Volume 61, Number 2-3, May–December 2020 La francophonie canadienne Guest-edited by Michel Bock and Yves Frenette
Table of contents (18 articles)
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La francophonie canadienne depuis les années 1980 : débats, mobilisations et projections
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De la survivance à la vitalité : émergence d’un champ de recherche et institutionnalisation des savoirs experts en francophonie canadienne depuis les années 1980
Mathieu Wade
pp. 245–274
AbstractFR:
L’institutionnalisation du régime linguistique canadien depuis les années 1980 a joué un rôle structurant dans l’organisation actuelle de la collectivité francophone, dans ses représentations d’elle-même, dans ses visées, ses stratégies et ses tactiques d’action collective. Parallèlement à la réorganisation du réseau associatif francophone et à l’intensification de ses liens avec l’État, un champ scientifique propre aux communautés francophones en situation minoritaire s’est institutionnalisé. Ce champ a permis l’émergence d’un nouvel acteur francophone : l’expert. Les savoirs experts s’appuient sur trois principales notions : la vitalité ethnolinguistique, la complétude institutionnelle et la gouvernance francophone. Nous avançons que ces termes sont devenus hégémoniques, dans la mesure où ils parcourent les sciences sociales, l’État et les milieux associatif. Dans un premier temps, nous décrivons le régime linguistique canadien. Dans un second temps, nous retraçons l’émergence et l’institutionnalisation du champ des sciences sociales francophones minoritaires. Enfin, nous posons un regard critique sur la production des savoirs experts en démontrant qu’ils induisent une lecture partielle et partiale des communautés.
EN:
The institutionalization of the Canadian linguistic regime since the 1980s has played a structuring role in the current organization of the francophone community, including its representations of itself and its aims, strategies and tactics of collective action. In parallel with the restructuring of the francophone network of civil society organizations and the intensification of its links with the state, a scientific field specific to minority francophone communities has become institutionalized. This field has allowed the emergence of a new francophone actor: the expert. Expert knowledge is based on three main concepts: ethnolinguistic vitality, institutional completeness and francophone governance. We argue that these terms have become hegemonic, insofar as they permeate the social sciences, the state and civil society organizations. First, we describe the Canadian linguistic regime. Second, we trace the emergence and institutionalization of the field within the social sciences studying francophone minorities. Finally, we take a critical look at the production of expert knowledge by demonstrating that it leads to a partial and biased reading of the communities.
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Écrire dans l’ombre de la longue décennie 1970 en Acadie et en Ontario français. La place de la relève littéraire dans le discours critique
Jimmy Thibeault
pp. 275–295
AbstractFR:
Il semble que la prise de parole poétique en Acadie et en Ontario français au cours de la longue décennie 1970 (1968-1985) ait marqué l’imaginaire acadien et franco-ontarien au point de s’instituer, dans le discours, en mythe fondateur. Cette prise de parole poétique a effectivement permis de tracer les contours d’une nouvelle manière de dire les identités acadienne et franco-ontarienne en les inscrivant dans un mouvement qui dépassait les limites d’un ici folklorique pour entrer dans une modernité plus largement planétaire. Les caractéristiques de cette parole ont été célébrées au point d’établir une grille de lecture identificatoire qui occulte une part de la production littéraire. Il en va ainsi de l’écriture des femmes, plus intimiste, et des générations d’écrivains et d’écrivaines qui arrivent à l’écriture au tournant du 21e siècle. Le présent article s’interroge sur le traitement de cette part occultée par l’étude du discours critique en Acadie et en Ontario français et, plus particulièrement, sur l’ombre jetée par l’oeuvre des poètes de la longue décennie 1970.
EN:
It seems that poetic expression in Acadia and French Ontario during the so-called long decade of the 1970s, spanning from 1968 to 1985, has marked the Acadian and Franco-Ontarian imagination to the point of becoming a founding myth in the discourse. This poetic expression has indeed allowed to trace the contours of a new way of expressing Acadian and Franco-Ontarian identities by inscribing them in a movement that went beyond the limits of a folkloric here to enter into a more global modernity. The characteristics of this expression have been celebrated to the point of establishing a set of markers that obscure a part of the literary production. This is true of women’s writing, which is more intimate, and of the generations of male and female writers who come to write at the turn of the 21st century. This article examines the treatment of this hidden part in the study of critical discourse in Acadia and French Ontario and, more specifically, the shadow cast by the work of the poets of the 1970s.
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La jurisprudence de droit linguistique à la Cour suprême du Canada sous le règne Harper : comment expliquer le changement de paradigme?
