Jean-Pierre Astolfi est décédé juste avant Noël 2009, trois mois après sa retraite universitaire. Professeur, il l’a toujours été. D’origine corse, vivant en région parisienne, après un baccalauréat de sciences expérimentales passé dans le cadre de l’École normale, il s’oriente vers une licence de biologie. Ce qui l’amène à commencer sa carrière d’enseignant comme maître-auxiliaire à l’École Alsacienne à Paris. Il obtiendra le Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement secondaire (CAPES) de biologie et, ayant appris la création d’un collège audiovisuel expérimental à Marly-le-Roy en région parisienne, il postule et obtient le poste de professeur titulaire de biologie-géologie. De 1974 à 1978, il sera responsable pédagogique de ce collège expérimental centré sur l’audio-visuel et l’auto-documentation des élèves. Ce collège Louis-Lumière étant lié au réseau des collèges expérimentaux de l’Institut national de la recherche pédagogique (INRP), Jean-Pierre Astolfi va s’insérer dans la dynamique de la recherche didactique. À tel point que, de 1978 à 1991, il sera responsable de l’équipe de recherche en didactique des sciences expérimentales à l’Institut national de la recherche pédagogique. Il soutient sa thèse et son Habilitation à diriger les recherches (HDR) la même journée, sous la direction de Philippe Meirieu, et devient alors professeur en sciences de l’éducation à l’Université de Rouen en 1991. Il y restera jusqu’en 2009. Il n’est pas question de reprendre ici toute sa production scientifique. On peut cependant y repérer trois facettes. La première, la plus connue, tient à trois ouvrages majeurs qui l’ont fait connaître plus particulièrement comme formateur : L’école pour apprendre (1992), L’erreur, un outil pour enseigner (1997) et La saveur des savoirs (2008). La deuxième est proprement centrée sur la didactique des sciences : Quelle éducation scientifique pour quelle société ? (1978), L’élève et/ou les connaissances scientifiques (1983), La didactique des sciences (1989), Didactique des sciences de la vie et de la terre, fondements et références (1996), Pratiques de formation en didactique des sciences (1997) et Comment les enfants apprennent les sciences (1998). La troisième facette est liée plus directement à la question de la formation des enseignants, et elle se présente sous la forme de direction d’ouvrages : Éducation et formation : nouvelles questions, nouveaux métiers (2003), Savoirs en action et acteurs de la formation (2006) et Savoirs de l’éducation et pratiques de la formation (2007). Jean-Pierre Astolfi se présentait comme un encyclopédiste. Il aimait tous les savoirs. Il s’inscrit fortement dans ces tentatives de tenir / recenser / approfondir / diffuser les savoirs et leurs saveurs. Ne raconte-t-on pas, dans sa famille, que, enfant, il avait décidé d’apprendre le dictionnaire par coeur et que cela lui tenait parfois de jeu ? Il aurait certainement aimé participer à l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Mais, depuis la fin du 18e siècle, l’encyclopédie encyclopédique est irréalisable. Les savoirs se révèlent désormais morcelés et impossibles à circonscrire dans un même tout, dans un livre des livres. Les encyclopédies, parce qu’elles sont approfondies, deviennent méthodiques et spécialisées. Cependant, le prix à payer a été significatif : ce qui a surgi, c’est l’antinomie des cultures, d’un côté, scientifique, de l’autre, littéraire. Astolfi, homme de cultures, sacrifiait-il l’une à l’autre ? Non, parce qu’il se disait bachelardien, parce qu’il avait à coeur de tenir les deux fils, les deux faces des savoirs, les deux postures du connaisseur. Quand on le connaissait, on était avant tout frappé par la richesse de ses deux faces, de ce que Bachelard a appelé la face diurne et la face nocturne, en même temps que par sa manière différente de vivre dans ces deux registres. Côté diurne, il tenait aux savoirs scientifiques. Biologiste de …
Appendices
Références
- Astolfi, J.-P. (1992). L’école pour apprendre. Paris, France : ESF éditeur.
- Astolfi, J.-P. (1997). L’erreur, un outil pour enseigner. Paris, France : ESF éditeur.
- Astolfi, J.-P. (1998). Comment les enfants apprennent les sciences. Clés pour renouveler l’enseignement scientifique. Paris, France : Éditions Retz.
- Astolfi, J.-P. (2003). Éducation et formation : nouvelles questions, nouveaux métiers. Paris, France : ESF éditeur.
- Astolfi, J.-P. (2004). Prendre le parti des savoirs. Dans J.-P. Astolfi (Dir.) : Savoirs en action et acteurs de la formation. Rouen, France : Presses universitaires de Rouen et du Havre.
- Astolfi, J.-P. (2006). Savoirs en action et acteurs de la formation. Rouen, France : Presses universitaires de Rouen.
- Astolfi, J.-P. (2008). La saveur des savoirs. Disciplines et plaisir d’apprendre. Paris, France : ESF éditeur.
- Astolfi, J.-P., Darot, É., Ginsbur-Ger-Vogel, Y. et Toussaint, J. (1997). Pratiques de formation en didactique des sciences. Bruxelles, Belgique : DeBoeck Université.
- Astolfi, J.-P. et Develay, M. (1989). La didactique des sciences. Paris, France : Presses universitaires de France.
- Astolfi, J.-P., Giordan, A., Gohau, G., Host, H., Martinand, J.-L., Rumelhard, G. et Zadoumaisky, G. (1978). Quelle éducation scientifique pour quelle société ? Paris, France : Presses universitaires de France.
- Astolfi, J.-P. et Houssaye, J. (2007). Savoirs de l’éducation et pratiques de la formation. Rouen, France : Presses universitaires de Rouen.
- Charlot, B., Bautier, E. et Rochex, J.-Y. (1992). École et savoir dans les banlieues… et ailleurs. Paris, France : Armand Colin.
- Demounen, R. et Astolfi, J.-P. (1996). Didactique des sciences de la vie et de la terre, fondements et références. Paris, France : Nathan éditeur.
- Fabre, M. (2008). Problématisation des savoirs. Dans A. Van Zanten (Dir.) : Dictionnaire de l’éducation. Paris, France : Presses universitaires de France.
- Giordan, A. et De Vecchi, G. (1983). L’élève et/ou les connaissances scientifiques. Approches didactiques de la construction des concepts scientifiques par les élèves. Berne, Suisse : Peter Lang éditeur.
- Herbart, J.-F. (1806). Allgemeine Pädagogik. Traduction de Pinloche A. (1894). Pédagogie générale déduite du but de l’éducation. Lille, France : Travaux et mémoires des facultés de Lille, 4(15).
- Martinand, J.-L. (1986). Connaître et transformer la matière. Bern, Suisse : Peter Lang éditeur.
- Snyders, G. (1986). La joie à l’école. Paris, France : Presses universitaires de France.
- Trouvé, A. (2008). La notion de savoir élémentaire à l’école : doctrines et enjeux. Paris, France : L’Harmattan.