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L’ouvrage de Cambrone-Lasnes a comme objectif principal une analyse sociolinguistique comparée des représentations et des discours des locuteurs sur leur langue et l’usage qui en est fait dans les milieux scolaires de la Dominique et de Sainte-Lucie. L’analyse comparative a été motivée par les similarités du contexte géopolitique, historique, économique, culturel et plurilingue entre les deux îles.
Afin de bien présenter sa recherche, Cambrone-Lasnes a divisé son ouvrage en trois parties. Dans la première, l’auteure définit les notions de langues, les dynamiques de diglossie et de bilinguisme, pour ensuite faire un survol du contexte historique, géopolitique et culturel des réalités linguistiques des deux îles. Elle conclut cette première partie avec une analyse de l’aménagement linguistique dans les écoles. Dans la deuxième partie, Cambrone-Lasnes présente l’ancrage théorique des représentations sociales et leurs champs d’exploration en sociolinguistique. Enfin, dans la dernière partie, l’auteure se penche sur l’analyse des pratiques sociales en contexte plurilingue.
Puisque cet ouvrage est à visée double, sociolinguistique et didactique, autant les chercheurs en sociolinguistique que les enseignants en milieu plurilingue pourront bénéficier d’une lecture de cette recherche. En effet, l’auteure réussit à mettre en lumière les dynamiques entre les langues, tant au niveau que de leurs représentations que leur coexistence dans le milieu scolaire dominicain et saint-lucien. Comme le souligne l’auteure, l’existence d’un écart entre la langue d’instruction et les réalités linguistiques et culturels des apprenants met au jour les difficultés identitaires et les difficultés d’apprentissage de ces derniers. L’anglais standard, dans lequel sont dispensés les cours dans les deux états-nations, ne reflète souvent pas la réalité des jeunes locuteurs d’anglais régional ou du créole. De là surgissent les questions : Dans quelle mesure est-il pertinent d’introduire le créole à l’école en contexte dominicain et saint-lucien? Quelles approches plurielles des langues et des cultures sont à envisager pour ces deux états-nations en développement? Comment répondre aux défis du monde globalisé? (Cambrone-Lasnes, 2015, p.279). Les enjeux soulevés par les deux dernières questions représentent des réalités qui vont bien au-delà de celles de la Dominique et de Sainte-Lucie, d’où la pertinence de l’ouvrage ici présenté.
Avant de conclure, nous aimerions apporter une petite précision à l’analyse des langues officielles et nationales que fait Cambrone-Lasnes. L’auteure affirme qu’au Canada, comme le créole en Dominique et à Sainte-Lucie, le français et l’anglais ont un statut de langues nationales et non pas de langues officielles ce qui n’implique aucune valeur juridique (p.55-56). Au contraire, au Canada, le français et l’anglais sont des langues officielles au niveau fédéral, ce qui leur confère une valeur juridique dont se sont prémunies les minorités anglophones et francophones à plusieurs reprises.
Globalement, Pratiques et représentations sociales des langues en contexte scolaire plurilingue : étude comparée de la Dominique et de Sainte-Lucie est un ouvrage très pertinent mettant de l’avant la complexité des dynamiques des langues en contexte plurilingue. Bien que centrée sur la Dominique et Sainte-Lucie, cette recherche met en lumière les enjeux de pouvoir qui se donnent à voir dans le milieu scolaire des sociétés plurilingues dans un contexte de mondialisation.