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Comme le signalent, en introduction, les deux directeurs, l’ouvrage s’appuie sur les travaux amorcés lors du 75e congrès de l’ACFAS, tenu à Trois-Rivières, en mai 2007. Huit universitaires y livrent leurs réflexions sur les enjeux et les défis de l’implantation de ce programme d’Éthique et de culture religieuse dans les écoles primaires et secondaires du Québec.
Proulx y retrace les événements qui ont conduit à proposer ce programme ; Lucier identifie les points de rupture et de continuité entre ce programme et ceux qui avaient cours auparavant ; Ouellet apporte l’éclairage de débats européens et américains et des arguments en faveur de la place centrale que doivent occuper, en culture religieuse, les sciences sociales de la religion ; Rondeau, puis Bégin, examinent le jeu des trois compétences spécifiées dans le programme ; Lebuis s’intéresse à la pratique d’investigation raisonnée supposée par le rôle et la posture éducative requise des enseignants ; quant à Béland, il suggère de sortir de la logique du dilemme pour passer à une perspective dialectique apte à générer des compromis lors des débats menés en classe. En conclusion, Leroux fait la synthèse des sept autres contributions et il en dégage cinq enjeux principaux pour l’implantation du nouveau programme : la structure complexe du programme dans le rapport de la culture religieuse et de l’éthique, l’intégration des perspectives de socialisation dans les écoles, l’appropriation institutionnelle des finalités du programme et l’intégration latérale des compétences, la formation des enseignants, l’évolution de la posture enseignante vers une forme de neutralité ouverte et proactive.
La lecture de cet ensemble de textes favorise une initiation rapide au nouveau programme d’Éthique et de culture religieuse et campe bien les enjeux de son implantation. Le lecteur y trouve tous les éléments pour situer la naissance du programme dans une perspective historique, pour comprendre ses finalités et les compétences qu’il vise à développer, ainsi que pour enrichir le réservoir des arguments à opposer à ceux qui ont des objections. En effet, tous les intervenants soutiennent un point de vue positif sur le programme d’Éthique et de culture religieuse et aucun des textes du recueil ne porte la signature d’un adversaire. Peut-être y a-t-il là une limite de l’ouvrage. Comme l’est aussi la redondance dans la mise en contexte de chacune des contributions, chaque auteur voulant rappeler les grandes lignes du programme au sujet duquel il développe un aspect particulier. Toutefois, ces répétitions ne sont pas inutiles et permettent l’appropriation en spirale des axes majeurs du programme d’Éthique et de culture religieuse.
Tous ces textes ont été rédigés avant l’implantation dudit programme lors de la rentrée 2008. Il faudrait voir si les multiples avertissements servis par plusieurs des auteurs quant à la nécessité d’une formation préalable adéquate du personnel enseignant ont vraiment été pris en compte. Enfin, il est un peu surprenant que seul Leroux souligne au passage les liens susceptibles d’unir ce nouveau programme du primaire et du secondaire avec l’enseignement de la philosophie au collégial : réfléchir sur des questions éthiques et pratiquer le dialogue constituent certainement des compétences qui y sont réitérées, particulièrement dans le cours d’entrée dans le cursus de philosophie au collège, Philosophie et rationalité, et dans celui de clôture : Philosophie éthique et politique propre au programme d’études. On aurait pu souhaiter que l’enjeu de la continuité de formation ait été abordé dans ce recueil par un enseignant du collégial.