d’offrir des soins psychiatriques de pointe et des évaluations médico-légales à une clientèle présentant un risque élevé de violence, l’Institut Pinel a aussi su, au fil des ans, faire sa marque dans l’enseignement aux résidents et stagiaires, dans l’organisation de colloques nationaux et internationaux, dans la recherche et la publication d’ouvrages reconnus dans le champ de la psychiatrie légale.
Avec à sa tête des directeurs généraux qui ont tous été psychiatres de formation, l’Institut a de tout temps contribué largement à la vie universitaire, par un engagement marqué de ses psychiatres au sein du Département. Avec l’arrivée de la surspécialité en psychiatrie légale, cet engagement et ce rayonnement ne peuvent que se poursuivre.
EN:
The Institute Philippe-Pinel (IPPM) and the Département de psychiatrie de l’Université de Montréal, who are both celebrating their 50 years, have intricated paths and a long history of collaboration. Since its conception (1964), the Institute Philippe-Pinel was planned to become a site for training and teaching in the bosom of the Université de Montréal.
Unique in its mission to offer state of the art psychiatric care and forensic assessments to patients presenting a high risk of violence, the Institute Philippe-Pinel, throughout the years, was also able to leave its mark by the way of academic teaching to psychiatric residents and trainees of all disciplines, of organizing national and international conferences, of research and by the publication of numerous articles and books in the field of forensic psychiatry.
With, from its beginning, psychiatrists at its helm, the Institute Philippe-Pinel has at all times greatly contributed to the academic activity of the department. Highly committed psychiatric clinicians and professors were always involved at all levels of the psychiatric department. With the coming of the forensic subspecialty, the commitment and influence can only continue.
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La médecine du sommeil : 1965-2015
Jacques Montplaisir
pp. 239–255
AbstractFR:
La médecine du sommeil a maintenant 50 ans. À l’Université de Montréal, le Centre d’étude du sommeil naissait il y a environ 40 ans et a grandi pour devenir en 2012 le Centre d’études avancées en médecine du sommeil (CÉAMS). Le CÉAMS, c’est 14 chercheurs, plus de trente stagiaires de recherche et un personnel hautement qualifié. C’est un laboratoire de 1,500 mètres carrés comprenant 10 salles d’enregistrement polygraphique du sommeil, 3 laboratoires d’isolation temporelle pour l’étude des rythmes circadiens, un laboratoire d’enregistrement EEG à haute densité, un système d’imagerie SPECT à haute résolution et une clinique qui agit comme lieu de formation clinique et comme centre de référence pour plusieurs pathologies du sommeil, telles que la narcolepsie, le bruxisme, le syndrome des jambes sans repos et le trouble comportemental en sommeil paradoxal. Cet article raconte l’histoire du CÉAMS, ses principales réalisations et ses projets d’avenir en parallèle avec le développement général de la médecine du sommeil.
EN:
The Département de psychiatrie de l’Université de Montréal houses one of the first sleep centers founded 40 years ago. This center contributed to virtually every aspect of sleep medicine. It grew considerably over time to become one of the largest sleep centers worldwide. It is now called the Center for Advanced Research in Sleep Medicine (CARSM). Fourteen researchers and more than 30 research PhDs and postdoctoral fellows are working together in a 1,500 square-meter facility that includes separate units for fundamental and clinical studies and for the sleep disorders clinic. It has 10 polysomnographic recording rooms, 3 isolated units devoted to chronobiological studies, a high resolution SPECT imaging laboratory specifically devoted to sleep research, a high-density EEG unit and a psychophysiological laboratory to study the interaction between pain and sleep. This article relates the history of the CARSM and also presents a personal sleep odyssey.
The CARSM has been very active in the description of clinical features and definitions of the phenotype of most sleep disorders. It contributed specifically to the development of diagnostic tools in narcolepsy (the multiple sleep latency test in different age groups), in nocturnal epilepsy (development of a method to localize the primary focus using in-depth electrodes recording during rapid eye movement sleep), in sleep bruxism (a method for scoring masticatory muscle activity during sleep and definition of cut-off values), in the restless legs syndrome (RLS: the suggested immobilisation test), in sleepwalking (sleep deprivation and experimental awakenings) and REM sleep behaviour disorder (RBD: development of the first polygraphic method to diagnose RBD).
