FR:
La gentrification à Québec a reçu, depuis les années 1980, une attention récurrente. L’analyse s’est toutefois principalement penchée sur le sort des quartiers pris isolément. Adoptant une perspective systémique, cet article présente un portrait statistique de la gentrification de la RMR de Québec entre 1971 et 2016. L’approche utilisée permet de caractériser l’évolution du phénomène en trois périodes historiques différentes, puis d’observer ses relations avec certains prédicteurs. L’analyse cartographique montre que la gentrification a atteint l’ensemble des quartiers centraux et quelques secteurs périphériques, mais qu’elle a évolué de manière discontinue et connu des stagnations et des reculs. L’analyse régressive confirme ses liens avec l’augmentation de la présence d’artistes, de jeunes ménages et de propriétaires. Toutefois, l’absence de relation claire avec le loyer moyen suscite des réflexions sur le rôle tampon du logement social et sur la dynamique segmentée du déplacement de ménages défavorisés vers les secteurs denses de première couronne.
EN:
While gentrification in Quebec City has received recurrent attention since the 1980s, most analyses have focused on individual neighbourhoods. Adopting a systemic perspective, this article presents a statistical portrait of gentrification in the Quebec City CMA between 1971 and 2016. More specifically, we characterize the evolution of the phenomenon in three different historical periods, and then observe its relationship with certain predictors. Our cartographic analysis shows that gentrification has reached all of the central neighbourhoods and a few peripheral sectors, but that it has evolved in a discontinuous manner and experienced stagnation and setbacks. A regression analysis, for its part, confirms the connection between gentrification and the increased presence of artists, young households and homeowners. However, the lack of a clear relationship between gentrification and average rent raises questions about the buffering role of social housing and the segmented dynamics of the displacement of disadvantaged households to dense inner-city areas.