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Dans Réussir dans ma classe. 5 changements clés, Alain Dalongeville et Marc-André Éthier, respectivement professeur d’histoire et de géographie et professeur de didactique, proposent cinq changements afin de contribuer à la formation continue des enseignants et, par le fait même, à la réussite des élèves. Ils veulent guider les enseignants dans le changement de pratiques en sciences humaines encouragé depuis la réforme, puisque ceux-ci disposent de peu d’outils et de formation pour le faire.

Le premier chapitre propose le premier changement : faire émerger les représentations des élèves, qui en ont inévitablement, malgré leurs connaissances limitées sur la réalité sociale ou le territoire qui sera à l’étude. Les élèves ont des expériences qui leur permettent de hiérarchiser et de comparer ce qu’ils voient avec ce qu’ils connaissent déjà. Selon les auteurs, ceci peut s’effectuer en une dizaine de minutes en début de cours après avoir délimité les concepts centraux et secondaires de la matière à aborder. Même les représentations erronées peuvent être utiles quand on les compare avec les faits. Elles aident du moins à mieux cerner les erreurs qui peuvent être commises.

Le deuxième chapitre concerne l’étude de documents, exercice qui permet aux élèves d’être en contact avec différents points de vue. Selon les auteurs, la présentation de points de vue contradictoires participe à la dramatisation et donc, encourage la motivation des élèves. Les étapes à suivre afin d’utiliser les documents illustrant plusieurs perspectives sont ensuite présentées. Comme tout document n’est jamais totalement partial et dénudé de point de vue, ils proposent aux élèves de se mettre à la place de l’auteur et de mener des recherches sur lui.

Le troisième changement suggéré aux enseignants est de remplacer les questions par des missions. Le questionnement vient restreindre les élèves et les empêche de se poser d’autres questions. Les auteurs proposent donc de se fixer un objectif et de choisir une mission à attribuer aux élèves en fonction de celui-ci.

Le quatrième changement abordé par Dalongeville et Éthier concerne l’hétérogénéité des groupes qui, selon eux, devrait être utilisée à l’avantage des enseignants, et ce, en créant des occasions de socialisation entre les élèves. Le travail d’équipe ou collaboratif doit s’effectuer selon les forces et les faiblesses de chacun, celles-ci étant déterminées par l’adulte.

Le cinquième chapitre aborde le dernier changement proposé par Dalongeville et Éthier : évaluer le progrès plutôt que les connaissances des élèves. Les auteurs proposent de miser sur les évaluations diagnostiques et formatives. Ensuite, ils abordent les évaluations de connaissances et de compétences : ils proposent donc, à l’aide d’exemples, des moyens d’intégrer à une planification les évaluations diagnostique, formative et sommative.

Une des forces de l’ouvrage est que les auteurs proposent plusieurs situations-problèmes clés en main qui peuvent être facilement utilisées par les enseignants. En effet, les auteurs réunissent consignes, durée, documents requis, mission du travail, etc. dans des fiches et sous forme de tableaux. Ainsi, il serait tout à fait possible pour un enseignant qui le désire de reprendre les activités telles quelles et de débuter à l’instant l’opération des changements proposés par cet ouvrage.

Par ailleurs, ces fiches, qui concernent autant l’histoire que la géographie, s’appuient grandement sur le Programme de formation de l’école québécoise, une autre force de l’oeuvre. En effet, les auteurs ont le souci de montrer en quoi leurs idées et leurs exemples sont pertinents et en accord avec les attentes ministérielles.

Finalement, les auteurs se soucient manifestement d’offrir des pistes d’approfondissement pour compléter leurs propos. Chaque chapitre contient une bibliographie commentée d’environ trois ou quatre titres qui permettent au lecteur d’aller plus loin. Ainsi, les enseignants ont l’opportunité de parfaire leurs savoirs pédagogiques et didactiques.

Par contre, ces exemples concernent presque essentiellement le premier cycle du secondaire, ce qui peut être une limite. En effet, le livre de Dalongeville et d’Éthier prône la réussite des enseignants de tous les niveaux, mais n’aborde que très peu l’application des changements qu’ils proposent en troisième ou quatrième secondaire.

Une autre limite relevée est que le livre contient plusieurs segments différents qui viennent alourdir le texte. En effet, les auteurs s’intéressent autant au programme français que québécois et appuient leurs idées d’extraits provenant de ces deux documents. En plus des fiches d’exemple décrites précédemment, ils ajoutent des segments « bibliothèques des enseignants » pour clarifier certains concepts. Ainsi, l’information importante se perd dans tous ces segments différents et la structure de l’ensemble en parait moins précise.

Finalement, une troisième faiblesse concerne le fait que les activités proposées s’appuient sur la théorie et non sur la pratique. En effet, les auteurs citent énormément de sources. Tel que mentionné précédemment, ceci peut être un avantage. Cependant, les activités proposées ne semblent pas avoir été testées en contexte. Ainsi, un enseignant qui désire dédier dix minutes, tel que conseillé par l’ouvrage, à la découverte des représentations des élèves pourrait avoir à s’ajuster selon le niveau de participation des jeunes. Puisque le cadre théorique de l’ouvrage est très solide, le lecteur apprécierait surement que le cadre pratique le soit aussi.

L’utilité pédagogique de cet ouvrage est certaine. En effet, Dalongeville et Éthier remplissent leur but annoncé en introduction : contribuer à la formation enseignante. En effet, depuis les multiples réformes ayant eu lieu dans le système éducatif québécois, les enseignants sont constamment amenés à modifier leurs pratiques, en ayant rarement les ressources ou la formation pour le faire. Ce livre peut donc grandement aider ceux qui désirent améliorer leurs pratiques didactiques et pédagogiques en donnant un enseignement réfléchi, basé sur les compétences ainsi que sur les représentations des élèves.