Revues critiques

SUR QUMRÂN ET LE PREMIER CHRISTIANISME

  • Jean Duhaime

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  • Jean Duhaime
    Professeur émérite, Université de Montréal

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Cover of Moïse sous le regard de la philosophie, Volume 76, Number 2, May–August 2024, pp. 165-305, Science et Esprit

Dans son ouvrage Jésus et les manuscrits de la mer Morte, dont l’original anglais a été publié aux États-Unis en 2019, John Bergsma se propose d’utiliser les Manuscrits de la mer Morte « pour nous donner un aperçu de la pensée et des usages du judaïsme au temps de Jésus » et montrer que bien des croyances, enseignements et pratiques du premier christianisme « sont beaucoup plus fermement enracinés dans le judaïsme et l’Ancien Testament qu’on ne l’a reconnu généralement » (p. 8-9). L’ouvrage comporte six parties totalisant seize chapitres. La première est une introduction aux Manuscrits de la mer Morte. Les quatre suivantes sont organisées autour des quatre sacrements qui font le plus l’unanimité parmi les chrétiens : le baptême, l’eucharistie, le mariage et l’ordination. La dernière traite de l’Église comme « société offrant le salut à ses membres » (p. 11). Bergsma rappelle d’abord l’histoire de la découverte des manuscrits de la mer Morte, vestiges d’environ un millier de manuscrits appartenant à une bibliothèque essénienne (p. 16). Après avoir résumé l’essentiel des témoignages des auteurs anciens sur les esséniens, il présente sommairement les textes les plus importants et les mieux conservés, dont ceux sur lesquels il appuiera ses rapprochements avec les des croyances et pratiques chrétiennes. Dans le deuxième chapitre, Bergsma décrit l’espérance messianique dont témoignent les manuscrits. Ils reflètent en général l’attente de deux Messies, l’un à caractère sacerdotal (le « Messie d’Aaron ») et l’autre avec des traits royaux (le « Messie d’Israël »). Un courant parallèle était focalisé sur une figure unique, celle de Melchisédech, à la fois prêtre et roi (Gn 14,18-20), qui devait bientôt se manifester pour « proclamer un jubilé surnaturel libérant le peuple de Dieu de la dette du péché et de l’esclavage de Satan » (p. 43). Selon Bergsma, « un essénien lisant l’évangile de Luc trouverait que les figures de Jean et de Jésus répondent aux attentes des ‘Messies d’Aaron et d’Israël’. De plus, il verrait que Jésus accomplit tout ce qu’on attendait de ce Melchisédech semblable à Dieu » (p. 50). Le baptême chrétien s’enracine dans le baptême de conversion offert par Jean le Baptiste. En se basant sur de nombreux parallèles qumrâniens, Bergsma estime que « la présomption que Jean ait eu des contacts avec les esséniens de Qumrân est très forte »  (p. 56). Le baptême qu’il offrait pour la rémission des péchés s’apparente aux rites de purification de cette communauté, qui devaient être accompagnés d’une « conversion sincère » pour être efficaces (p. 58). Mais, contrairement aux esséniens, Jean estimait que le message de salut de Dieu « devait rejoindre tous les hommes et pas seulement une élite en Israël » (p. 71). Il aurait créé son propre ministère tout en conservant certains traits de l’essénisme. Bergsma détecte aussi une influence essénienne chez un disciple du Baptiste, l’apôtre Jean, auteur du quatrième évangile. Le thème du baptême est abondamment présent dans cet écrit : il est évoqué non seulement lors de l’entretien avec Nicodème, (Jean 3), mais aussi dans les épisodes des noces de Cana (Jean 2), de la rencontre de la Samaritaine au puits de Jacob (Jean 4), de l’enseignement de Jésus au Temple lors de la fête des Tabernacles (Jean 7), de la guérison de l’aveugle-né (Jean 9), etc. Ces textes présentent des affinités de langage et de symbolique avec des écrits de Qumrân tels que l’Instruction sur les deux esprits (1QS 3,13–4,26) et les Hymnes. Bergsma dégage enfin « le sens originel du baptême » tel qu’il apparaît en lisant le Nouveau Testament à la lumière des Manuscrits de la mer …

Appendices