Recherches sémiotiques
Semiotic Inquiry
Volume 41, Number 1, 2021 Économie & $émiotique II Economics & $emiotics II
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Cette livraison de RS/SI couvre exceptionnellement deux volumes (vol. 40, 2020, nos.2-3 et vol. 41, 2021, no. 1). En vertu de notre entente avec la plateforme Érudit elle est présentée ici en deux tomes (Économie & Sémiotique 1 et 2) dont l’ensemble correspond à l’intégralité de la version imprimée.
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This publication of RS/SI exceptionnally covers two volumes (vol. 40, 2020, nos.2-3 and vol. 41, 2021, no. 1). According to the terms of our agreement with the Érudit Plateform it is presented here in two tomes (Economics & Semiotics 1 and 2) which, together, correspond to the integrality of the printed version.
Table of contents (6 articles)
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Habits Die Hard: The Semiotics of Wolf Management in Finland
Juha Hiedanpää
pp. 233–251
AbstractEN:
Finland has struggled to formulate and implement policies for the national grey wolf (Canis lupus) population. Institutional adjustments were undertaken to improve wolf protection and human–wolf coexistence, but the wolf population has decreased. This calls for an explanation. I will apply Charles S. Peirce’s concept of habits and his semiotic theory to understand why it so difficult to design and implement a workable wolf policy. I intertwine Peircean methodology with the ontology provided by ecological economics and the analytic epistemic tools by old (traditional) institutional economics. Institutions exist to serve human purposes, and the modification of institutional infrastructure affects how social-ecological functions can still bring absent features of policy and management into existence. I therefore explicate the semiotic interplay of policy signs, objects, and interpretants in wolf management adjustments and consequent outcomes. Finally, the difficulty of habit formation for coexistence will be discussed and policy advice given.
FR:
La Finlande a eu du mal à formuler et à mettre en oeuvre des politiques concernant la population nationale de loups gris (Canis lupus). Des ajustements institutionnels ont été entrepris pour améliorer leur protection de même que la coexistence humain-loup. Malgré ces efforts, la population de loups a diminué. Cela appelle une explication. J’appliquerai le concept d’habitudes de Charles S. Peirce et sa théorie sémiotique pour comprendre pourquoi il est si difficile de concevoir et de mettre en oeuvre une politique viable concernant les loups. J’entremêle la méthodologie peircienne à l’ontologie fournie par l’économie écologique et les outils épistémiques analytiques de l’économie institutionnelle ancienne (traditionnelle). Les institutions existent pour servir des objectifs humains, et la modification de l’infrastructure institutionnelle affecte la façon dont les fonctions socio-écologiques peuvent encore faire exister des caractéristiques absentes de la politique et de la gestion. J’explique donc l’interaction sémiotique des signes politiques, des objets et des interprétants dans les ajustements de la gestion des loups et les résultats qui en découlent. Enfin, la difficulté de la formation d’habitudes pour la coexistence sera discutée et des conseils politiques seront donnés.
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Peircean Perspectives on the Global Climate Change Controversy
Victor R. Baker
pp. 253–267
AbstractEN:
The global climate change controversy is arguably the most important problem currently facing humankind. It involves seemingly insurmountable, conflicting issues of economics, science, politics, and philosophy. This essay suggests that, on the pathway to modernity, a kind of “wrong turn” was taken in these disciplines, involving problematic presumptions about phenomenology, logic, and metaphysics. A possible correction for current disfunctions, notably in the relation of economics to the physical sciences and political action, may found in the semiotic and pragmatist perspectives of the scientist/logician/philosopher Charles Sanders Peirce (1839-1914).
