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L’ouvrage de Balcou-Debussche figure parmi les rares ouvrages traitant d’une recherche d’envergure sur le rapport à l’écriture et ses enjeux cognitifs et sociaux dans le cadre de la formation professionnelle.
Il présente une analyse fine de ce rapport à l’écriture au moyen des pratiques scripturales et des discours sur ces pratiques. Cette recherche s’est déroulée à l’île de la Réunion auprès de 293 ambulanciers, aide-soignants, infirmiers et sages-femmes en formation professionnelle. Les orientations et les principes relatifs aux analyses des pratiques scripturales en fonction des différents publics en formation sont exposés dans le premier chapitre et mises en lien, dans les chapitres suivants, avec des aspects cognitifs, sociaux et linguistiques. Le rapport à l’écrit est abordé, principalement, à travers des contextes naturels. Les données ont été recueillies au moyen de l’observation, de l’analyse d’écrits et d’entretiens. Les transcriptions de cours, le mémoire professionnel, le dossier de soins et des productions scripturales spécifiques à la recherche ont été soumis à l’analyse. Les chapitres suivants mettent en lumière les différences entre les pratiques scripturales mises en oeuvre dans les quatre lieux de formation du point du vue de la socialisation professionnelle et des positions hiérarchiques.
Cet ouvrage a le mérite d’aborder une problématique souvent négligée ou rarement abordée, celle du rapport à l’écrit chez des étudiants en formation et, en particulier, en formation professionnelle. Le cadre théorique de même que l’angle d’analyse adoptés permettent de mettre en évidence les aspects cognitifs et sociaux de la formation au moyen des pratiques scripturales, et s’avèrent donc des plus pertinents. Trop souvent les pratiques scripturales ne sont étudiées que dans leur dimension cognitive au détriment de leur dimension sociale. Cependant, le lecteur en connaît peu sur le traitement de cet imposant corpus de données.
Cette recherche met bien en évidence les différents usages des pratiques scripturales et les différences entre les capacités dont font preuve les étudiants selon les professions auxquelles ils aspirent. Par exemple, les sages-femmes sont en mesure de parvenir à la dimension créative de l’écrit, alors que les ambulanciers ne seraient que des transcripteurs. La façon dont les étudiants des différents programmes s’approprient les savoirs au moyen de l’écrit est particulièrement intéressante. La prise de notes, leur synthèse et leur organisation de même que l’investissement cognitif que nécessite l’écriture du mémoire professionnel sont souvent sous-estimés dans les situations d’enseignement et d’apprentissage. Sur cet aspect, l’auteure nous informe que certains étudiants en formation professionnelle maîtrisent mal l’écrit et éprouvent des difficultés d’apprentissage, mais que les lieux de formation s’adaptent à cette situation. Les institutions de formation devraient-elles tant s’accommoder des difficultés des étudiants et ainsi les maintenir dans des métiers de bas niveau de qualification ? Cet aspect n’est pas abordé dans l’ouvrage, d’ailleurs très bien écrit, et qui devrait susciter des discussions et des prises de conscience. Il sera très utile aux formateurs de la formation professionnelle et aux formateurs d’adultes en formation générale. Il saura intéresser les spécialistes et les étudiants en sciences humaines en raison de l’approche ethnosociologique de la formation qui s’est avérée très féconde.