Abstracts
Résumé
À travers le « Journal du botaniste » inséré dans La Quarantaine, Le Clézio révèle un pan de l’imaginaire scientifique propre aux découvertes : c’est en effet la figure de l’explorateur qui se dessine à travers ce personnage pétri de connaissances sur les plantes exotiques, parcourant l’île dans ses moindres recoins, collectant à la manière des anciens herboristes divers spécimens. En plus de dresser par ce biais une description riche et variée de la végétation de l’île Plate, le récit rappelle l’importance des voyages à la fois dans l’histoire de la circulation des plantes et dans la constitution de l’imaginaire scientifique lui-même. Pourtant, ce n’est pas John Metcalfe, le botaniste, mais bien Ananta, la guérisseuse et servante des bûchers d’origine indienne, qui détient le savoir nécessaire au traitement des malades atteints de la variole, un savoir populaire qu’elle transmet à sa fille, Surya. En plus de posséder des vertus salvatrices, le végétal se trouve à la base de l’alimentation des coolies, qui cultivent de petits jardins, alors que les Blancs ne comptent que sur la nourriture apportée par les bateaux. Le Clézio rappelle dans ce roman les liens étroits entre le végétal et l’humain, des liens qui semblent s’être distendus en raison de la spécialisation des savoirs, alors que dans l’imaginaire les plantes restent intimement liées à la vie humaine: « Ce sont les plantes qui sauvent les hommes » (268).
Abstract
Through the “Journal du botaniste” inserted in La quarantaine (1995), Le Clézio reveals a side of the scientific imagination specific to discoveries : it is the figure of the explorer which emerges through an erudite character who knows all about exotic plants, knows all the nooks and crannies of his island, and collects various specimens in a fashion that mimics the ancient herbalists’ ways. In addition to drawing up a rich and varied description of the vegetation of “l’île Plate”, the narrative reminds us of the importance of travels for both the history of the circulation of plants and the emergence of the scientific imagination. Yet it is not John Metcalfe, the botanist, but Ananta, the Indian healer and servant of pyres, who possesses the required knowledge of plants to treat patients suffering from smallpox. Hers is a popular form of knowledge that she also conveys to her daughter, Surya. In addition to their life-saving virtues, plants are the staple diet of the coolies, who cultivate small gardens, while the white men rely only on food brought by boats. Le Clézio stresses in this novel the close bonds that exist between plants and humans, bonds that appear to have been strained due to the white man’s specialization of knowledge, while in the imaginary, plants stay closely connected to human life : “It is the plants that save men” (268).
Appendices
Bibliographie
- BORGOMANO, M. (2006). “La Quarantaine de Le Clézio et le vertige intertextuel”. Cahiers de narratologie, [en ligne], no 13 : 1-8. URL : http://naratologie.revues.org/317 (consulté le 26 juin 2012).
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