Abstracts
Résumé
L'étiologie sociale de la santé mentale, qui propose un lien causal entre les conditions de vie et l'occurrence de désordres mentaux, n'est valable que dans la mesure où une évaluation contextuelle des stresseurs psychosociaux est appliquée. En effet, si les événements de vie sont évidés de leurs conséquences environnementales, ils perdent leur pouvoir explicatif dans l'incidence des troubles mentaux. Cependant, lorsqu'ils sont évalués en fonction des conditions de vie de la personne, les stresseurs psychosociaux deviennent des déclencheurs et des facteurs de maintien significatifs. George W. Brown propose un modèle psychosocial d'agent précipitant et de facteurs de vulnérabilité liés à la signification et à l'impact d'un événement, en fonction du contexte factuel dans lequel il se produit et en fonction de l'historique biographique. La pauvreté devient une toile de fond déterminante pour la portée des événements. La méthode d'analyse contextuelle du LEDS (Life-Event and Difficulty Schedule) procède par une collecte complète et systématique de l'information factuelle sur les événements et sur le contexte, décontaminée des réactions émotionnelles et biais du répondant. Le plus, la grille d'analyse permet la qualification et l'organisation de cette information en maintenant une précision et une objectivité optimales. La démonstration empirique du pouvoir prédictif de l'analyse contextuelle est probante pour des désordres mentaux (dépression, anxiété, schizophrénie) et physiques (infarctus, appendicite, ulcères). Dans ce cadre d'analyse, la pauvreté, par les difficultés chroniques qu'elle génère, se révèle un facteur contextuel déterminant dans l'étiologie sociale des désordres mentaux.
Abstract
The author argues that social etiology of mental health, which suggests a causal link between living conditions and the occurence of mental disorders, is valid only when one applies a contextual evaluation of psycho-social stress factors. In that case, when life-events are cut from their environmental consequences, they are insufficient in themselves when trying to explain why mental disorders occur. However, once they are evaluated in function of the person's living conditions, the psycho-social stress factors become triggers and key to the person's stability. George W. Brown suggests a psycho-social model for a precipitative agent and for vulnerability factors linked to the significance and the impact of a life-event, relating also to the factual context at its origin and to the client's biographical history. Poverty then becomes a determining background for the life-event's repercussions. The LEDS (Life-Event and Difficulty Schedule) method of contextual analysis is based on a complete and systematical gathering of factual information on the events and on the context, stripped of the client's bias and emotional reactions. Furthermore, the grid of analysis allows one to qualify and organize this information while maintaining an optimal level of precision and objectivity. The empirical demonstration of the contextual analysis' predictive power is convincing in the case of disorders both mental (depression, anxiety, schizophrenia) and physical (infarction, appendicitis, ulcers). In such a frame of analysis and because of the chronic hardships experienced by the underpriveledged, poverty emerges as a determining contextual factor in the social etiology of mental disorders.