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Par son seul titre, le fort volume – plus de 500 pages – que vient de publier K. Luc Bulundwe[1] témoigne déjà de l’évolution de la recherche des trois dernières décennies sur les lettres dites « pastorales ». Pour une part, il se concentre sur la seconde lettre à Timothée, en la distinguant des deux autres qui se présentent aussi comme adressées par Paul à des individus, la première à Timothée et la lettre à Tite, auxquelles il a pendant longtemps été coutumier de la joindre et de l’assimiler. Il se propose en outre de clarifier le rôle particulier de 2 Tm en rapport non seulement avec le corpus des « Pastorales », comme on le fait le plus souvent, mais avec l’ensemble du corpus paulinien. Cet ouvrage reprend avec quelques modifications le contenu d’une thèse de doctorat rédigée sous la direction du Professeur Andreas Dettwiler et soutenue en septembre 2021 à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Genève, à laquelle celle-ci a accordé le prix Stella Genevensis.

L’exploration d’une nouvelle piste de recherche

Après une Introduction dense et très ramassée de cinq pages à peine, l’ouvrage contient trois parties. La première (p. 7-148), sous le titre « Repères historiques et méthodologiques », comprend trois chapitres.

Intitulé simplement Status quaestionis, le premier (p. 9-74), d’importance majeure, contient pour une part un état de la recherche présente, très à jour et bien documenté, sur les trois lettres désignées comme « pastorales » depuis le début du 18e siècle. Ce Status souligne le changement majeur survenu et accentué depuis la fin des années 1980 dans l’approche de celles-ci. Prédominante jusqu’alors, la corpus approach, comme on a pris l’habitude de la désigner dans les milieux anglophones, considérait les trois lettres comme un ensemble unifié du point de vue littéraire et théologique, si bien que les données de chacune pouvaient, en s’additionnant, être portées au compte de l’ensemble des trois. L’approche individuelle de chacune des trois lettres dans son contenu propre et ses particularités, si elle demeure encore minoritaire (p. 30), n’a pas cessé depuis le début de ce siècle de gagner du terrain, de sorte qu’il n’est pas exagéré de parler aujourd’hui d’un « réalignement de la recherche sur les Pastorales ».

Dans la plus grande partie de ce chapitre initial, Luc Bulundwe (dans la suite : L.B.) s’efforce de situer par rapport à cette évolution de la recherche celle qui va suivre sur 2 Tm, en en dévoilant d’emblée la problématique et les paramètres majeurs. Considérée comme une « unité littéraire cohérente » (p. 74), 2 Tm sera, dans ce travail, étudiée pour elle-même, en tant que distincte à certains égards de 1 Tm et de Tt, principalement par le ton et le genre littéraire : « …l’analyse de 2 Tm pour elle-même au sein de l’ensemble du corpus paulinien s’inscrit dans cette distinction des trois lettres dites pastorales qui permet de renouveler leur analyse » (p. 27-28). 2 Tm faisant référence à l’expérience et à l’héritage de Paul parvenu au terme de sa mission et de sa vie, on y détecte également des références plus ou moins nettes et explicites à la correspondance antérieure de l’apôtre, notamment aux sept lettres dites protopauliniennes (Rm, 1 Co, 2 Co, Ga, Ph, 1 Th, Phm), généralement considérées comme authentiques, ainsi qu’à la lettre aux Colossiens. Ce qui doit révéler quelque chose du rôle unique poursuivi par 2 Tm : rôle de clôture par rapport à l’ensemble du corpus paulinien en même temps que d’ouverture en regard du christianisme post-apostolique où elle entend perpétuer la mémoire de Paul et orienter la gestion de son héritage. Considérée comme dernière lettre de l’apôtre dans certains témoins anciens du corpus paulinien comme le canon fragmentaire de Muratori, présentant par ailleurs des différences, d’ordre lexical notamment, par rapport aux lettres de l’apôtre et des affinités à l’égard d’écrits chrétiens de la fin du premier siècle comme la lettre aux Corinthiens de Clément de Rome (p. 45), 2 Tm sera considérée dans cet ouvrage comme un écrit pseudonyme ou deutéro-paulinien, de plus d’une génération postérieur à la mort de Paul et dont la rédaction remonterait vraisemblablement entre 95 et 110, à une époque assez proche de celle d’Ignace d’Antioche et de Polycarpe.

