FR:
Dans le cadre d’une recherche sur les expériences de consentement et de non-consentement sexuel chez les jeunes adultes, 37 entrevues ont été réalisées auprès de la population étudiante de l’Université de Moncton. Une analyse thématique, situationnelle et systémique (Paillé et Mucchielli, 2012) de ces discours permet de reconnaître l’influence de la socialisation genrée, en particulier la socialisation sexuelle hétéronormative, sur la compréhension du consentement et de la violence à caractère sexuel des étudiantes et des étudiants. On remarque que les stéréotypes féminins de vulnérabilité, de passivité, de gentillesse et de pureté contribuent à la difficulté des femmes à faire valoir leur non-consentement, à affirmer leur consentement, ainsi qu’à leur tendance à se responsabiliser face aux expériences de violence sexuelle vécues. Chez les hommes, les normes de la masculinité hégémonique contribuent à la fois à la difficulté à respecter ou à détecter le non-consentement chez le partenaire, à la banalisation de la violence à caractère sexuel et au déni de leur victimisation sexuelle. Il s’agit ainsi de normes hétérosexistes qui rendent la violence sexuelle possible et excusable, érigées en système qui fonde la culture du viol. Pour terminer, la nécessité d’un changement social d’envergure, d’une socialisation décloisonnée du genre et de la sexualité est mise en évidence.
EN:
As part of a research on students’ experiences of sexual consent and non-consent, 37 interviews were conducted with the student population of the Université de Moncton. A thematic, situational and systemic analysis (Paillé & Mucchielli, 2012) of these discourses reveals the influence of gendered socialization, in particular heteronormative sexual socialization, on the student’s understanding of consent and sexual violence. We note that the female stereotypes of vulnerability, passivity, kindness and purity contribute to women’s difficulty to assert their non-consent, to affirm their consent, as well as their tendency to hold themselves accountable for their experiences of sexual violence. For men, the norms of hegemonic masculinity contribute to the difficulty of respecting or detecting non-consent in the partner, to the trivialization of sexual violence and to the denial of their sexual victimization. These are heterosexist norms that make sexual violence possible and excusable, set up as a system that underpins rape culture. Finally, the need for a major social change, a diversified socialization of gender and sexuality, is highlighted.