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L’ouvrage s’inscrit dans la suite de la thèse de l’auteure. Il poursuit trois buts : fonder une définition de l’ouverture en formation, la mettre en relation avec le concept d’autodirection et décrire les stratégies d’autodirection des apprenants en formations ouvertes. L’auteure explique que c’est d’abord son intuition de chercheure praticienne qui lui suggère que les conditions instituées d’ouverture, incluant les dispositifs dont la technologie, ne suffisent pas à elles seules à favoriser l’exercice et le développement de l’autonomie de l’apprenant. L’ouvrage comporte deux parties. La première renferme une exploration conceptuelle qui a pour but de décrire les trois variables que l’auteure articule dans la seconde partie au profit d’un modèle triadique. Ces variables concernent l’ouverture du dispositif et les dynamiques liées à l’autodirection psychologique de l’apprenant. La seconde partie rend compte de phénomènes identifiés lors d’une étude menée auprès de trois échantillons d’apprenants adultes inscrits dans un dispositif ouvert de formation. La conclusion générale met en lumière l’influence de la perception des concepteurs quant à l’ouverture en formation et propose quatre leviers pour réussir une ingénierie de l’ouverture.
L’originalité de l’ouvrage est qu’il articule l’ouverture des dispositifs et l’autodirection de l’apprenant en dépassant la confusion de sens entre ouverture et TIC. Plusieurs thèses et ouvrages récents montrent la nécessité d’accompagner l’apprenant vers une zone de confort avec les dispositifs de formation. À l’évidence, soyez autonomes est une injonction qui tombe à plat sans l’accompagnement de l’apprenant, et Jézégou le démontre. En effet, à la suite de son premier ouvrage paru en 1998 et qui décrit les enjeux, les perspectives et les limites de l’individualisation dans le contexte de la formation à distance, elle aborde cette fois les balises de la liberté de choix et de l’autodirection de l’apprenant dans le contexte de la formation ouverte et à distance, à l’aide de réflexions qui dépassent un abondant discours autour de l’instrumentation pédagogique. Elle soutient en outre l’hypothèse de l’existence d’un processus d’influence entre l’environnement socio-économique et institutionnel, la conception que se font les concepteurs de l’ouverture de la formation et les comportements des concepteurs de formation. Ses démonstrations amènent le concepteur de formation à réfléchir sur les limites de la société éducative médiatique et la complexité des problèmes d’ingénierie liés au développement de l’autonomie des apprenants. Malgré la prépondérance de références françaises qui pourrait donner l’impression d’un déficit des apports américains ou québécois, cet ouvrage saura être utile aux concepteurs et aux andragogues qui placent l’apprenant au centre de l’apprentissage ou des dispositifs de formation, puisqu’il insiste sur l’importance de l’accompagnement individualisé de l’apprenant dans la gestion autorégulée de son environnement d’apprentissage, médiatisé ou non.