Stéphanie Chouinard
pp. 297–317
AbstractFR:
Cet article teste l’hypothèse à savoir si les décisions en matière de droit linguistique à la Cour suprême du Canada, moins généreuses envers les minorités linguistiques depuis le début des années 2000, sont liées à l’arrivée au pouvoir du gouvernement conservateur de Stephen Harper, gouvernement généralement plus réfractaire à une application libérale de la Charte canadienne des droits et libertés. Par l’entremise de l’analyse de trois variables, soit le soutien du gouvernement Harper envers les langues officielles, le pouvoir prédictif du parti politique sur l’idéologie des juges au Canada, et les nombreux revers du gouvernement Harper à la Cour suprême dans d’autres litiges touchant la Charte, l’article argumentera qu’on ne peut pas inférer une telle influence du gouvernement Harper sur les décisions de la CSC dans le domaine du droit linguistique.
EN:
This article tests the hypothesis that language law decisions of the Supreme Court of Canada, which have been less generous to linguistic minorities since the early 2000s, are related to the coming to power of Stephen Harper’s Conservative government, which was generally more resistant to a liberal application of the Canadian Charter of Rights and Freedoms. Through an analysis of three variables, namely the Harper government’s support for official languages, the predictive power of the dominant political party on the ideology of judges in Canada, and the Harper government’s numerous setbacks at the Supreme Court in other Charter litigation, the paper will argue that one cannot infer such an influence of the Harper government on the Supreme Court of Canada’s decisions in the area of language law.
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Montfort fermé : jamais? Le discours nationalitaire de SOS Montfort dans les journaux franco-ontariens
Serge Miville
pp. 319–346
AbstractFR:
Cet article cherche à comprendre l’impact des stratégies discursives utilisées par SOS Montfort dans l’espace médiatique franco-ontarien durant la crise entourant la fermeture de l’hôpital Montfort entre 1997 et 2002. En analysant les principaux journaux régionaux de langue française de la province, l’auteur évalue la capacité mobilisatrice du discours nationalitaire que génèrent les défenseurs de l’hôpital à travers le prisme des régionalismes en Ontario français. Alors que SOS Montfort tente de faire de la fermeture de l’hôpital une crise provinciale et nationale, les Franco-Ontariens d’autres régions doivent, de leur côté, composer avec la réelle possibilité de perdre l’accès à des soins de santé en français en raison du processus de rationalisation des services de santé à l’échelle de la province. Si SOS Montfort a réussi à faire de la fermeture de Montfort une crise importante en Ontario français en puisant dans l’imaginaire référentiel franco-ontarien, son incapacité d’inclure les enjeux d’ordre régionaux dans son discours a limité sa force de frappe à l’extérieur d’Ottawa où l’hôpital n’offre aucun service.
EN:
This article seeks to understand the impact of the discursive strategies used by the SOS Montfort coalition in the Franco-Ontarian media space during the crisis surrounding the closure of the Montfort Hospital between 1997 and 2002. By analyzing the province’s main French-language regional newspapers, the author evaluates the mobilizing capacity of the nationalist discourse generated by the hospital’s defenders through the prism of regionalisms in French Ontario. While SOS Montfort attempts to turn the hospital closure into a provincial and national crisis, Franco-Ontarians in other regions must deal with the real possibility of losing access to French-language health care as a result of the province-wide health services rationalization process. While SOS Montfort has succeeded in carving out the closure of Montfort as a major crisis in French Ontario, namely by tapping into the Franco-Ontarian referential imaginary, its inability to include regional issues in its discourse has limited its impact outside of Ottawa, where the hospital offers no services.
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Les « champs relationnels » de l’Ontario français
Serge Dupuis
pp. 347–383
AbstractFR:
Ce texte veut cerner les caractéristiques et l’évolution de la « variante franco-ontarienne » du projet national canadien-français. En s’inspirant des études du sociologue californien Rogers Brubaker sur le nationalisme transfrontalier et adaptées au cas canadien-français par le sociologue franco-ontarien Jean-François Laniel, ce texte met en relief la pertinence et les limites des relations triangulaires entre État parent, État hôte et minorité parente lorsqu’elle est appliquée aux porte-paroles franco-ontariens et à leur organe de représentation politique. Avant tout, c’est la dynamique relationnelle qui jette un nouvel éclairage sur les rapports de pouvoir et d’influence subis et exercés par les Franco-Ontariens. La division des compétences législatives entre l’État fédéral et les provinces, la reconnaissance de droits fondamentaux et l’appartenance de l’Ontario français à une Francophonie mondiale, le distingue également des exemples européens.
EN:
This paper seeks to identify the characteristics and evolution of the “Franco-Ontarian variant” of the French Canadian national project. Drawing on the studies of Californian sociologist Rogers Brubaker on cross-border nationalism and adapted to the French-Canadian case by Franco-Ontarian sociologist Jean-François Laniel, this paper highlights the relevance and limits of the triangular relationship between the so-called parent state, host state and parent minority when applied to Franco-Ontarian spokespersons and their political representative body. Above all, it is the relational dynamics that shed new light on the relationship of power and of influence experienced and exercised by Franco-Ontarians. The division of legislative powers between the federal state and the provinces, the recognition of fundamental rights, and the fact that French Ontario belongs to a global Francophonie also distinguishes it from European examples.