The CARSM also contributed to the knowledge on the epidemiology of sleep disorders, conducting the first population-based prevalence study of RLS and of sleep bruxism. Researchers at the CARMS also looked at the impact of sleep disorders like narcolepsy, RLS, sleep apnea and the parasomnias on daytime cognitive functions and cardiovascular health. The CARSM collaborates with researchers throughout the world to elucidate the genetic bases of several disorders, especially narcolepsy, RLS, RBD and parasomnias in children and adults, through large well-defined cohorts of patients and normal subjects.
Finally, the CARSM has made original contributions to the development of new treatments of sleep disorders, especially the dopaminergic treatments of RLS (first with levodopa and then with pramipexole). Current research also involves the identification of prodromal markers of Parkinson disease and dementia in patients with RBD as to build a ready-to trial cohort to test the efficacy of neuroprotective agents.
In summary, the CARSM is a center dedicated to basic and clinical research on sleep and circadian rhythms. It is located at the Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal but involves several other researchers at the Université de Montréal and at other universities in Canada and in the world.
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Le développement d’une approche clinique pour les troubles du sommeil en pédopsychiatrie
Roger Godbout
pp. 257–274
AbstractFR:
Les sciences de la santé souffrent d’insomnie : ses experts ne veillent trop souvent que sur les phénomènes associés à l’état d’éveil. Heureusement, quelques-uns défient l’horloge et se consacrent au « tiers obscur de la vie » : le sommeil. Cet article porte sur l’interface entre le sommeil et la pédopsychiatrie. La première partie décrit d’abord l’histoire du développement du laboratoire de recherche sur le sommeil et les troubles de la santé mentale, les premières recherches qui y ont été faites sur le sommeil dans la schizophrénie et l’autisme, puis le développement de la Clinique des troubles du sommeil pour enfants et adolescents de l’Hôpital Rivière-des-Prairies. La deuxième partie décrit d’abord l’impact d’un mauvais sommeil sur le fonctionnement diurne des enfants et adolescents en général puis rapporte des données statistiques sur la fréquence des troubles du sommeil et leurs conséquences cliniques chez les enfants et adolescents avec un diagnostic psychiatrique. On présente ensuite la Clinique des troubles du sommeil de l’Hôpital Rivière-des-Prairies, qui s’adresse spécifiquement et sélectivement aux enfants aux prises avec un diagnostic psychiatrique, puis on en résume le mode de fonctionnement et la démarche clinique.
EN:
Objectives Health sciences suffer from insomnia: experts too often concentrate their efforts on the wake state. Fortunately enough, some of them have taken the road towards the “Dark Third of Life”: sleep. This article gives an historical account of the development of the first Canadian sleep disorders laboratory and clinic specifically and selectively designed for children and adolescents with a psychiatric diagnosis. It then stresses the importance of sleep in children bearing a psychiatric diagnosis and summarizes therapeutic strategies.
Methods Data-on-file and selective review of literature.
Results An innovative scheme matching sleep psychologists and psychiatrists with expertise in neurodevelopmental disorders led to the creation of a sleep research laboratory on mental health disorders. The initial research projects on the sleep and dreams of patients with schizophrenia and persons with autism are summarized. The Sleep Disorders Clinic for Children and Adolescents was then created at the Hôpital Rivière-des-Prairies, leading to much needed activities focused on youth. Indeed, sleep disorders show a high prevalence in children with a psychiatric diagnosis and the literature shows that these children have an increased sensitivity for diurnal effects of poor sleep. The main sleep-relevant issues at stake are reviewed, including the high frequency of sleep disorders in pedopsychiatric patients. Clinical challenges are described and the operating mode of the Sleep Disorders Clinic is illustrated.
Conclusion Sleep disorders and their effects on daytime functioning need to be assessed in children with a psychiatric diagnosis in order to generate a full clinical picture. Appropriate tools and know-how are readily available in order to achieve this goal.