FR:
La controverse sur le changement climatique mondial est sans doute le problème le plus important auquel l’humanité est actuellement confrontée. Cela implique des problèmes apparemment insurmontables et contradictoires d’économie, de science, de politique et de philosophie. Cet essai suggère que, sur le chemin de la modernité, une sorte de « fausse direction » a été prise dans ces disciplines, impliquant des présomptions problématiques sur la phénoménologie, la logique et la métaphysique. Une correction possible des dysfonctionnements actuels, notamment dans le rapport de l’économie aux sciences physiques et à l’action politique, peut se trouver dans les perspectives sémiotiques et pragmatistes du scientifique/logicien/philosophe Charles Sanders Peirce (1839-1914).
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Zombie Semiotics and the Economics of the Apocalypse
John Hartley
pp. 269–288
AbstractEN:
This paper explores the relations between economics and semiotics, using as its main conceptual lever the figure of the zombie. John Quiggin, Paul Krugman and others criticise the persistence of ‘undead ideas’ in economics. The paper applies this perspective to urban semiosis, where undead monuments have become key sites for staged conflict across the world. Working from Doru Pop’s critique of ‘zombie semiotics’, the paper turns from fiction to the realities of the digital semiosphere and technosphere. Using Juri Lotman’s model, it shows how the climate and coronavirus crises are globally mediated but not self-regulated. It identifies reflexive autocommunication as the means for semiospheric response to planetary crises. Zombie economics and conflict media spread fear of automation and ‘useless’ populations, while techno-entrepreneurs plan to abandon the planet to the apocalypse. It is left to autocommunication among teenage activists to contest the real zombies.
FR:
Cet article explore les relations entre économie et sémiotique, en utilisant comme principal levier conceptuel la figure du zombie. John Quiggin, Paul Krugman et d’autres critiquent la persistance des «idées mortes-vivantes» en économie. L’article applique cette perspective à la sémiose urbaine, où les monuments de morts-vivants sont devenus des sites clés de conflits mis en scène à travers le monde. Partant de la critique de Doru Pop sur la « sémiotique zombie », l’article passe de la fiction aux réalités de la sémiosphère et de la technosphère numériques. En utilisant le modèle de Juri Lotman, il montre comment les crises du climat et des coronavirus sont médiatisées à l’échelle mondiale mais pas autorégulées. Il identifie l’autocommunication réflexive comme le moyen de réponse sémiosphérique aux crises planétaires. L’économie zombie et les médias de conflit répandent la peur de l’automatisation et des populations "inutiles", tandis que les techno-entrepreneurs prévoient d’abandonner la planète à l’apocalypse. Il est laissé à l’autocommunication entre militants adolescents de contester les vrais zombies.
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A Critical Realist Theory of Money and Finance: Social Cognitive Semiotics as Metatheory
Todd Oakley
pp. 289–303
AbstractEN:
A nagging question for cognitive semiotics is, “What is the relationship between social structure and agency?” Answers to that question are as elusive as they are essential for explaining the social cognitive facets of meaningful interactions. Elusive in the sense that the social sciences have traditionally lacked ontological rigor in the investigation of social structures and their relationship to individuals. Indeed, the very idea of a social structure is a hotly contested ground. Critical in the sense that many participants within the cognitive semiotics programme aim to explain meaning-making as an emergent property of coordinated activities within normative institutions and organizations. This article aims to provide some measure of ontological rigor to social cognitive semiotics from a critical realist perspective as it applies to the semiotics of money and finance.
FR:
Une question récurrente pour la sémiotique cognitive est : “Quelle est la relation entre la structure sociale et l’agentivité?” Les réponses à cette question sont aussi insaisissables qu’elles sont essentielles pour expliquer les facettes cognitivo-sociales des interactions signifiantes. Elles sont insaisissables au sens où les sciences sociales ont traditionnellement manqué de rigueur ontologique dans l’étude des structures sociales et de leur rapport aux individus. En effet, l’idée même de structure sociale est un terrain vivement contesté. Elles sont essentielles dans la mesure où de nombreux promoteurs de la sémiotique cognitive visent à expliquer la création de sens comme une propriété émergente d’activités coordonnées au sein d’institutions et d’organisations normatives. Cet article vise à fournir une certaine rigueur ontologique à la sémiotique cognitivo-sociale dans une perspective informée par le réalisme critique telle qu’elle s’applique à la sémiotique de l’argent et de la finance.
