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Premier ouvrage de Madeleine Khalifa, De l’échec scolaire au bonheur d’apprendre est une réflexion sur la pratique pédagogique s’appuyant sur huit histoires d’enfants en difficulté, sélectionnés parmi les multiples cas que cette enseignante spécialisée du réseau d’aide de l’Éducation nationale de France a rencontrés au cours de ses plus récentes années de pratique. Ces derniers ont en commun leur capacité, mais également leur peur d’apprendre. Pour ces huit enfants, Madeleine Khalifa a utilisé la Médiation culturelle, une approche pédagogique que lui a fait connaître Serge Boimare, directeur pédagogique du Centre Claude-Bernard à Paris. Cette stratégie consiste essentiellement à utiliser un médium, le conte, comme instrument susceptible de permettre aux jeunes enfants de trouver un sens à leurs apprentissages. À travers le récit de ces différentes expériences pédagogiques, Madeleine Khalifa fait également intervenir Serge Boimare, qui l’a suivie en rencontre de supervision annuelle pendant trois ans. Ces interventions, parfois trop nombreuses, ont toutefois la qualité de montrer comment et à partir de quoi s’est forgée la réflexion de l’auteure.
Ce livre est donc une excellente source de réflexion sur un aspect spécifique de l’échec scolaire, celui des enfants qui ont la capacité d’apprendre et que l’école ne réussit pas à rejoindre, que ce soit à cause de blocages émotifs, de troubles de comportement ou encore de parcours de vie très difficiles. Les cas de ces enfants sont très bien présentés avec suffisamment de détails pour que l’on puisse en saisir la spécificité, tout en faisant l’économie des longueurs inutiles. Madeleine Khalifa prend même la peine de reproduire, à la fin de chaque cas, un bon nombre de productions réalisées par ces enfants. À travers ces cas, on accompagne la réflexion de cette praticienne qui se questionne sans cesse sur le bien-fondé de ses pratiques. L’auteure a également eu l’honnêteté de présenter à la fois des cas qui ont eu des retombées positives, et parfois même exceptionnelles, ainsi que certains dont les résultats sont plus mitigés, et ce, de façon à illustrer les limites de cette approche pédagogique. Ce livre peut donc être une bonne référence pour tout enseignant du préscolaire ou du primaire désireux d’innover dans ses pratiques auprès d’élèves éprouvant des difficultés d’apprentissage.
Le côté un peu plus frustrant de cet ouvrage, c’est qu’au terme de sa lecture, on aimerait être convaincu de la qualité de l’approche pédagogique présentée, sans toutefois pouvoir appuyer cette conviction. Bien que cet ouvrage n’ait pas été écrit dans le but d’outiller le lecteur à l’utilisation de la Médiation culturelle, il n’en demeure pas moins que les propos de l’auteure auraient pu se montrer plus explicites au sujet de l’approche et plus appuyés. Nous restons donc sur notre appétit à ce niveau. Il aurait été intéressant que l’ouvrage soit un peu plus volumineux et qu’il présente plus en détail les fondements de l’approche tout en décrivant de façon plus systématique sa mise en application.
En somme, ce livre demeure une excellente référence pour la réflexion pédagogique, mais nécessite des lectures supplémentaires afin de pouvoir transférer cette réflexion en pratique.