Débat : Où va la psychiatrie ?

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  • Yves Lecomte and
  • Jean-François Saucier

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  • Yves Lecomte
    Ph.D., professeur, programme de DESS en santé mentale de la Télé-université du Québec.

  • Jean-François Saucier
    M.D., Ph.D., chercheur titulaire au département de psychiatrie de l’Université de Montréal.

Santé mentale au Québec a le plaisir de vous présenter le premier d’une série de débats sur la santé mentale. La production de cette nouvelle rubrique est née dans l’enthousiasme suscité par « l’amour des commencements », selon l’expression de Pontalis. Et comme toute démarche inaugurale, elle est tributaire des essais, des initiatives et de l’inévitable inexpérience qui ont marqué son élaboration. Aussi est-il bon d’en raconter l’histoire au lecteur. Le titre de ce débat premier, « Où s’en va la psychatrie ? », fut choisi en écho au dossier du même titre paru dans la revue en novembre 1981 . La rédaction du texte argumentaire devant servir d’inspiration aux participants du débat fut, quant à elle, confiée à Willie Apollon, Danielle Bergeron et Lucie Cantin, psychanalystes, formateurs de réputation internationale et fondateurs du centre de traitement psychanalytique pour jeunes psychotiques, le « 388 » de Québec. La rédaction s’est faite « à l’aveugle », les auteurs ne connaissant pas le nom des collaborateurs à qui serait soumis leur texte. Ils choisirent un style lapidaire, apte à susciter le débat. Par ailleurs, les collaborateurs ne pouvaient que se fier à leur interprétation pour réagir à l’argument, car aucune information supplémentaire sur ce texte ne leur était fournie, si ce n’est le nom des auteurs. Cette absence d’encadrement, due à l’inexpérience de la revue dans le domaine des débats écrits, a donné lieu à des écrits parfois plus musclés que prévu. Cette expérience a pu provoquer un malaise tant chez les auteurs de l’argument que chez les répondants et, si ce fut le cas, nous nous en excusons . Un mot maintenant sur les caractéristiques des textes du débat. La tâche demandée aux auteurs de l’argument était complexe. Comment envisager l’argument de base ? Comment cibler l’enjeu central à partir duquel réfléchir sur l’avenir de la psychiatrie ? Fondateurs d’un centre de traitement psychanalytique pour jeunes psychotiques existant depuis 1982, impliqués dans le traitement et la cure psychanalytique de sujets dits psychotiques au sein d’un programme global (Le 388), les auteurs ont choisi d’initier le débat par une question présentée sous la forme d’une affirmation, certes provocante, mais au coeur de leur travail : « Choisir entre science et clinique ». Le travail demandé aux collaborateurs, soit de réagir à l’argument, n’était pas simple non plus. Provenant de champs disciplinaires très différents, ils devaient réagir à un texte, relativement court et concis, présentant sur un mode assertif une question aussi large que celle de l’avenir de la psychiatrie, sans la possibilité d’obtenir de précisions. Cette formule, bien qu’ardue à certains égards, avait l’avantage de permettre une rétroaction avec le texte lui-même et ainsi stimuler des réflexions nouvelles. Le résultat s’est avéré un débat fait de positions contrastées, disparates, voire apparemment éclatées à une première lecture, mais qui se sont cependant révélées riches en elles-mêmes, de même qu’un éloquent reflet de la dynamique du milieu de la psychiatrie. Une première grille de lecture permet de constater que les idées émises sont fonction de l’expérience de chacun et de son champ disciplinaire ; psychanalytique, clinique, psychiatrique, communautaire, gestionnaire, chercheur, sociologique, psychologique. Une deuxième grille de lecture révèle, par ailleurs, qu’il y a eu, entre collaborateurs et argumentaires, une tentative de dialogue ou d’échange sur des points précis, d’une manière parfois conciliante, parfois confrontante, selon la présence ou l’absence d’affinités avec les idées développées dans l’argument. Enfin, une troisième grille de lecture dévoile l’existence d’un échange minimal, voire une absence de dialogue entre l’argument et les textes des collaborateurs. Ces grilles de lecture ne sont, bien sûr, pas exhaustives. Nous aurions pu aussi analyser …

Appendices