Les chapitres qui suivent procèdent, sous différents angles, à l’exploration analytique et plus détaillée du texte de 2 Tm qui a conduit aux conclusions ainsi exposées de manière synthétique dans le chapitre initial.

Le chapitre 2 (p. 75-116) de la première partie commence par montrer comment, par son ton et son genre littéraire, 2 Tm se distingue de 1 Tm et de Tt. En 2 Tm, le ton, plus personnel, intime, par moments pathétique, reflète l’expérience d’un Paul désormais immobilisé, prisonnier et souffrant, parvenu au terme de sa vie et de sa mission. Ainsi se révèle-t-il différent du Paul des deux autres lettres, de type plus « administratif », faisant place au ton autoritaire et directif d’un apôtre itinérant toujours actif et distribuant à ses délégués, Timothée à Éphèse et Tite en Crête, des consignes – ou mandata principis, « commandements d’une autorité » (p. 112) – surtout relatives à la vie et à l’animation des communautés dont il leur confie la charge. L.B. expose encore en quel sens la perspective de la mort prochaine exprimée par Paul en 2 Tm 4,6-8 fait voir en celle-ci, selon le titre de ce chapitre, « un discours d’adieu épistolaire ». Rédigé sous la forme d’une lettre (p. 111-112), on peut en effet y reconnaître plus d’une demi-douzaine de « traits testamentaires » (p. 75), notamment la mention d’un dépôt légué par l’apôtre à Timothée, chargé à son tour de le transmettre à d’autres (2,2) afin d’assurer l’avenir de l’annonce de l’Évangile.

Sous le titre « Une herméneutique mémorielle », le troisième et dernier chapitre de la première partie (p. 117-148) présente « la démarche méthodologique retenue pour analyser 2 Tm ainsi que les raisons qui ont motivé ce choix » (p. 117). Puisque 2 Tm se présente comme l’ultime écrit de Paul et qu’elle appartient au genre de la lettre-testament, L.B. estime tout indiqué, pour rendre compte du rôle qu’elle a pu se proposer en rapport avec l’héritage paulinien, d’explorer une nouvelle piste de recherche en recourant aux notions développées par les théories sociales de la mémoire, en particulier celle de mémoire collective introduite par Maurice Halbwachs (1877-1945), celle de mémoire culturelle précisée par Johann Assmann (né en 1938 et décédé tout récemment, le 19 février 2024), et enfin le concept d’héritage essentiel dû à Barry Schwartz (né en 1946). Si, jusqu’à maintenant, certains passages de 2 Tm ont été déjà soumis à une approche mémorielle, un travail semblable n’a encore jamais été publié en relation avec l’ensemble de la lettre et, qui plus est, indépendamment des deux autres Pastorales (p. 412).

Vient ensuite la deuxième partie, la plus élaborée (p. 149-318), « Lecture suivie de 2 Tm au prisme de la mémoire ». Sa démarche et son approche sont annoncées, au terme de la première partie, comme

une analyse détaillée de l’ensemble (1,1 – 4,22). Les lunettes sont celles d’une herméneutique mémorielle et les points de contact avec le corpus paulinien servent de cadre pour l’examen du rôle de 2 Tm dans le corpus paulinien. La relation entre Paul et Timothée, son développement dans l’épître et ce qu’elle exprime de la façon dont l’« héritage essentiel » de Paul est pérennisé, forment le fil rouge de cette (…) partie. L’analyse suit le schéma classique de la méthode historico-critique.

