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L’accroche se fait en trois temps, telle une valse des parcours d’orientation des jeunes : au coeur de l’organisation scolaire, lors de la transition au monde du travail en Suisse, à l’Université canadienne. Cependant, les autres pays, et notamment la France, n’en sont pas absents. En fait, le premier intérêt du livre est d’offrir une comparaison de plusieurs systèmes éducatifs, à travers des approches disciplinaires et méthodologiques diversifiées, avec toujours en filigrane la dimension longitudinale.
Guichard ouvre la danse et analyse la prégnance du système éducatif français sur l’orientation des jeunes, puis la compare avec d’autres organisations scolaires. En fait, la projection dans l’avenir d’un élève français se fait en termes d’évaluation scolaire : Qu’est-ce que je puis espérer, compte tenu de mon passé scolaire ?, alors que celle d’un élève finlandais est : Quel est l’avenir que je souhaite construire ? Cheminement, trajectoire, itinéraire, carrière, biographie, parcours… Toutes ces expressions font partie du langage courant dans la sphère de l’éducation ou de la formation, et témoignent du deuxième apport de l’ouvrage qui revient sur ces notions en référence aux théories sous-jacentes. La clé de lecture est donnée d’emblée par Doray pour qui le parcours est le seul terme pour définir une succession d’événements et de positions occupés par un individu au cours de sa vie.
Troisième intérêt, l’approche comparative selon la théorie des capabilités d’Armatya Sen. Les ressources offertes et les défaillances de douze systèmes éducatifs européens au moment du voeu d’orientation des jeunes sont analysées par Olympio qui termine sur cette interpellation pour la France : Comment se saisir des ressources lorsque les dés sont déjà jetés ? La théorie de Sen est aussi mobilisée par Hugentobler et Moachon qui évaluent les interventions sociales en faveur de 75 jeunes adultes fragilisés.
Un dernier apport est que les auteurs de l’ouvrage étudient des publics particuliers à des moments clés : en Suisse, la transition de l’école au travail pour 46 apprentis qui ont interrompu leur formation (Lamamra et Masdonati) ; les interactions en milieu de travail d’un apprenti en première et en quatrième année de mécanique (Duc) ; au Canada, les parcours de mobilité (Goyer) de 30 étudiants internationaux ainsi que ceux d’une centaine de jeunes issus d’un contexte linguistique minoritaire (Pilote et Magnan). Cet ajout de la mobilité mériterait d’être investigué encore plus au sein des systèmes secondaires professionnels très hiérarchisés comme en France, où les contraintes de mobilité géographique limitent les choix d’orientation liés à l’offre de formation professionnelle.
On ne peut terminer cette recension sans inciter vivement les lecteurs à lire ce livre. Un léger regret est de ne pas voir développer davantage, en conclusion, le positionnement des conseillers en orientation scolaire et professionnelle. Une manière d’appliquer le principe d’égalité des chances ne consisterait-elle pas à doter les individus de ressources nouvelles qui leur permettent de dépasser les capabilités inégales (au sens de Sen) de départ ?