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Après l’introduction qui présente la genèse et l’aspect tripartite de l’ouvrage, le chapitre 1 justifie l’actualité du phénomène innovation et le chapitre 2 défend le curriculum comme cadre d’étude de l’innovation pédagogique. La section sur l’innovation curriculaire présente l’importance à accorder aux préoccupations des étudiants, les exigences de la société et les besoins du marché comme inéluctables pressions, l’importance des conseillers pédagogiques et d’un noyau de professeurs pour une innovation réussie, le rôle stratégique des administrateurs et enseignants-chercheurs. La section sur l’implantation souligne : la primauté des apprentissages expérientiels sur les cours magistraux, le rôle inéluctable des pairs seniors auprès des enseignants novices, le mérite d’une implantation de l’apprentissage par problèmes et projets dans les institutions et les modules, l’importance des cadres intermédiaires dans la gestion quotidienne. De son côté, la section sur l’évaluation souligne la difficulté d’évaluer des impacts qualitatifs comme les attitudes, l’extension de l’évaluation aux compétences et aux attitudes au-delà des seules connaissances ; le devoir pour administrateurs, enseignants-chercheurs et conseillers pédagogiques de diffuser les innovations dans et entre les institutions ; l’intégration de juniors dans des équipes de seniors pour la relève professorale. En se basant sur ces trois sections, le chapitre 15 souligne l’importance de la négociation, vu la complexité de l’innovation curriculaire.
L’ouvrage fournit un réel état des lieux : synchroniquement, par la variété des problèmes, aspects et facteurs concernant l’expérience quotidienne de l’innovation pédagogique dans n’importe quel établissement occidental ; diachroniquement, en allant chercher l’histoire récente des phénomènes ou des points de vue abordés, et en fournissant une mine de ressources bibliographiques ainsi que les encarts J’ai lu et Vu d’ailleurs.
Pour quinze chapitres provenant de vingt chercheurs, l’unité de niveau, de langage et de préoccupation est un tour de force : aucune des dispersions thématiques, inégalités stylistiques et discontinuités lexicales hantant textes et ouvrages collectifs. La focalisation des contributions sur un objet (innovation curriculaire) selon trois temps (conception, implantation, évaluation) a jugulé tout éparpillement.
Deux faiblesses : la structuration, et le milieusisme régionaliste des cultures dominantes. En effet, acéphales, les chapitres 1 et 2 n’appartiennent ni à l’introduction, ni à la première section : ils auraient dû entrer dans une partie bien identifiable. Par son contenu, le chapitre 5 aurait dû figurer dans la section qui porte sur l’implantation et non dans celle réservée à la conception. La sélection des contributeurs et le recours aux sources manifestent un certain occident-centrisme. D’où l’impression qu’innovation pédagogique et enseignement supérieur francophone ne se retrouvent qu’en Europe et en Amérique du nord.
Cela dit, l’ouvrage nous paraît utile et pertinent, en raison des questionnements qui constituent sa base, et des réponses qui, quoique partielles et provisoires, dressent l’état des lieux actuels de la recherche sur l’innovation pédagogique en enseignement supérieur.