FR:
Cet article analyse les embauches des professeurs d’université dans le champ des sciences sociales au Québec (principalement en sociologie, science politique, économie, géographie, anthropologie, communication, psychologie/psychoéducation et travail social) entre 1900 et 2020. Nous montrons que la langue d’enseignement (français ou anglais), la position géographique (métropoles ou régions) de l’université d’embauche et le prestige perçu des universités d’obtention du doctorat et d’embauche constituent autant de facteurs contribuant à la structuration du marché de l’emploi universitaire québécois en sciences sociales. Nous mettons au jour un mouvement historique de « québécisation » des embauches, analogue au mouvement de « canadianisation » observé dans le reste du Canada, qui a débuté à la fin des années 1960, atteint son apogée à la fin des années 1990, et connu ensuite un recul au tournant du 21e siècle dans le contexte des discours sur l’internationalisation des universités. Nous montrons finalement l’existence d’une féminisation des corps professoraux qui, pour être différenciée selon les disciplines, est continuelle depuis la fin des années 1960.
EN:
This article analyzes the hiring of university professors in the field of social sciences in Quebec (mainly sociology, political science, economics, geography, anthropology, communication, psychology/psychoeducation and social work) between 1900 and 2020. We show that the language of instruction (French or English), the geographic location (metropolis or region) of the hiring university and the perceived prestige of the doctoral training of the hired professor are all factors contributing to the structuring of the Quebec academic job market in the social sciences. We uncover a historical movement toward the “Quebecization” of hires, analogous to the “Canadianization” movement observed in the rest of Canada, which began in the late 1960s, peaked in the late 1990s and then suffered a setback at the turn of the twenty-first century in the context of discourses on the internationalization of universities. Finally, we show the existence of a feminization of the professoriate which, although differentiated by discipline, has been continuous since the late 1960s.