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La plupart des douze chapitres de ce collectif axent leur propos sur trois domaines proches : la consommation responsable, l’éducation à la citoyenneté et l’éducation à l’environnement. Dès leur introduction générale, Adolfo Agundez Rodriguez et France Jutras (tous deux de l’Université de Sherbrooke) insistent sur la nécessité de mieux informer les populations des conséquences néfastes de la surconsommation, autant pour les individus que pour la préservation de nos ressources naturelles, contrairement à bien des discours publicitaires, de décideurs, de politiciens ou d’économistes obnubilés par la croissance et la recherche de nouveaux marchés (p. 8). Le point fort de ce livre interdisciplinaire réside dans la volonté des auteurs de se concentrer d’abord sur l’expérience et l’action, sans pour autant négliger les dimensions historiques, conceptuelles, éthiques et comparatives de l’éducation à la consommation.

Trois textes (chapitres 1, 10 et 11) se distinguent de l’ensemble : la contribution des chercheurs d’origine espagnole apporte un renouveau significatif, car ils centrent leurs interventions critiques sous l’angle de la surconsommation et de la consommation équitable. Ainsi, le chapitre d’ouverture de Juan Carlos Lago Bornstein déconstruit l’apparente « souveraineté du consommateur » et réussit à faire comprendre les raisons profondes qui justifient notre critique de la surconsommation, qui apparaît « comme annulation de l’individualité » (p. 20).

En filigrane, on se penche sur les manières d’intéresser les jeunes adolescents aux enjeux de la surconsommation, de les rejoindre, de les informer et de les impliquer (chapitres 9 et 12). Quelques chapitres y introduisent fort à propos le concept d’empowerment, qui vise à « mettre l’accent sur le renforcement graduel des capacités et des possibilités de choix » (p. 71). On aborde également les effets insoupçonnés de la surconsommation sur l’environnement en mentionnant par exemple la surpêche ou encore le surendettement (chapitres 5 et 10). Ici, le domaine de la consommation ne rime pas nécessairement avec l’alimentation, puisque l’on y traite également (et fort à propos) de la consommation culturelle au sens large (Chapitre 6).

Néanmoins, en dépit de son style clair et vivant, Enseigner et penser l’éducation à la consommation ne prétend pas servir de manuel et sera plutôt utile aux étudiants déjà avancés. Quelques points faibles doivent cependant être signalés. L’absence d’un index, ajouté à l’absence d’une conclusion générale risquent de compliquer le repérage par des chercheurs qui ne s’intéressent qu’à un seul aspect de cet ensemble. Enfin, mentionnons un décalage involontaire, qui n’est qu’un détail : les entêtes des pages de droite, dans les deux derniers chapitres (11 et 12), portent une mauvaise numérotation, soit 9 et 10, et laissent apparaître des titres erronés, provenant peut-être d’un autre ouvrage (p. 187-227).

Ouvrage nécessaire pour les bibliothèques publiques et universitaires, Enseigner et penser l’éducation à la consommation conviendra particulièrement aux étudiants qui envisagent des recherches de 2e et 3e cycles dans ce domaine où l’on trouve encore trop peu d’ouvrages en langue française.