En accord avec les principes fondamentaux de la psychologie béhavioriste, Powell, Honey et Symbalk (2016) conçoivent l’apprentissage en tant que « modification du comportement relativement permanente qui résulte d’une expérience vécue » (p. 3). Dans un premier temps, les auteurs se penchent sur l’apprentissage par conditionnement classique, qu’ils associent au déclenchement des comportements involontaires et inflexibles dans de nouvelles situations. Ensuite, ils abordent l’apprentissage opérant, désigné ici comme un processus régi par la loi de l’effet de Thorndike, reformulée par Skinner, qui stipule que c’est la nature des conséquences qui influence la probabilité future d’un comportement. Ainsi, si un programme de renforcement positif augmente la probabilité qu’un comportement se reproduise en conséquence de la présentation de stimulus appétitifs, les comportements d’échappement et d’évitement ont comme conséquence la suppression d’un stimulus aversif, tandis que ceux d’extinction affaiblissent la force d’une réponse. Pour Powell et coll. (2016), l’apprentissage social commence par l’observation des comportements et aboutit à la maitrise de soi. Dans les deux derniers chapitres, nous prenons connaissance du rôle des dispositions biologiques dans le processus d’apprentissage chez différentes espèces, y compris les humaines. Pour nous y amener, les auteurs font le point sur l’état de préparation biologique pour l’apprentissage de nouveaux comportements (la collaboration, la tromperie, le langage) et sur la capacité de mémorisation. L’ouvrage s’adresse en particulier aux étudiants, mais, grâce à la richesse des concepts et des théories, aux recherches fondamentales et aux pratiques évoquées, il peut s’avérer pertinent pour les professeurs et les chercheurs intéressés par le béhaviorisme. Afin de favoriser la maitrise de la matière par les étudiants, les auteurs font appel à plusieurs outils d’apprentissage et d’autoévaluation. Si la plupart semblent renforcer la motivation pour l’étude, les exercices « faites le point » risquent toutefois d’avoir un effet contraire. En effet, il nous semble que ces exercices interrompent trop souvent la lecture et affaiblissent le désir de la poursuivre. Dans leur ouvrage, Powell et coll. (2016) se rattachent à des concepts qui, habituellement, relèvent de la psychologie cognitive, tels l’engagement, la volonté, la maitrise de soi, la mémoire. En les analysant comme des comportements conditionnés par la nature, les conséquences et l’interaction des stimulus et influencés par les caractéristiques biologiques individuelles, ils montrent comment la psychologie béhavioriste peut expliquer l’ensemble des aspects qui caractérisent le processus d’apprentissage. De plus, par la présentation de modèles d’intervention dans le cas des comportements problématiques (agressivité, phobies, anorexie, etc.), ils font ressortir, encore une fois, l’étendue de l’apprentissage conditionnel. En même temps, on ne peut pas ignorer la place limitée assignée à l’apprentissage social, et ce, malgré son rôle dans l’évolution des espèces au fil du temps, particulièrement chez les humains. Pour terminer, il est regrettable que le livre ne compte pas un chapitre de conclusion. Étant donné la complexité et l’ampleur du contenu, cela aurait été pertinent.
Powell, R.-A., Honey, P.-L. et Symbalk, D.-G. (2016). Psychologie de l’apprentissage. Montréal, Québec : Chenelière Éducation[Record]
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Viorica Dobrica-Tudor
Université de Montréal