Abstracts
Résumé
Principal affluent septentrional du Congo, l’Oubangui à Bangui a un bassin transfrontalier, s’étendant en RDC (République démocratique du Congo) sur 499 000 km2. Quatre variantes du climat tropical humide influencent son régime selon un gradient pluviométrique sud-nord (1 600-1 000 mm) mais la soudano-guinéenne prédomine sur la majeure partie du bassin. Cet article caractérise les fluctuations des débits (Q) extrêmes (crues et étiages) de l’Oubangui et les tendances enregistrées dans le temps, au regard de la variabilité hydrologique notée depuis 1971. Des données de débits moyens journaliers extrêmes, maximum (Qmax) et minimum (Qmin) sur la période 1911-2014, ont été utilisées. Des tests statistiques (indices d’irrégularité R, recherches des tendances et changements de dates d’apparition des crues et étiages, etc.) leur ont été appliqués pour identifier parmi les périodes hydroclimatiques dans le bassin de l’Oubangui, laquelle détermine l’instabilité et/ou la stabilité du régime de ces extrêmes hydrologiques. Ainsi, les Qmax et Qmin ont connu une période de stabilité grossière, relayée par une baisse relativement plus sévère sur les Qmin (R = 0,64) que sur les Qmax (R = 0,56). Cette tendance est confirmée sur l’évolution du coefficient A (R = 0,56), alors que les indices d’irrégularité R ordinaire (R = 0,51) et décennal (R = 0,83), et le coefficient de tarissement (R = 0,59) présentent des degrés relatifs de hausse ou de sécheresse hydrologique sur l’Oubangui à Bangui. La corrélation Qmax/Qmin montre une tendance moyenne à la hausse (R = 0,51), laquelle ferait noter que la faible réduction des Qmax équilibre la baisse accentuée des Qmin. En effet, cette dégradation hydrologique est diversement notable sur l’Oubangui : 16 % de réduction sur les Qmax depuis 1975 contre 47 % sur les Qmin depuis 1982. Ceci confirme en outre l’ampleur de la sécheresse actuelle, tarissant ou disparaissant de sous-affluents. Aussi, les dates de crue sont elles passées d’octobre (1911-2014) à novembre (1971-2014) et celles d’étiage de mars-avril (1911-2014) à avril (1971-2014). Les crues d’inondation se réduisent aussi au profit des crues moyennes et des étiages de plus en plus prononcés. Cela est établi par les ruptures (segmentation de Hubert) montrant une baisse sur les Qmax (R = 0,84) et Qmin (R = 0,81). Dans ce contexte, une exacerbation de ces tendances positives ou négatives (baisse des crues et étiages, et/ou sévérité des étiages) engendrera de notables impacts sociétaux à Bangui et le long de ce corridor fluvial.
Mots-clés :
- Changements,
- extrêmes hydrologiques,
- Oubangui à Bangui,
- dégradation hydrologique,
- République centrafricaine
Abstract
The principal tributary draining northern Congo, the River Oubangui at Bangui, has a transboundary basin extending in the DRC (Democratic Republic of Congo) over 499 000 km2. Four wet tropical climate variants influence its regime according to a South-North rainfall gradient (1 600-1 000 mm), but with the Sudano-Guinean variant prevalence over the major part of the basin. This paper characterizes the extreme discharge (rising and low-water levels) fluctuations of the Oubangui River and recorded trends over time, as affected by the hydrological variability noted since 1971. Annual extremes (maximum and minimum) and daily mean discharge data over the 1911-2014 period were used. Statistical tests (R irregularity indices, research for temporal tendencies, and changes in the dates of flood and drought periods) were applied to these extreme discharges to identify which of the basin’s hydroclimatic periods determines the instability and/or stability of these extreme hydrological regimes. Thus, the Qmax and Qmin recorded an overall stability period, which was followed by a relatively more severe drop of the Qmin (R = 0.64) compared to the Qmax (R = 0.56). This trend is confirmed by the A coefficient evolution (R = 0.56), whereas the R irregularity normal (R = 0.51) and decadal (R = 0.83) indices, and the depletion coefficient (R = 0.59), show some relative degrees of either increasing discharge or hydrological drought. The Qmax/Qmin correlation displays an increasing average trend (R = 0.51), which suggests that the weak reduction of Qmax counteracts the accentuated drop of Qmin. Indeed, this difference in hydrological response is noticeable for the temporal changes in the Oubangui regime: 16% decline for Qmax since 1975 against 47% for Qmin since 1982. This observation confirms the severity of the current drought, with the drying-up or disappearance of sub-tributaries. Also, dates for increasing discharge have passed from October (1911-2014) to November (1971-2014) and those of low-water levels from March-April (1911-2014) to April (1971-2014). Severe floods have become less frequent, in favour of medium floods and increasingly marked low-water levels. This is established by break points (Hubert segmentation) showing a drop of Qmax (R = 0.84) and Qmin (R = 0.81). In this context, an exacerbation of these positive or negative trends (frequency and severity of floods and droughts) will generate noticeable societal impacts in Bangui and along this river.
Keywords:
- Changes,
- hydrological extremes,
- Oubangui at Bangui,
- hydrological degradation,
- Central African Republic
Appendices
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