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Cette publication du sociolinguiste Benoît Cazabon nous livre une étude bien documentée sur l’assimilation et sur les liens qui unissent intimement langue et culture, et qui entraînent autant l’unité que la discordance.
Professeur et intervenant engagé, Cazabon aborde la question de l’identité culturelle et linguistique dans une approche holistique, c’est-à-dire qu’il situe la construction identitaire et l’usage d’une langue dans toutes les dimensions de l’être humain, un individu porteur d’émotions, d’intelligence, de sentiments et de spiritualité. Le lecteur découvre rapidement que, pour l’auteur, la dimension spirituelle de l’être humain est liée à sa dimension sociale.
L’ouvrage se divise en deux grandes parties. On y trouve d’abord l’approche scientifique de l’auteur relativement aux questions culturelles et linguistiques posées en milieu minoritaire, particulièrement en Ontario. Le sociolinguiste y présente et interprète plusieurs études qui montrent et questionnent le lien entre langue, culture, école, identité culturelle, identité linguistique, assimilation, identité communautaire, pédagogie du français en milieu minoritaire et mission culturelle de l’école.
Cazabon emprunte à la psychologie et à la sociologie pour décrire avec rigueur le processus de la construction identitaire. La compréhension de la première partie du livre nécessite parfois des connaissances avancées en sociolinguistique, mais elle ne manque pas de susciter un intérêt passionnant, surtout par son analyse des journaux de bord rédigés par des étudiants. Tout en demeurant à un niveau scientifique, il part d’une expérience vécue en 1986, dans le cadre d’un cours d’introduction à la linguistique, par une quarantaine d’étudiants de milieu minoritaire qui ont accepté de rédiger un journal de bord pendant 30 jours, dans le but de rapporter les événements linguistiques vécus pendant la journée.
Dans la deuxième partie du livre, Cazabon reproduit ses principales interventions publiques du passé – dont des articles publiés dans des journaux – entourant le débat sur la question linguistique. Ceux et celles qui portent le flambeau pour le maintien de leurs droits linguistiques et culturels seront heureux de lire : Un minoritaire doit être près des prises de décision parce qu’il ne peut pas faire confiance à la mémoire des majoritaires pour délibérer en sa faveur (p. 192). Selon Cazabon, l’aménagement linguistique est d’abord une affaire de responsabilité : responsabilité des États, des institutions, des individus (p. 256).
Le chercheur autant que le militant et le militant autant que le chercheur pourront retenir avec le même profit de Langue et culture – Unité et discordance que : La langue et la culture deviennent des creusets de transactions, d’interactions, de dialogues, produisant du fait même langue et culture. Il ne faut pas trop penser à ce qu’on donne aux jeunes, mais plutôt à ce qu’on leur permet de faire ensemble (p. 272).
Le message d’amour avec lequel l’auteur lui-même termine son ouvrage résume la profondeur de sa réflexion : Aimer sa langue et sa culture, c’est jouir de l’humain tout entier. Lieux d’amour. Le beau risque !