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La sémiotique de l’économie politique : une sémiotique du pouvoir
Bernard Lamizet
pp. 305–315
AbstractFR:
C’est parce qu’elle suscite des procédures d’interprétation, et qu’elle s’inscrit, ainsi, dans le champ de la sémiotique, que l’économie constitue une des formes sémiotiques de la rationalité du politique. Cet article se fonde sur l’articulation de la sémiotique, de la logique politique et du lien entre politique et psychisme L’espace politique se fonde sur la rencontre entre les identités dont sont porteurs les acteurs qui se confrontent les uns aux autres, qui s’inscrivent dans l’échange, dans la monnaie, dans le change, qui en est une traduction, et dans une forme de méta-langage. La sémiotique de l’économie est une sémiotique politique, en ce que les politiques économiques sont des manifestations du pouvoir. La monnaie est une manifestation économique du pouvoir. L’institution de la monnaie et le remplacement du troc par l’échange manifestent la sémiotisation de l’économie. Forme de l’échange, la monnaie est comparable à la langue, à la fois parce que l’usage d’une monnaie dans un pays est lié au pouvoir qui l’impose et parce que la régulation de la monnaie et de ses usages, comme celle de la langue, est une des formes politiques de la domination d’un pouvoir sur l’économie. Mais c’est aussi sous la forme de la loi que la domination économique peut s’exercer et que l’économie se voit, ainsi, reconnaître sa dimension politique en termes sémiotiques. Enfin, si l’économie est politique, c’est parce qu’elle comporte une dimension d’imaginaire politique. En effet, de la même manière que, comme Lacan l’a montré, il importe d’articuler le psychisme autour de trois instances, le réel, le symbolique et l’imaginaire, il importe de définir ce que l’on peut appeler la dimension imaginaire de l’économie politique.
EN:
Since economy incites interpretations, it belongs to semiotics. Economy is one of semiotic forms of reasoning in politics. This paper deals with semiotics, the logic of politics, and the link between politics and psychology. The domain of politics is founded on the encounter between identities of actors expressed in exchange, in money, in trade, and in metalinguistic terms. The semiotics of economy is a political form of semiotics since money is an expression of power. The institution of money and of swap exchange are expressions of semiotization of the economy because money may be compared to language. The institution of money by power can be compared to the institution of language by political power. Economy also belongs to politics because there is in it an expression of utopia and of imagination. Hence, it is possible to apply to economy the three instances elaborated by psychanalyst J. Lacan : the real, the imaginary, and the symbolic.
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For What It’s Worth: Power of Symbols and Symbols of Power
Florian Coulmas
pp. 317–330
AbstractEN:
This short essay discusses a particular relationship between language and money. On the face of it (at face value?) the two are rather different; however, closer inspection shows them to have a number of similar properties, such as relying on mutual trust and being subject to a political regime. Accordingly, they also serve similar functions, which are explored here. The economy of language provides a framework for studying similarities and differences of these means of exchange. Particular attention is given to the power of language and the power of money.
FR:
Ce court essai traite d’une relation particulière entre langue et argent. À première vue (à leur valeur nominale?), les deux semblent plutôt différents; un examen plus approfondi montre toutefois qu’ils possèdent un certain nombre de propriétés similaires, telles le fait de s’appuyer sur la confiance mutuelle et d’être soumis à un régime politique. Conséquemment, ils remplissent des fonctions similaires qui sont explorées ici. L’ économie du langage fournit un cadre pour étudier les similitudes et les différences de ces moyens d’échange. Une attention particulière est portée aux pouvoirs du langage et à celui de l’argent.