Nova est une banque de données bibliographiques, analytique et sélective, de recherche sur l’innovation en éducation et en formation, implantée à l’Institut national de recherche pédagogique. Conçue par des documentalistes et des chercheurs, elle recense les textes, en français et en anglais, traitant du processus de l’innovation depuis 1960 jusqu’à nos jours. Cet ouvrage expose les aspects historiques et les principes de construction de Nova, et montre comment les techniques documentaires utilisées facilitent l’analyse des courants pédagogiques, des pratiques, des évolutions en éducation et en formation, afin de permettre de capitaliser des travaux de recherche pour donner des instruments comparatifs et inciter à l’action. Faut-il recenser Nova, la banque de données accessible par Internet (www.inrp.fr) ou le livre ? Même si le livre se présente comme un produit de connaissance généré par Nova, il ne faut pas prendre la critique du livre et l’appliquer à Nova, tout simplement parce que c’est bien d’une appréciation du livre en papier qu’il s’agit ici et non de la base de données. En finissant la lecture du livre, on se demande pourquoi la conclusion, certes écrite dans une perspective d’innovation et de technologie distribuée en réseau, n’a pas plutôt présidé à l’ensemble de l’oeuvre et surtout du projet qui s’étend sur une décennie. Cela permettrait de gérer l’internationalisation des ressources, d’abandonner le « tout papier » et d’aborder des médias numériques qui permettraient un accès plus intuitif à Nova, tout en conservant sa structure initiale. Le modèle envisagé dans cette conclusion ressemblerait davantage à un hypertexte avec ses liens et ses parcours qu’à une base de données interrogeable seulement selon les paramètres des auteurs-documentalistes-chercheurs de Nova. Les auteurs ont effectivement fait de l’élaboration de Nova, dont l’histoire est rapportée en première partie du livre, un lieu de recherche où le processus de l’innovation en éducation et en formation et la description des actions pratiques engendrées par ces processus devenaient un critère de sélection pour que tel article, bien publié selon les paramètres traditionnels des institutions universitaires, fasse partie de ce corpus choisi. En conséquence, Nova croît seulement au rythme des travaux recensés qui présentent aux documentalistes-chercheurs les caractéristiques préalables spécifiées dans la dynamique de leur projet, soit le processus d’innovation plutôt que le produit et la mise en action de cette innovation, le tout publié formellement. Dans la partie portant sur l’épistémologie, les enjeux théoriques et les pratiques, on sent que les auteurs ont souhaité passer un message en voulant communiquer des valeurs et en disant explicitement que Nova a « la prétention d’inviter l’usager à avoir envie de changer sa pratique ». Ajoutons qu’habituellement, les banques de données sont consultées pour leur produit et non pour leur processus ? Avec Nova, on propose même des parcours type, ce qui revient à la linéarité du livre que les documentalistes qui se disent novateurs conservent toujours comme paradigme de l’expression scientifique recevable. D’ailleurs, ils appellent « littérature grise » tout ce qui n’est pas publié selon les canons classiques. Décidément, la grisaille varie selon le point de vue ! Les innovations en éducation et en formation surtout, un peu clandestines par rapport à la norme établie, n’ont pas toujours la vie assez longue ni l’accueil pour prendre la forme d’un texte publié. « L’innovation vient souvent du terrain », lit-on par ailleurs. Nova est, dans ce livre, considéré comme objet de recherche et de mise à l’essai. Le rapport s’adresse à ceux qui se questionnent sur les usages des banques de données spécifiques. En troisième partie, on cherche le sens du projet. On justifie les critères de sélection et les « filtrages » …
Saj, M.P. et Cros, F. (2002). Innover en éducation et en formation. La banque de données Nova, un attracteur étrange. Paris : INRP.[Record]
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Jacques Rhéaume
Université Laval