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L’auteur de cette publication analyse les stratégies scolaires parentales des classes supérieures et l’incidence de ces pratiques sur la sphère éducative. Divisé en trois parties, l’ouvrage aborde successivement l’évolution des associations parentales françaises, les modes de vie et les pratiques éducatives des parents de Rueil-Malmaison, une banlieue cossue de Paris, habitée par des cadres oeuvrant dans le secteur privé de la nouvelle économie et les spécificités des associations de parents de Rueil-Malmaison. Sur la base de la typologie de Charlot (1994), qui dégage trois modèles de relations entre les familles et l’école, les trois chapitres de la première partie tracent la trajectoire des associations parentales françaises, en faisant ressortir les grandes lignes d’opposition idéologique entre les différentes associations, les différents types de relations qui se sont instaurées entre ces associations et l’État, ainsi que la configuration idéologique actuelle des ces associations. Dans la seconde partie de l’ouvrage, composé de trois chapitres, on scrute les modes de vie et les pratiques éducatives des parents de Rueil-Malmaison sous trois dimensions : la mobilité spatiale, l’autonomie individuelle ainsi que le culte de la performance. La troisième partie permet d’explorer la traduction des pratiques éducatives des cadres supérieurs de Rueil-Malmaison à travers leurs associations de parents. Gombert aborde successivement, à travers deux chapitres, l’influence du management sur la gestion des affaires scolaires, puis l’incidence du pragmatisme sur la régulation des politiques éducatives.
Appuyé sur des référents théoriques denses et explicites, l’ouvrage présente une analyse sociologique éclairante de la société néolibérale et des nouveaux paramètres socioéconomiques qui structurent les attentes de certaines classes sociales envers la sphère éducative. Le propos oscille cependant entre l’exposé théorique et une présentation partielle et non systématisée de données issues d’une collecte et d’une analyse dont on ignore les tenants et les aboutissants. En ce sens, par moments, les données de recherche semblent n’avoir pour finalité que d’illustrer une position a posteriori de l’auteur qui, sur la base de deux ou trois extraits de discours des parents par exemple, établit des relations fortes avec des ancrages théoriques sociologiques divers. Par ailleurs, dans bien des cas, l’interprétation dépasse largement les rares données rapportées. Le discours sociologique dense s’accompagne également d’un foisonnement de concepts plus spécifiques au champ éducatif (ex. : pratique éducative, modèle éducatif) qui demeurent non explicités et non arrimés conceptuellement au discours sociologique. Enfin, l’exposé, dont la ligne conductrice n’est pas toujours évidente, porte davantage sur la mise en exergue des logiques de productivité, d’efficacité, de performance qui traversent les discours que sur leur influence sur la sphère éducative. Bien que fort peu conforme aux normes de l’écriture scientifique nord-américaine, l’ouvrage n’en demeure pas moins fort instructif quant à l’analyse théorique qu’il propose des nouvelles attentes, des nouveaux rapports sociaux et de la logique pragmatique qui s’instaurent entre les parents français, porteurs de la nouvelle économie, et l’école.