Dossier thématique

Quelques constats au sujet de la recherche actuelle sur les élèves à risque[Record]

  • Guadalupe Puentes-Neuman and
  • Sylvie C. Cartier

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  • Guadalupe Puentes-Neuman
    Professeure, Université de Sherbrooke

  • Sylvie C. Cartier
    Professeure, Université de Montréal

Depuis plusieurs décennies, les chercheurs en développement de l’enfant et en éducation ont mis de l’avant l’importance de tenir compte des facteurs de risque susceptibles d’entraver l’adaptation et la réussite scolaire de l’enfant (Rutter, 1979). Ce concept de risque peut prendre des sens variés. Il peut référer à un effet négatif probable, à une variable susceptible de prédire la manifestation de comportements problématiques ou encore à une description de conditions de vie difficiles (Rauth, 1989). En général, le risque est défini en prenant en considération les facteurs qui permettent de faire des prédictions spécifiques liées à un fonctionnement ultérieur inadapté sur le plan socioaffectif, comportemental ou scolaire (Trudel, Puentes-Neuman et Ntbutse, 2003). Ainsi, une grande quantité de chercheurs militent en faveur de l’inclusion des facteurs de risque dans l’analyse des conditions pouvant intervenir dans l’adaptation de l’élève à l’école (Cicchetti, 1990 ; Reynolds, Ou et Topitzes, 2004 ; Sameroff, Gutman et Peck, 2003). Sur le plan international, de nombreuses initiatives tentaient d’arrimer les interventions préventives introduites avant l’entrée de l’enfant à l’école avec des actions mises en place en début de scolarisation. Bon nombre de ces études ont conclu que, bien que les effets de la prévention soient significatifs à court et à moyen termes, le maintien de ces effets nécessite une intervention soutenue en cours de scolarisation. De plus, les variables responsables du succès et de l’adaptation scolaire de l’élève sont nombreuses et entretiennent des relations complexes entre elles (Early Child Care Research Network - NICHD, 2004 ; Ramey et Ramey, 1998). Au Québec, cette notion d’enfant à risque trouvait écho particulièrement dans les milieux de la santé et des affaires sociales, et donnait lieu à des initiatives de prévention, concentrées surtout sur la période préscolaire (Verlaan, Tremblay, Saysset et Boivin, 1998). La majorité des programmes de prévention visent à habiliter les parents dans leur rôle parental ou à stimuler l’enfant en vue de son entrée à l’école. Cependant, aucune structure formelle d’organisation des services ne tenait compte de l’élève chez qui le risque n’était pas encore manifesté par des difficultés d’apprentissage, d’adaptation ou de comportement. Ainsi, à son entrée dans le milieu scolaire, l’enfant cumulant des facteurs de risque d’échec ou de mésadaptation entamait son parcours scolaire en attente d’une classification lui permettant d’obtenir des services spécialisés. En 2000, le ministère de l’Éducation du Québec mettait de l’avant le concept d’élève à risque. Cette nouvelle catégorie d’élèves regroupait les enfants qui présentent des retards d’apprentissage ou des difficultés pouvant mener à l’échec (MÉQ, 2000 – définitions). Des difficultés sur les plans comportemental, émotionnel, social et développemental, ainsi que des difficultés d’apprentissage et la déficience intellectuelle faisaient partie de cette définition. Également, les conditions de vie des élèves devenaient un facteur avoué de risque pouvant mener à des interventions particulières en vue de favoriser la réussite de tous. Une telle classification des élèves impliquait aussi une nouvelle façon de conceptualiser la problématique de la clientèle visée, de planifier les interventions et d’en mesurer les effets. Dès lors, le concept de risque a fait son entrée dans les écoles, et la recherche réalisée dans les milieux scolaires a tenu compte de cette nouvelle conceptualisation afin de répondre aux besoins et aux réalités des milieux. Depuis son introduction dans le système scolaire québécois en 2000, le concept d’élève à risque est demeuré central dans la planification des services en milieu scolaire. Cependant, dans son dernier document à ce sujet, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (2006) établit une différence entre les élèves à risque et les élèves en difficulté d’adaptation et d’apprentissage, sans toutefois définir ce …

Appendices