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L’histoire de la science du stress : de Hans Selye à la découverte des anti-inflammatoires
Sonia Lupien
pp. 275–286
AbstractFR:
Pour faire une grande découverte scientifique qui marquera l’histoire, cela prend beaucoup de détermination, de créativité, de persévérance et de chance. L’histoire de la découverte du stress et de ses fondements biologiques est une histoire fascinante qui met au premier plan Dr Hans Selye, grande figure scientifique ayant enseigné à l’Université de Montréal de 1945 à sa mort, en 1982. Dr Selye était un homme curieux, rigoureux et travaillant. Sa grande détermination à comprendre le « syndrome de l’air malade » le mena à découvrir le rôle joué par les glandes surrénales dans la réponse du stress et à mieux comprendre les effets des glucocorticoïdes sur le corps. Ses travaux ont aussi mené à la découverte des anti-inflammatoires, les wonder drugs des années 1950, qui sont aujourd’hui étudiées pour leurs effets potentiellement positifs dans certains troubles mentaux. Aujourd’hui, la totalité de la science du stress et beaucoup d’études en psychiatrie utilisent les fondements mis en place par Dr Selye. Dans le cadre des célébrations du cinquantième anniversaire du Département de psychiatrie de l’Université de Montréal et du numéro spécial de la revue Santé mentale au Québec, je résume l’histoire des découvertes de ce grand chercheur ayant oeuvré au Québec de 1945 à 1982.
EN:
To make an important scientific discovery that will make history takes a lot of determination, creativity, perseverance and luck! The story behind the discovery of stress and its biological basis is a fascinating one that places Dr. Hans Selye in the forefront. Dr. Selye was a great scientist that taught at the Université de Montréal from 1945 to his death in 1982. Dr. Selye was curious and hard working. He was determined to understand how various disorders can lead to similar physical manifestations, and this interest led him to discover the role of the adrenal glands involved in the stress response and to better understand the effects of glucocorticoids on the body. Today, the science of stress is based on the foundations established by Dr. Selye. In celebration of the 50th anniversary of the Département de psychiatrie de l’Université de Montréal, and the special issue of the Revue Santé Mentale au Québec, this historical review summarizes the discoveries of this great scientist who worked in Quebec.
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Les Impatients : un parfum de santé
Céline Lamontagne and Lorraine Palardy
pp. 287–302
AbstractFR:
Modèle original et unique, les Impatients offrent aux personnes avec des problèmes de santé mentale la possibilité de créer en toute liberté. Que ce soit en art visuel, écriture, bande dessinée, musique et danse, les ateliers d’expression artistique ont pour but d’offrir aux Impatients la possibilité de s’épanouir par la création.
L’histoire des Impatients mérite d’être racontée en parallèle à une certaine histoire de la psychiatrie. L’acceptation et la reconnaissance de l’organisme par le milieu, la recherche d’un lieu signifiant ont été un travail de longue haleine. De 1989 à aujourd’hui, l’implantation et la croissance de l’organisme se sont déroulées progressivement. Le nombre de participants et de lieux augmente d’année en année et le partenariat avec différents organismes institutionnels et galeries d’art s’accroît. En 2015, ce sont : 48 ateliers et 450 personnes par semaine dans 8 lieux au Québec.
Des activités de diffusion, des événements marquants, des projets fous, les Impatients se distinguent par leurs réalisations : expositions, publications, disques compacts, concerts, soirées de lecture, etc. L’originalité consiste, entre autres, en l’exploration des liens entre le travail des participants et celui des artistes professionnels.
Les Impatients contribuent à la réinsertion des personnes dans la communauté. Les ateliers sont appréciés pour les impacts positifs sur les participants, notamment l’amélioration de l’estime de soi, la stimulation de la créativité et de la curiosité, la rupture de l’isolement, le développement d’un sentiment d’appartenance et la réduction de la fréquence et de la durée d’hospitalisation.
L’histoire des Impatients, leurs réalisations et les témoignages démontrent combien ils sont des précurseurs en matière de rétablissement.
EN:
The organization called “Les Impatients” was founded in 1992. Using a unique model, Les Impatients welcomes those with mental health issues who would like to express themselves through art. Les Impatients offers free creative workshops and encourages exchanges with the community through the sharing of its participants’ creations. The name Les Impatients reinforces the idea that the organization does not consider those attending its workshops as patients, but rather creators who are eager to heal, develop their craft and find their place in society. The participants contribute to the collective objective of breaking down the stigma that surrounds mental illness.
Les Impatients collaborates with various mental health organizations in Quebec, such as the Institut universitaire en santé mentale de Montréal (IUSMM) affiliated to the Université de Montréal, Douglas Mental Health University Institute (DMHUI), the Centre de santé et services sociaux Drummond (CSSS Drummond) and the Centre de santé et services sociaux Pierre-Boucher (CSSS Pierre-Boucher). Les Impatients offers more than 48 workshops in eight different locations to around 450 participants each week.
