Depuis 1994, le Vietnam connaît une croissance économique moyenne de 7 % par année, ce qui a entraîné un bouleversement majeur des activités dans ce pays : augmentation rapide de la population, urbanisation, industrialisation, intensification de l’agriculture et navigation commerciale qui ont amené une dégradation importante de la qualité de l’eau. En octobre 2004, le gouvernement vietnamien stipulait que l’environnement de la rivière Cau avait été pollué de façon importante, il était urgent qu’un programme global de protection de l’environnement y soit implanté. En 2009 selon les intervenants vietnamiens le mode de gestion de l’eau doit être modifié. La gestion sectorielle de l’eau s’est avérée inefficace pour préserver la qualité et la quantité des ressources en eau puisque plusieurs cours d’eau connaissent maintenant d’importants problèmes de pollution ou de conflits d’usage. Les limites administratives ne constituent pas le territoire approprié pour gérer l’eau puisqu’elles ne tiennent pas compte de l’ensemble du milieu naturel d’écoulement des eaux. La prise de décision sans concertation entre les acteurs peut entraîner des conflits quant aux objectifs à atteindre et aux actions à privilégier. Actuellement, les intervenants agissent dans leurs champs de compétences, sans tenir compte des besoins et des impacts des autres acteurs de l’eau. Le mode actuel de gestion entraîne un gaspillage d’argent puisque des efforts mis en aval peuvent être inhibés par des gestes posés en amont. Les problématiques actuelles en matière d’eau (pollution diffuse, gestion des débits, accès à l’eau, etc.) nécessitent donc une vision d’ensemble. L’approche préconisée par le gouvernement du Vietnam pour s’attaquer au problème de la qualité de l’eau est la gestion intégrée par bassin versant qui permet de tenir compte des interactions entre l’eau, la faune, la flore, l’occupation du sol et les activités humaines qui s’y déroulent. La prise de décision dans un contexte de gestion intégrée se base sur la connaissance des relations entre les diverses pratiques ayant cours sur le bassin et leurs effets sur le milieu. Elle vise à examiner l’ensemble des préoccupations et à y répondre de façon optimale. La gestion intégrée par bassin versant permet d’agir localement en conservant une vision globale du territoire et d’accroître la responsabilisation des usagers. La mise en place d’une gestion par bassin versant nécessite cependant de nombreuses connaissances et savoir-faire spécialisés concernant la météorologie, l’hydrologie, l’hydrogéologie, la géographie, le traitement des eaux, la modélisation mathématique, la télédétection, la sociologie, l’économie, etc. C’est donc dans cette optique et dans ce contexte qu’a été élaboré le projet de mise en place de la gestion intégrée par bassin versant (GIB) sur le bassin versant de la rivière Cau. Le projet a été développé en partenariat avec l’Académie des sciences et des technologies du Vietnam (VAST) et l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). Il a été financé en grande partie par l’Association des universités et des collèges du Canada (AUCC). L’objectif principal du projet est de fournir aux professionnels vietnamiens la formation, l’expertise et les outils nécessaires pour implanter une approche de gestion intégrée par bassin versant au Vietnam. Ce qui doit conduire à l’élaboration de scénarios d’intervention, afin d’être en mesure de définir les priorités d’action sur le terrain pour l’amélioration de la qualité de l’eau des rivières vietnamiennes. Le projet a débuté le 16 septembre 2006 et s’est terminé en 2013 en ce qui a trait à la formation de professionnels et à l’implantation de la GIB sur la rivière Cau. Cependant, avec les retards accumulés pour la finition des mémoires de thèse et des publications, on doit à toute fin pratique constater que le projet se termine et se concrétise pleinement avec ce numéro spécial …
Le projet Vietnam en quelques mots[Record]
Ce numéro spécial de la Revue des Sciences de l'Eau met un terme aux activités de ce projet et permet à différents intervenants de faire connaître les résultats de leurs travaux. Nous remercions la RSE d’en avoir permis la réalisation.