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L’ouvrage de Bustan représente un effort louable de présenter un modèle théorique et pratique de l’acquisition de la lecture et de ses difficultés. Cela dit, le talon d’Achille du livre est une omission flagrante de travaux scientifiques récents. Ainsi, les scientifiques noteront rapidement les faiblesses de construction dans la charpente, et les intervenants hésiteront à utiliser des outils non validés.
L’ouvrage comprend 21 chapitres regroupés en quatre parties. Dans une première partie est fait un survol des connaissances. Nous y apprenons : que les enfants dyslexiques font plus d’erreurs que d’autres enfants en retard d’apprentissage ; que la méthode d’enseignement syllabique est supérieure à celle des mots globaux ; que l’opacité de l’orthographe française explique, du moins en partie, la dyslexie. Ce sont, cependant, les chapitres 5 et 6 qui servent de fondement, à la deuxième partie du livre. Ces chapitres introduisent succinctement certains facteurs linguistiques et affectifs liés aux difficultés en lecture ainsi que certains modèles théoriques de la lecture et de son apprentissage.
Dans la deuxième partie, l’auteur tente d’intégrer dans un modèle les outils d’évaluation et les stades d’apprentissage de la lecture. Le modèle proposé comprend une période phonétique composée de trois stades (lecture sous-syllabique, syllabique et de mot séquentiel), suivie d’une période sémantique progressant entre les stades de mots globaux, de lecture courante et, finalement, de lecture expressive.
En troisième partie, Bustan propose un survol instructif des difficultés orthographiques propres au français. Enfin, la quatrième partie ouvre la discussion sur la remédiation. L’auteur y suggère une série d’activités d’apprentissage correspondant aux quatre premiers stades d’apprentissage présentés en deuxième partie de l’ouvrage. Les activités, d’une difficulté progressive, marient lecture et écriture.
Au premier abord, le manque de références bibliographiques récentes surprendra les chercheurs et les enseignants avertis. L’examen de la bibliographie révèle que, parmi la quarantaine d’ouvrages cités, six seulement ont été publiés après l’an 2000. Il en résulte une impossibilité de vérifier et d’approfondir les idées présentées. Ainsi, un lecteur bien informé ne sera pas nécessairement convaincu que les activités de remédiation sont efficaces et valides à la lumière des connaissances les plus récentes.
Quelques mots sur la forme. L’usage systématique d’entêtes et de sous-entêtes permet une lecture rapide. Cependant, le lecteur doit faire un effort considérable afin de comparer et d’intégrer les différentes idées présentées. Cette difficulté est peut-être due au fait que Bustan favorise des paragraphes très courts, allant d’une à trois phrases ; ce style plutôt télégraphique nuit à l’intégration hiérarchique des idées.
Faut-il recommander la lecture du livre ? Un public averti y découvrira quelques idées dignes d’intérêt. Par exemple, l’idée d’ajouter les difficultés d’articulation aux modèles d’apprentissage de la lecture est bonne. Par ailleurs, les enseignants y trouveront des idées d’activités à tester dans leur salle de classe. Néanmoins, les lecteurs cherchant à mettre à jour et à approfondir leur connaissance de la dyslexie seront malheureusement déçus.