p. 147-148

Cette partie centrale procède donc à un examen en cinq étapes de la lettre découpée en autant de sections (2 Tm 1,1-18 ; 2,1-13 ; 2,14-3,9 ; 3,10-4,5 ; 4,6-22) qui deviennent ainsi, successivement, l’objet des chapitres 4 à 8 de l’ouvrage. L’objectif étant de clarifier le rôle de 2 Tm à l’intérieur du corpus paulinien, une attention prioritaire est accordée à la détection d’échos à une collection de lettres de l’apôtre et à un « souci d’imitation et de promotion de certaines lettres de Paul considérées comme un “héritage essentiel” à gérer en situation de crise » (p. 147). Aux yeux de l’auteur, comme cela avait été souligné dès la première page de l’Introduction, cette lecture attentive de 2 Tm, à l’affût de la moindre évocation de l’expérience de Paul et de l’héritage qu’il a laissé, « démontre, à la lumière de la typologie d’Assmann, qu’après le Nazaréen, celui qu’on appelle “l’apôtre des nations” a représenté une figure symbolique à laquelle certains ont trouvé bon d’“arrimer” le souvenir des premières communautés chrétiennes » – entendons : non pas les toutes premières mais celles de la troisième génération.

Vient enfin la troisième et dernière partie de l’ouvrage, intitulée « Trois “lieux de mémoire” pauliniens » (p. 319-407). Le parcours précédent à travers 2 Tm a permis d’y repérer trois éléments majeurs en lien avec la mémoire de l’apôtre : a) les personnages, en premier lieu celui de Paul lui-même et de son entourage, d’abord Timothée puis les autres ; b) la mission de Paul et les lieux où elle s’est exercée ; c) les lettres de Paul. Personnages, lieux géographiques, lettres : tels sont donc les trois « lieux de mémoire » sur lesquels les trois derniers chapitres (9 à 11) font successivement le gros plan en en dressant une présentation systématique. Pour chacun des trois, ainsi désignés à partir d’une locution antique (loci memoriae) reprise par l’historien français Pierre Nora (né en 1931), on expose d’abord la façon dont il se présente dans les lettres antérieures de Paul auxquelles paraît renvoyer plus ou moins clairement 2 Tm et ensuite comment il se trouve repris dans la lettre elle-même, ce qui permet de mesurer la part de continuité et de rupture entre les deux (p. 321). Vu le questionnement concernant la référence à une collection déjà existante d’écrits pauliniens, la part du lion revient dans cette partie finale aux lettres comme « lieux de mémoire » (p. 373-404). Celles auxquelles 2 Tm paraît renvoyer de diverses manières ont été classées en trois catégories selon la fréquence des points de contact identifiée : a) Romains, Philippiens et les deux lettres aux Corinthiens dans la première ; b) 1 Thessaloniciens, Philémon et Galates – l’unique point de contact retenu étant Ga 2,16 en 2 Tm 1,9 – et c) finalement Colossiens. Cette dernière mise à part, on reconnaît dans cette liste les sept lettres que l’on désigne habituellement comme « proto-pauliniennes ». Comme si 2 Tm s’était proposé entre autres de délimiter de façon précise le corpus épistolaire constituant un élément majeur de l’héritage paulinien, ce que 2 Tm 2,8 désigne comme « mon Évangile ».

L’analyse a démontré que le genre littéraire et le contenu de la lettre façonnent et soutiennent la création d’une clé herméneutique pour lire et diffuser non seulement les Pastorales, mais une première collection d’écrits pauliniens. (…) Nous formulons ainsi l’hypothèse que 2 Tm n’a pas eu pour seul but de clôturer le corpus des Pastorales, mais une collection de lettres de Paul composées au moins des lettres proto-pauliniennes et de Colossiens[2].

Un pas en avant dans la « nouvelle recherche » sur 2 Tm

Tout sommaire qu’il soit, le condensé qui précède aura laissé entrevoir, je l’espère, la nouveauté et la pertinence de l’approche de 2 Tm pratiquée dans cet ouvrage, de même que la richesse des perceptions et des observations dont il rend compte à son propos. Ce qui ne peut être que le fruit d’une longue fréquentation du texte même de la lettre en même temps que d’une connaissance approfondie de la recherche à son sujet.

