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Quel livre rafraîchissant que celui proposé par Philippe Sarremejane ! L’auteur a pour projet d’inscrire sa réflexion dans l’histoire de l’éducation, et plus particulièrement dans l’histoire des théories de l’enseignement et des didactiques. En réalité, il propose de situer résolument ce projet dans un questionnement qui apparaît progressivement dès les premières pages du livre, celui d’interroger les liens entre les théories éducatives et le faire pédagogique. Le cadre théorique convoqué par l’auteur est celui de l’épistémologie historique. Pour l’auteur, l’épistémologie historique est […] l’étude de l’évolution de la rationalité scientifique, la saisie au regard de la norme présente, d’une structuration conceptuelle dominante (p. 17). La finalité de l’épistémologie historique n’est pas d’étudier le passé d’une science dans sa constitution et dans son évolution, mais davantage d’analyser les liens entre les référents théoriques et la pratique. Il met en évidence les questions et les principaux enjeux posés par l’épistémologie historique en s’appuyant sur une discipline particulière, celle de l’éducation physique. Faire l’histoire d’une discipline d’enseignement, c’est, nous dit Sarremejane, admettre que la discipline d’enseignement est aussi une pratique professionnelle. Ainsi, l’auteur nous conduit peu à peu à rappeler la problématique du rapport entre théorie et pratique qui constitue, selon lui, l’enjeu central de l’épistémologie historique d’une discipline d’enseignement. Toutefois, cette problématique est analysée ici sous un angle particulier, celui du sens et de la nature des savoirs théoriques d’enseignement au regard des finalités et des contingences de la pratique. Pour retracer l’épistémologie historique de l’éducation physique, Sarremejane propose de faire une histoire des discours « à propos » des théories contributives de la didactique de l’éducation physique (p. 19). Un peu plus loin dans l’ouvrage, l’auteur rappelle qu’une théorie s’organise selon différentes perspectives : définition de l’objet, emploi du discours comme moyen de connaître, expertise épistémologique interne et quête d’un savoir pratique… (p. 31). L’auteur considère que les didactiques des disciplines visent aussi une certaine efficacité sur l’action.

Cependant, l’apport essentiel du livre de Philippe Sarremejane réside dans la présentation d’une typologie des savoirs constitutifs et contributifs des pratiques enseignantes : les savoirs d’action et les savoirs pour l’action. L’auteur met en évidence de quelles manières l’identification de ces deux formes de savoirs permet de questionner le sens et les modalités de l’apprentissage professionnel des enseignants. En s’appuyant sur cette typologie, Sarremejane identifie un savoir particulier : le savoir praxique. Selon l’auteur, si l’on se propose d’analyser la pratique enseignante, il est important de clarifier préalablement le concept de pratique dans son dialogue contradictoire mais complémentaire avec la théorie. Sarremejane met en valeur cet éclairage sur le savoir praxique, dont la finalité intrinsèque résiderait dans ce qui pourrait constituer la démarche interprétative de l’action enseignante au service des didactiques des disciplines.