L’ouvrage dirigé par mesdames Lafortune, Morisse et Cros présente des résultats de recherches menées en Belgique, en France, en Suisse et au Québec sur trois fonctions de l’écriture dans une perspective de professionnalisation : une fonction de médiation entre la théorie et la pratique, une fonction de support à l’évaluation et une fonction favorisant la construction de connaissances lors d’accompagnements professionnels. Les articles concernent, d’une part, le processus d’écriture en formation et, d’autre part, plus spécifiquement, l’écriture en situations professionnelles. Barré-De Miniac tient compte des difficultés liées à l’apprentissage du genre et de la position du scripteur dans l’écriture scientifique. La place de l’auteur dans le mémoire professionnel permet de construire l’identité professionnelle. Merhan s’intéresse, elle aussi, au genre et examine un corpus de quinze portfolios de développement professionnel. De son côté, Clerc examine les bilans de formation à l’aide d’une méthodologie très détaillée ; trois éléments permettent d’y saisir le processus en jeu : le rapport à la pratique, la redéfinition des concepts et la négociation des écarts entre concepts académiques et concepts quotidiens. Frechette, Legault et Brodeur explorent l’écriture de 79 messages déposés dans des forums de discussion par des stagiaires en enseignement secondaire. L’analyse québécoise est élaborée à l’aide d’une grille prenant en compte le cycle de l’autorégulation. Oudart et Leclercq souhaitent contribuer à formaliser une didactique de l’accompagnement à la suite de l’observation de mémoires professionnels de deux étudiantes pendant 18 mois. Trois modèles d’accompagnement émergent de cette recherche : normatif, spéculatif et dialogique. Cros s’intéresse aux conditions de l’expérience professionnelle : elle compare une écriture qualifiée de performative et une écriture plus factuelle. De son côté, Morisse se concentre sur la charge formative du processus réflexif de discours s’inscrivant dans l’agir professionnel. Des échanges entre pairs sont aussi analysés. Des règles d’action guident la pratique enseignante et orientent le soutien donné aux élèves. En France, Champy-Remoussenard et Starck étudient le dispositif d’écriture à partir des textes à distance et des entretiens de cinq inspecteurs de l’Éducation nationale. Finalement, Lafortune analyse le processus d’écriture en partant de la réflexivité des accompagnateurs sur les changements en milieu scolaire. L’article expose quatre constats à propos de l’écriture réflexive qui portent sur la prise de conscience, le regard critique, la planification et finalement, la clarification de la pensée. Les recherches présentées dans cet ouvrage sont soutenues par des courants disciplinaires divers : la linguistique, la sociolinguistique, la pédagogie, la didactique, l’anthropologie, la philosophie et la psychologie du travail, ce qui offre un intérêt certain. L’ouvrage permet aussi de dégager plus clairement l’objet de recherche (l’écriture liée à un processus de professionnalisation et le rapport à l’écrit) en vue de recherches futures. De plus, il propose par ricochet des pistes concrètes pour mieux orienter l’action de l’accompagnateur dans le cadre d’une formation visant le développement professionnel.
Morisse, M., Lafortune, L. et Cros, F. (2011). Se professionnaliser par l’écriture. Quels accompagnements ? Québec, Québec : Presses de l’Université du Québec[Record]
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Louis Desmeules
Cégep de Sherbrooke