Ce travail, en tout cas, me paraît marquer un pas en avant dans ce qu’on pourrait appeler la « nouvelle recherche » sur 2 Tm. « Nouvelle recherche », on l’aura deviné, est ici à entendre de l’approche individuelle, prônée depuis quelques années, selon laquelle 2 Tm n’est à confondre ni avec 1 Tm ni avec Tt, avec lesquelles elle partage par ailleurs nombre d’affinités. Inévitablement, me semble-t-il, cette approche nouvelle est appelée à devenir prédominante, et à remplacer celle qui faisait considérer les trois lettres comme un ensemble unifié du point de vue littéraire et théologique. Au fond, on ne fera ainsi qu’étendre à l’étude des « Pastorales » un principe élémentaire déjà appliqué à celle du reste du Nouveau Testament. Même adressée à la même communauté, la première lettre aux Corinthiens, par exemple, n’est pas à confondre avec la deuxième qui lui a succédé, même à bref intervalle. La lettre aux Galates n’est pas à confondre avec celle aux Romains, même si les deux peuvent être considérées comme jumelles à tant d’égards.

Dans l’état de la recherche présenté en finale du premier chapitre (p. 68-71), L.B. fait écho à une hypothèse récente, elle aussi apparue dans la mouvance de la « nouvelle recherche », selon laquelle ce qui se présente comme la seconde lettre à Timothée se révèle non seulement distinct de 1 Tm et de Tt, mais, à y regarder de près, comme un écrit composite comportant lui-même des différences internes. Selon cette lecture, les deux extrémités de 2 Tm, le début (1,1-2,13) et la fin (4,6-22), témoignent d’un certain nombre de particularités qui ne se retrouvent pas dans la section centrale (2,14-4,5). On croit encore observer que celle-ci présente des affinités plus étroites avec 1 Tm et Tt, à la différence des deux extrémités qui, de différentes manières, s’avèrent plus proches des lettres de Paul. Comme s’il fallait voir dans la section centrale de 2 Tm une insertion plus tardive – vu ses affinités avec les deux autres « pastorales » – à l’intérieur d’une lettre déjà existante[3]. L.B. manifeste qu’il connaît bien cette représentation nouvelle, qu’il considère « bien inscrite dans l’hypothèse des fragments authentiques » (p. 69), ce qui, cependant, ne me semble pas tout à fait juste. Appliquée aux « Pastorales », en effet, l’hypothèse traditionnelle des fragments identifie ceux-ci à des passages, généralement brefs, sans rapport entre eux, disséminés ici et là dans les trois lettres, et dans lesquels on croit reconnaître plus ou moins arbitrairement le style de Paul. Alors que, selon l’hypothèse récente, ces passages ne sont pas éparpillés mais regroupés au début et à la fin de 2 Tm en deux sections qui, lues l’une à la suite de l’autre, dessinent une continuité parfaite – dont l’authenticité paulinienne peut prêter à discussion, tout en ayant de bons indices en sa faveur.

De cette hypothèse qu’il est loin d’écarter du revers de la main, L.B. souligne courtoisement le sérieux. Comme il l’a bien perçu, si elle remet en cause le caractère unifié et cohérent de 2 Tm (p. 74), cette façon de voir les choses permet notamment de rendre compte du fait que, selon la portion de la lettre qu’ils considèrent, tant les partisans de l’authenticité que ceux de l’inauthenticité peuvent y trouver des indices en faveur de l’une ou l’autre position (p. 69). Intéressé à travailler 2 Tm comme thèse de doctorat, il a choisi d’explorer une autre piste, en considérant la lettre comme un ensemble cohérent et en cherchant à mieux saisir le rôle qu’elle ambitionne de jouer sous sa forme complète au sein du corpus paulinien. La recherche ne progresse pas autrement.

Il est intéressant de constater que les deux approches, celle qu’illustre l’ouvrage de L.B. pour laquelle 2 Tm constitue ainsi un ensemble homogène (désignons-la comme l’approche A pour faire bref) et l’autre qui en souligne plutôt le caractère composite et bi-partite (approche B), s’accordent dans leur observation commune ou très rapprochée d’un certain nombre de données caractéristiques de la lettre, tout en les interprétant différemment. Sans prétendre à l’exhaustivité, j’en signale brièvement quelques-unes.

