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Les auteurs de cet ouvrage collectif interrogent l’évolution de l’école en s’appuyant sur la notion de mutation, fil conducteur des analyses organisées en six parties. Dans la première partie, les mutations sont étudiées sur le plan des normes et valeurs sociales entourant l’école, ainsi que des processus de perception et de subjectivation. Dans la deuxième partie, est examinée la contribution des politiques publiques aux mutations de l’école. Dans la troisième partie, les auteurs réfléchissent aux mutations sur le plan institutionnel, en tenant compte des pratiques pédagogiques et sociales, ainsi que des subjectivités individuelles des acteurs de terrain. La quatrième partie s’intéresse aux processus psychiques, cognitifs et sémiotiques sous-tendant les conceptions des enseignants, l’acte d’enseigner et les situations scolaires. La cinquième partie met l’accent sur les transformations de certaines disciplines scolaires. Enfin, la sixième partie porte sur les mutations des savoirs enseignés et des pratiques didactiques.
Ainsi, les analyses vont du macro au micro et elles sont réalisées d’un point de vue interdisciplinaire : sociologique, philosophique, historique, didactique. En principe, les auteurs de chaque chapitre devaient s’appuyer sur leurs travaux de recherche empirique pour identifier des mutations de l’école, sans pourtant être obligés de les présenter. Il en résulte que les données empiriques à l’appui des discussions théoriques ne sont pas claires dans tous les chapitres de l’ouvrage, ce qui constitue, à notre avis, l’une de ses faiblesses.
Par ailleurs, un des points de départ de l’ouvrage est une critique qui porte sur la multiplicité des termes servant à analyser le système éducatif (mutation, déclin, crise, renoncement, changement) et qui pose problème dans une lecture partagée et minimalement cohérente de l’école. Les auteurs choisissent donc la mutation comme concept opératoire. Cela dit, chaque auteur est libre de définir ce concept en fonction de son analyse. Ainsi, tout au long de l’ouvrage, on observe une variation constante, et même des contradictions, dans les significations de la notion de mutation. Cet ouvrage ne retombe-t-il donc pas dans le même problème que ses auteurs voulaient résoudre ?
Néanmoins, à leur décharge, les auteurs tentent de résoudre lesdites contradictions. Même s’ils ne parviennent pas à une conception commune de la mutation, ils présentent certains aspects qui relèvent et marquent, comme ils le soutiennent, la singularité et l’intérêt de cette notion de « mutation » en tant qu’opérateur théorique pour l’analyse de l’école.
En définitive, malgré certaines limites soulignées ici, les auteurs ont su présenter une continuité d’analyse bien structurée, du macro au micro, selon un point de vue interdisciplinaire, global et heuristique de la mutation, et cela, pour plusieurs dimensions de l’école. Ainsi, les chercheurs et les professionnels de l’éducation trouveront dans cet ouvrage des apports théoriques forts utiles et des analyses de problématiques actuelles qui, même s’ils sont discutés pour la plupart en contexte français, seraient pertinents dans plusieurs autres contextes sociaux où l’on voit de semblables évolutions de l’institution scolaire.