Duclos, G. (2008). Aider les jeunes enfants en difficulté. Prévention et intervention. Montréal, Québec : Éditions du CHU Sainte-Justine

Mieux vaut prévenir que guérir. Telle est la thèse qui soutient l’intervention menée dans les Centres de la Petite Enfance (CPE) et décrite dans ce volume. Duclos souligne avec force les raisons pour lesquelles il est impératif d’intervenir très tôt dans le parcours développemental de l’enfant et de cibler les familles issues de milieux défavorisés, où le développement des jeunes enfants est souvent compromis par divers facteurs. Il précise les besoins qu’il faut combler pour assurer un développement normal chez les jeunes enfants, fait état des problèmes les plus souvent rencontrés en milieu de garde et souligne la nécessité d’accroître la formation des éducatrices, compte tenu de la difficulté et de l’importance du travail qu’elles accomplissent. Après avoir exposé de façon détaillée l’intervention visant à soutenir et à outiller les éducatrices, effectuée par les Centres d’aide à la petite enfance (CAPE) auprès des Centres de la petite enfance, l’auteur termine avec les résultats de l’évaluation et une série de recommandations. La première partie de cet ouvrage constitue une excellente synthèse des enjeux liés au développement et à la réussite scolaire des enfants, et défend avec vigueur les vertus de la prévention. Il aurait été souhaitable de nuancer quelque peu ces propos, qui nous laissent l’impression que, hors de la prévention en bas âge, point de salut. Par contre, le point de vue adopté par l’auteur pour analyser les problèmes vécus par les enfants me semble très convaincant. Le choix qu’il a fait de substituer la notion de difficultés persistantes de comportement à celle de trouble de comportement, choix corrélé à l’idée que ces difficultés ne sont pas imputables à l’enfant comme tel, mais résultent plutôt de l’interaction entre celui-ci et divers facteurs environnementaux, constitue une perspective extrêmement fructueuse et s’inscrit directement dans l’approche bioécosystémique, qui met en lumière le rôle de l’environnement dans le développement de l’enfant. Le modèle d’intervention en 18 étapes décrit dans le plan de soutien au développement est très intéressant, puisqu’il constitue un cadre applicable en milieu de garde, tout en étant fondé sur l’observation et la compréhension des problèmes de l’enfant, plutôt que constitué de recettes et de stratégies toutes faites. Par contre, il aurait été intéressant de présenter les approches théoriques qui ont guidé l’intervention. Enfin, l’auteur consacre un chapitre complet à l’évaluation de l’intervention effectuée dans deux milieux de garde, ce qui présente un intérêt certain. Dommage que le devis de recherche n’ait pas inclus un groupe témoin. Cela aurait donné plus de poids aux résultats (positifs) présentés au chapitre 5. Enfin, bien que les références ne soient pas très nombreuses, l’impression d’ensemble qui se dégage de l’ouvrage de Duclos est positive : l’auteur réussit à mettre à la portée des intervenantes une vision constructive du développement, et porteuse d’espoir quant à notre capacité d’intervenir efficacement auprès des très jeunes enfants.