Recensions

Doray, P., Laplante, B., Kamanzi, P. C. et Pilote, A. (2024). Enseignement supérieur et inégalités sociales : entre politiques publiques et parcours éducatifs. Presses de l’Université du Québec

  • Frédéric Deschenaux

…more information

  • Frédéric Deschenaux
    Université du Québec à Rimouski

Access to this article is restricted to subscribers. Only the first 600 words of this article will be displayed.

Access options:

  • Institutional access. If you are a member of one of Érudit's 1,200 library subscribers or partners (university and college libraries, public libraries, research centers, etc.), you can log in through your library's digital resource portal. If your institution is not a subscriber, you can let them know that you are interested in Érudit and this journal by clicking on the "Access options" button.

  • Individual access. Some journals offer individual digital subscriptions. Log in if you already have a subscription or click on the “Access options” button for details about individual subscriptions.

As part of Érudit's commitment to open access, only the most recent issues of this journal are restricted. All of its archives can be freely consulted on the platform.

Access options
Cover of Volume 50, Number 1, 2024, Revue des sciences de l’éducation

Après avoir constaté un important retard de scolarisation de la population québécoise dans les années 1960, une Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec a été mise en place. Elle a donné lieu à un imposant rapport, connu comme le rapport Parent, du nom de son président. L’importante réforme qui en découle dans les années 1960 mène à la mise en oeuvre de mesures visant l’accessibilité à l’enseignement supérieur (collèges et universités) sans égard à l’origine socioéconomique, partout sur le territoire québécois. Cette réforme a certainement porté ses fruits en améliorant de manière marquée l’accès à l’enseignement supérieur, notamment par le biais d’une nouvelle filière de formation, les collèges d’enseignement général et professionnel (cégep). Or, de récentes analyses pointent vers la persistance d’inégalités d’accès aux études postsecondaires. Ainsi, l’ouvrage de Doray, Laplante, Kamanzi et Pilote rassemble des analyses empiriques sur le développement de l’enseignement supérieur dans une perspective longitudinale assez peu mobilisée en sociologie de l’éducation et pourtant si révélatrice. Il compte 14 chapitres qui s’articulent en 3 parties. La première partie expose le cadrage théorique et une analyse des changements institutionnels et des mutations récentes de l’enseignement postsecondaire. La deuxième partie présente diverses analyses des parcours scolaires pour en exposer la morphologie ou leur diversification. Les contributions abordent des thèmes différenciés, comme le parcours des immigrants vers et dans l’enseignement postsecondaire, la segmentation scolaire, la ségrégation sociale et les inégalités d’accès au cégep ou les modalités d’accès à l’enseignement supérieur à travers des sélections successives. La troisième partie traite des parcours sous l’angle de l’expérience vécue par différents publics au sein du système scolaire, comme les jeunes immigrants, l’expérience de jeunes Québécois francophones qui étudient au collégial en anglais et l’expérience de jeunes autochtones en enseignement supérieur. De l’ensemble de ces analyses se dégagent des constats sur les plans individuel et structurel. Sur le plan individuel, Doray montre dans le quatrième chapitre que les parcours s’individualisent, ce qui indique que les individus peuvent s’affranchir des injonctions institutionnelles pour faire des choix scolaires qui répondent à leurs besoins. Ce faisant, le fait que le système éducatif permette cette individualisation démontre une souplesse au service de la poursuite des études (p. 95). Par ailleurs, la scolarité et le revenu des parents viennent influencer de manière marquée le parcours de leurs enfants. Moulin et Gingras, dans le huitième chapitre, exposent que la réussite scolaire des élèves se trouve améliorée pour les élèves dont les parents détiennent des diplômes universitaires. Et, en plus de la scolarité des parents, les enfants bénéficient également du fait de côtoyer des pairs ayant des parents avec des diplômes élevés, ce que les auteurs appellent le « double primat du capital culturel » (p. 162). Dans la même veine, Laplante et Bastien comparent, dans le treizième chapitre, la fréquentation de l’université au Québec et en Ontario, deux juridictions différenciées quant à leur position sur les droits de scolarité. Il en ressort que les droits de scolarité s’avèrent un obstacle pour accéder aux études universitaires pour les jeunes issus de familles peu scolarisées. Ce faisant, cet obstacle peut limiter la mobilité sociale et favoriser la reproduction sociale du milieu d’origine (p. 262). Il se dégage également des constats qui mettent en cause la structure du système scolaire, les pratiques de sélection qui s’y déroulent et les politiques publiques qui balisent le fonctionnement du système scolaire. Selon Kamanzi et Magnan, dans le deuxième chapitre, ces formes de ségrégation expliquent les inégalités dans l’enseignement supérieur. D’autres analyses réalisées par Kamanzi, Laplante et Doray, exposées dans le sixième chapitre, montrent que les élèves d’origine sociale favorisée sont plus susceptibles …

Appendices