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Sous la direction de trois professeur⋅e⋅s issu⋅e⋅s des sciences de l’éducation et de la psychologie à l’Université Laval, l’Université du Québec à Rimouski et l’Université du Québec à Trois-Rivières, l’ouvrage collectif Les pratiques inclusives en déficience intellectuelle est une référence mettant en lumière la richesse des pratiques inclusive auprès des personnes avec une déficience intellectuelle. Ce sont des pratiques favorisant le développement, l’autodétermination et la participation sociale. Elles aident à réduire la stigmatisation et l’exclusion, ce qui a des répercussions positives sur les plans de la santé, l’éducation, l’intégration sociale et le bienêtre des personnes avec une déficience intellectuelle. Précisément, ces pratiques par et pour les intervenant⋅e⋅s des milieux psychosocial, communautaire et scolaire « appell[ent] à la création de liens, à l’accès à l’information, ainsi qu’au partage des connaissances » (p. 1). Ancré⋅e⋅s dans une approche multidisciplinaire, les auteur·e·s proposent un portrait éclectique à l’image de cet objet d’étude par la multitude d’outils, de méthodes et de programmes qu’elles⋅ils mobilisent au Québec et ailleurs, dont la France, la Belgique, l’Italie et la Suisse. Chacun des 23 chapitres vise à favoriser la participation sociale des enfants et des adultes avec une déficience intellectuelle dans leurs différentes communautés, leur résilience et leur autodétermination, notamment par l’enseignement de la littéracie et de la lecture, l’intervention basée sur le jeu, l’apprentissage informel de la musique et l’éducation à la résilience. Cet ouvrage se divise en deux parties : une première qui a pour thème l’éducation, l’apprentissage et la transition de l’école à la vie adulte et une deuxième discutant de l’autodétermination, de la participation sociale et de la citoyenneté des personnes avec une déficience intellectuelle.
Au regard de ce collectif, nous admirons la diversité des thèmes abordés, dont l’utilisation des technologies, les programmes de formation à l’extérieur du cadre scolaire (par exemple, les camps de jours, les ressources de jour), le milieu professionnel, l’intensité variable des déficiences intellectuelles (c’est-à-dire légère, modérée, sévère et profonde), les pratiques émergentes et les pratiques inclusives en recherche. Ce grand éventail de réalités qui reflètent la complexité des vies des personnes avec (ou sans) déficience intellectuelle s’ancre avec cohérence dans un cadre théorique émancipatoire se détachant du modèle médical du handicap, tel qu’expliqué en début de livre.
Autant pour les adultes que les enfants avec une déficience intellectuelle, les pratiques inclusives sont mises en valeur par la communauté, le cercle social et les organismes publics et communautaires, notamment dans l’accompagnement et l’accessibilité aux services discutés dans cet ouvrage. Or, nous nous questionnons sur les réalités des personnes avec une déficience intellectuelle dans des situations familiales ou financières moins favorables à leur autodétermination et à leur participation sociale. Il serait intéressant d’approfondir les discussions sur les pratiques inclusives au-delà des conditions favorables, fréquemment issues d’un cercle social présent.
Malgré l’éventail de sujets abordés, nous observons toutefois que seule une minorité des chapitres aborde des enjeux propres aux adultes avec une déficience intellectuelle : à peine un peu plus du tiers de l’ouvrage discute de cette tranche d’âge. La prévention et l’intervention précoces sont priorisées en raison des ressources externes centrées sur les enfants. En ce sens, nous comprenons que l’ouvrage semble être le reflet des pratiques actuelles, bien que celles-ci ne permettent pas d’élaborer les différentes histoires de vie des adultes avec une déficience intellectuelle. Nous tenons tout de même à souligner que les auteurs et autrices, lorsqu’elles×ils discutent de ce concept chez l’adulte, favorisent explicitement l’autonomie de celles⋅ceux-ci, notamment par l’autoformation et la prise de décision à travers des formations en ligne, la formation à l’utilisation des technologies, l’expression de soi par les arts et le mentorat actif. Pour faire avancer les réflexions sur les adultes avec une déficience intellectuelle, nous pensons qu’il serait pertinent de développer davantage sur les personnes âgées, les parents, les personnes issues des diversités ethniques, sexuelles et de genres qui vivent potentiellement des réussites et des difficultés bien différentes de celles des enfants.
Il est aussi noté qu’une grande majorité des chapitres présentent les pratiques inclusives en matière d’intervention plutôt qu’en matière de recherche, ce pour quoi l’ouvrage s’adresse davantage à des membres du personnel intervenant plutôt qu’à des chercheur⋅se⋅s. En effet, seulement trois chapitres discutent explicitement de la recherche inclusive (soit la recherche participative, la recherche-action et les méthodes inclusives), dont deux textes dans le contexte français et belge. Malheureusement, l’ouvrage nous amène ainsi à penser que les pratiques inclusives sont moins présentes dans le monde de la recherche, spécifiquement en contexte de recherches québécoises. Nous pensons qu’il aurait pu être nécessaire de préciser qu’il est question de pratiques inclusives en intervention dans le titre de l’ouvrage. Dans de futurs écrits, il serait pertinent d’insister davantage sur la recherche inclusive, ses méthodologies et ses postulats promouvant l’émancipation des personnes avec une déficience intellectuelle.
À la lumière de notre lecture, le collectif Les pratiques inclusives en déficience intellectuelle est un livre pertinent, mettant en lumière la richesse des réalités des enfants et des adultes avec une déficience intellectuelle. Nous notons qu’il s’agit du premier ouvrage de ce type à paraitre au Québec, ce qui ajoute à son caractère novateur. Il saura, nous l’espérons, encourager la production d’autres ouvrages québécois discutant de pratiques inclusives et émancipatoires auprès des personnes marginalisées, comme c’est le cas pour les personnes en situation de handicap avec une déficience intellectuelle.