1. Le genre littéraire et le ton de 2 Tm

Pour les deux approches : le genre littéraire du testament en forme de lettre et le ton plus personnel comptent parmi les caractéristiques essentielles de 2 Tm.

Pour A : elles distinguent celle-ci de 1 Tm et de Tt.

Pour B : en réalité, ces caractéristiques se retrouvent principalement, sinon exclusivement, dans les deux extrémités de la lettre[4], en premier lieu la présence du « je » de Paul et du « tu » de Timothée en lesquels le ton plus personnel trouve son expression privilégiée. En outre, ces caractéristiques ne servent pas seulement à distinguer 2 Tm par rapport aux deux autres « pastorales », mais encore à distinguer deux parties à l’intérieur même de la lettre.

2. La répartition dans la lettre d’autres éléments caractéristiques de 2 Tm

Pour les deux approches : il se trouve en 2 Tm d’autres traits caractéristiques

Pour A : Ainsi en est-il en particulier de la référence aux trois « lieux de mémoire » pauliniens que sont les personnages, les lieux géographiques et les lettres de Paul. Les affinités par rapport aux lettres proto-pauliniennes en particulier relèvent de l’imitation, visant à mieux évoquer la mémoire de l’apôtre.

Pour B : en réalité, la référence aux personnes et aux lieux géographiques ne se retrouve pratiquement que dans les deux extrémités de 2 Tm comme le montrent le relevé statistique suivant :

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Concentrées de même en très grande majorité dans les deux extrémités[5], les affinités par rapport aux lettres protopauliniennes peuvent constituer des indices en faveur de l’authenticité.

3. La représentation du contenu de 2 Tm

Pour les deux approches : les grandes divisions de la lettre coїncident en partie.

Pour B : Selon le schéma précédent, 2 Tm comporte trois parties, celles du début (① : 1,1-2,13) et de la fin (③ : 4,6-22) formant une suite continue où se retrouvent de part et d’autre les mêmes caractéristiques (développements en « je-tu » ; ton personnel ; style épistolaire ; traits testamentaires) et entourant une section centrale (② :2,14-4,5) aux caractéristiques différentes (style en « tu » à l’impératif ; ton impersonnel et autoritaire, comme en 1 Tm et Tt ; concentration d’un vocabulaire absent chez Paul).

Pour A : le contenu de 2 Tm, tout en étant homogène et cohérent, peut être découpé non pas simplement selon l’ordre des chapitres[6], mais, nous l’avons vu, en cinq sections (p. 149-311 de l’ouvrage de L.B.) :

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Comme on peut l’observer, les sections ③ et ④ ont ainsi les mêmes délimitations extrêmes (2,14 et 4,5) que la section centrale du schéma précédent.

4. L’objectif de 2 Tm

Pour les deux approches : vu leur façon de représenter la production de 2 Tm, elles doivent toutes deux chercher à rendre compte de l’intention ayant motivé l’apparition de la lettre.

Pour A : tel est l’objet spécifique de l’ouvrage de L.B. pour qui l’objectif visé par le rédacteur de l’ensemble de 2 Tm vers la fin du 1er siècle a consisté en un rôle à la fois de clôture par rapport au corpus paulinien et d’ouverture quant à la gestion de l’héritage plus large de l’apôtre.

Pour B : l’insertion, après la mort de ce dernier, de la section centrale (2 Tm 2,14-4,5) à l’intérieur de ce qui pourrait avoir été effectivement la dernière lettre de Paul aurait pu viser à favoriser d’abord et avant tout la réception des consignes ainsi formulées au coeur de 2 Tm, de même qu’en 1 Tm et Tt. Tout cela en fonction d’une conjoncture nouvelle où il s’agissait de contrer des courants d’opposition dont font état les trois écrits et de faire accepter la mise en place de ministères nouveaux dont il est question dans deux d’entre eux.

Il faut souhaiter que la poursuite de la recherche dans la ligne d’une approche individuelle des lettres dites « pastorales » en vienne à approfondir et à clarifier encore les questions qui nous restent.