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Louise Bertrand travaille à la Télé-université depuis plusieurs années comme gestionnaire, professeure ou directrice de l’établissement. Or, son livre constitue un prolongement de sa réflexion à propos de l’enseignement universitaire et son rapport au savoir.
L’ouvrage débute par un survol historique dans lequel sont présentées rapidement la naissance et les transformations de l’institution universitaire. Puis l’auteure attire notre attention sur l’emploi des TIC et sur la formation à distance à l’université au fil des ans. Elle procède ensuite à l’examen de la société du savoir et de l’espace de l’université dans cette société qui a connu les effets de la démocratisation de l’université et l’avènement de l’université de masse. L’auteure ne manque pas alors de nous informer des attentes sociales à l’endroit de l’institution universitaire. Louise Bertrand poursuit en s’attaquant à la question fondamentale à laquelle l’université doit répondre pour remplir sa mission : À quoi doit-elle former et comment doit-elle s’y prendre ? Enfin, elle réfléchit sur l’université du XXIe siècle et les défis qui l’attendent : le financement, le profil des étudiants et la diversité des demandes, la place d’Internet comme diffuseur du savoir et la concurrence internationale entre les institutions universitaires.
Louise Bertrand aboutit au constat suivant : puisque les conditions objectives ont changé, l’université aussi doit changer. Actuellement, l’institution traverse une crise identitaire qui l’oblige à revoir son fonctionnement. La formation universitaire doit être accessible à toutes les classes sociales ainsi qu’aux populations les plus éloignées. Pour l’auteure, l’accessibilité aux études supérieures s’inscrit dans un souci de justice sociale.
Ces changements vont trouver des résistances chez les acteurs du système, plus particulièrement chez les professeurs, prévient l’auteure. En effet, ces derniers peuvent craindre de perdre leur espace de liberté académique dans l’exercice de leur profession. Néanmoins, l’université doit modifier ses modes d’enseigne- ment en synchronisme avec la réalité sociale qui se métamorphose continuellement. Par ailleurs, si un ouvrage de Jean-François Lyotard apparaît dans la bibliographie, sa pensée est toutefois absente dans le texte. Si Louise Bertrand s’était davantage référée à la philosophie postmoderne, elle n’aurait pu nous présenter un système d’enseignement universitaire valable partout et pour tous. Elle aurait préféré ouvrir une discussion plutôt que de rechercher le consensus parmi ses pairs.
Quoi qu’il en soit, la lecture de ce livre est hautement recommandée aux gestionnaires et aux professeurs soucieux que les universités québécoises ne manquent pas le virage technologique déjà amorcé ailleurs dans le monde. En outre, l’auteure possède un sens élevé de la justice qu’on ne peut que saluer lorsqu’elle défend l’accessibilité aux études supérieures pour toutes et tous.