Dissemination activities, remarkable events, original projects: Les Impatients stands out through its realizations. Examples are exhibitions, collections of love letters, comic books, CD, concerts, and reading nights. The organization’s originality resides in the exploration of the links between the work of the participants and that of professional artists. An illustration of this interest is the annual Parle-moi d’amour auction-exhibition, which has been one of Les Impatients’ major events since 1999.
As part of its mission, Les Impatients conserves the works of art created by the participants during the workshops. Its collection includes more than 15,000 works of art from Les Impatients as well as pieces donated by collectors of unconventional art, commonly known as “art brut” or “outsider art”. The Collection is characterized by its scientific and artistic potential as well as its connection with the art brut/outsider art movement. That makes it an exciting endeavour for the world of art and social sciences.
Les Impatients workshops are appreciated by the participants because they improve self-esteem, stimulate creativity and curiosity, break isolation, contribute to develop a sense of belonging and reduce both the frequency and the length of hospitalization. For these reasons and many more, many participants have reported the positive impacts of their involvement in the arts on their recovery. The innovative activities can also be seen as enhancing the patients’ recovery process.
Pioneers in the field of recovery, Les Impatients is a forum where the participants, their loved ones, the team, the artists and the community can meet and exchange. Those encounters constitute great opportunities to break the stigma that surrounds mental illness, one of Les Impatients’ core objectives.
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Cinquante ans de résidence : nécessité et pertinence de l’ARPUM
Alexis Thibault
pp. 303–313
AbstractFR:
Dans le contexte des festivités du cinquantenaire du Département de psychiatrie de l’Université de Montréal, un travail pour retracer l’historique de l’Association des Résidents en Psychiatrie de l’Université de Montréal (ARPUM) a été entrepris. Comme les mandats de l’Association reflétaient les préoccupations du temps, une mise en contexte et une exploration de ce qu’était la résidence à chaque période-clé ont également été tentées. Pour mener à bien cette tâche, plusieurs psychiatres ayant participé activement à l’Association ont accepté de témoigner et de fournir des archives personnelles, afin de décrire les différents événements au moment où ils étaient membres actifs. D’abord, une brève exploration du contexte « historico-politique » qui a mené à la création de l’organisation est offerte. Les conditions de formation et de travail des résidents à cette époque sont relatées, permettant la compréhension des revendications premières alors que le regroupement était naissant. Des sauts historiques sont ensuite proposés, de décennies en périodes marquantes, pour en arriver à dresser un portrait des principaux enjeux académiques, cliniques et organisationnels, dont s’est saisie l’Association au fil de l’évolution du programme de résidence. Le mandat social du regroupement, tout comme les différents enjeux internes, sont aussi exposés. Enfin, un plaidoyer sur les impacts positifs considérables qui ressortent des échanges entre l’ARPUM, le programme de résidence, et le Département de psychiatrie de l’Université de Montréal clôt le texte, mettant la table pour que la longue et fructueuse conversation se poursuive.
EN:
Objectives In the context of the fiftieth anniversary celebrations of the Département de psychiatrie de l’Université de Montréal, the present article offers to retrace the history of the Psychiatry Resident’s Association (ARPUM). Since the Association’s activities and demands reflected the concerns of the time, a depiction of the Residency Program and exploration of the historical and administrative context, in each key period, is also undertaken.
Methods Multiple psychiatrists from every decade, who were once active members of the Association, were interviewed and asked to describe the Residency Program at their time, with its positive and negative aspects, based on their own personal experience as a resident, but also as a member of the organization. The interviewees were also invited to share their recollections of the various Association’s demands, representations, activities and functioning, depending on the issues and periods. Various private and public archives were also used, in order to contextualize the residents’ experiences and the Association’s work.
Results A brief exploration of the historical and political context that led to the creation of the organization is explained. Training and working conditions of residents at that time are reported, enabling the understanding of the first demands when the group was born. Historical jumps are then proposed, from decades to decades, in order to depict key issues, whether they were academic, clinical or organizational, through which the Association worked, over the evolution of the Residency Program. The internal functioning and its occasional problems throughout the years are also described, as is the role in organizing social and educational events.
Conclusions The Residency Program is in constant mutation, and the Association has played its part in shaping the psychiatric training at the Université de Montréal. Multiple positive and tangible impacts were and are still made possible from the collaborative work between the Département de psychiatrie, the Residency Program and the Resident’s Association.