Abstracts
Résumé
Le travail de proximité auprès des jeunes en situation de grande précarité soulève chez les aidants beaucoup d’émotions et d’interrogations tout en les confrontant à leur propre souffrance et à leurs fragilités. Afin de les aider à aider et contrer le risque de traumatisation vicariante, des espaces de parole et des lieux d’échange avec un tiers ont été créés dans divers milieux d’intervention. L’objectif étant de permettre aux intervenants d’élaborer ce que leur travail leur fait vivre, et de préserver ainsi leur équilibre et leur capacité de penser. Par le biais de discussions cliniques de groupe ou individuelles, ces échanges favorisent la prise de distance et autorise de nouvelles perspectives du travail d’intervention. C’est pourquoi le soutien entre pairs est apparu un élément incontournable pour les psychologues et thérapeutes qui soutiennent non seulement les jeunes mais les intervenants qui les aident. La mise sur pied de nos rencontres de proximité, fruit de ce constat, permet de maintenir la flamme sans se brûler. La question de la marginalité des intervenants qui travaillent auprès des jeunes sans domicile fixe — de même que la nôtre — est soulevée. Tantôt par l’absence de lieu fixe de rencontre symbolisant traditionnellement la stabilité, tantôt par la flexibilité requise du cadre d’intervention pour joindre cette population, tantôt par l’ouverture à l’altérité et plus précisément à la différence qui dérange quand elle soulève l’angoisse que cet être désaffilié pourrait bien être soi ! S’agit-il vraiment de marginalité ou d’un positionnement particulier visant une dénonciation constructive de la stigmatisation, de l’exclusion injuste que subissent les jeunes qui présentent des problèmes de santé mentale et de toxicomanie qui les mettent à risque d’itinérance ? Ni missionnaires, ni sauveurs, simplement des accompagnants pleins d’espoir aux côtés d’individus qui veulent se tenir debout et avoir une place dans notre société.
Abstract
Outreach work with youths in a precarious situation raises emotions and questions in workers while confronting them with their own suffering and fragility. In order to help them help as well as counter the risk of vicarious traumatisation, spaces for talking and exchanging with a third party have been created in various intervention settings. The objective is to allow them to elaborate on what their work makes them feel and thus preserve their stability and their ability to think. Through group or individual clinical discussions, these exchanges favor distancing and allow new perspectives on their work. That is why peer support appeared as an essential element for psychologists and therapists who support not only youths but the workers who help them. The setting up of our outreach meetings—a result of our observation, allows keeping the flame alive without risking being burned. In this article, the issue of marginality in professionals working with homeless youths—as well as our own—is raised. It sometimes translates in the absence of a fixed location for a meeting symbolizing traditional stability, sometimes in the necessary flexibility of a framework to reach this population, sometimes in the openness to otherness and more precisely to a difference that disturbs when anxiety that this disaffiliated being raises, could well be our very self! Is it really marginality or a particular positioning aiming at constructive denunciation of stigmatization, unjust exclusion that youths with mental health and addiction problems sustain that place them at risk of homelessness? Neither missionaries, nor saviors are needed, but only hopeful facilitators working alongside people who want to stand up and take their place in society.
Appendices
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