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Vers un nouveau régime de migration francophone internationale et interprovinciale du Québec vers l’Ontario (1991-2016)
Jacob Legault-Leclair and E.-Martin Meunier
pp. 385–412
AbstractFR:
Au cours des dernières décennies, la composition des flux migratoires francophones entrants de l’Ontario s’est transformée. S’appuyant sur des analyses quantitatives produites à partir des recensements canadiens de 1991 à 2016, les auteurs tentent de mettre en lumière ce qui caractérise ces nouvelles configurations. Pour y parvenir, ils s’intéressent à la provenance de ces migrants (Québec, Canada ou de pays étrangers). Ils cherchent, de surcroît, à comprendre l’évolution de la composition de ces flux migratoires et les nouvelles trajectoires qui en émergent. Les auteurs proposent une typologie des régimes migratoires franco-ontariens permettant de nuancer les hypothèses mettant en valeur l’importance de la continuité canadienne-française, tout comme celles cherchant plutôt à n’y voir que rupture.
EN:
Over the past few decades, the composition of francophone migratory flows entering Ontario has changed. Using quantitative analyses based on Canadian censuses from 1991 to 2016, the authors attempt to shed light on what characterizes these new configurations. To do so, they look at the provenance of these migrants (i.e., whether they come from Quebec, Canada or abroad). In addition, they seek to understand the changing composition of these migratory flows and the new trajectories that emerge from them. The authors propose a typology of Franco-Ontarian migration regimes that allow clarifying the hypotheses that underline the importance of French-Canadian continuity, as well as the hypotheses that view it as a break with the past.
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Les services d’accueil aux immigrants francophones en Colombie-Britannique : expériences ethniques différenciées et mobilités plurielles
Marianne Jacquet and Gwénaëlle André
pp. 413–432
AbstractFR:
Le recrutement et l’accueil des immigrants francophones est un enjeu important pour les communautés francophones en situation minoritaire soucieuses de maintenir leur poids démographique et d’assurer leur dynamisme. Dans cet article, nous nous appuyons sur les résultats d’une recherche comparative visant à faire un bilan prospectif des services d’accueil aux immigrants francophones dans les territoires et les provinces de l’Ouest canadien. L’analyse des données montre un recours différencié aux services d’accueil en fonction de l’intersection de différents marqueurs sociaux : des expériences de mobilités sociales plurielles, un sentiment d’isolement face à des services spécialisés qui ne répondent que partiellement à des défis globaux, et l’expérience d’une triple marginalisation pour les participants issus de l’Afrique sub-saharienne.
EN:
The recruitment and reception of Francophone immigrants is an important issue for Francophone minority communities concerned with maintaining their demographic weight and ensuring their vitality. In this article, we draw on the results of a comparative study aimed at taking stock of welcome services for Francophone immigrants in the territories and provinces of Western Canada. The analysis of the data shows a differentiated use of welcome services based on the intersection of different social markers: experiences of plural social mobilities; a feeling of isolation in the face of specialized services that only partially respond to global challenges; and the experience of triple marginalization for participants from sub-Saharan Africa.
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Les dynamiques linguistiques de l’espace francophone de la capitale à l’aune de l’immigration
Anne Gilbert and Brian Ray
pp. 433–464
AbstractFR:
L’arrivée de milliers d’immigrants qui n’ont ni le français ni l’anglais comme langue maternelle depuis les années 1990 n’est pas restée sans effet sur la géographie des langues dans la région de la capitale nationale. Comment le français a-t-il évolué dans la région d’Ottawa-Gatineau en leur présence? Jusqu’à quel point l’équilibre fragile qui s’y était construit entre le français et l’anglais au fil du temps a-t-il été affecté par leur poids grandissant? C’est à ces questions que cet article cherche à répondre, en s’appuyant sur l’analyse des transformations de l’espace du français, langue maternelle, au cours des 25 dernières années dans la région. Nous nous intéressons aussi aux possibilités nouvelles offertes par le territoire à la rencontre entre francophones et allophones, et à la capacité de la communauté francophone d’intégrer ultimement une partie de ces derniers. Les résultats présentés augurent d’un avenir plutôt sombre du français, surtout du côté ontarien de la frontière.
EN:
The arrival of thousands of immigrants whose mother tongue is neither French nor English since the 1990s has not been without effect on the geography of languages in the National Capital Region. How has French evolved in the Ottawa-Gatineau region in their presence? To what extent has the fragile balance that had been built up between French and English over time been affected by their growing weight? This article seeks to answer these questions based on an analysis of the transformations in the space of French as a mother tongue over the past twenty-five years in the region. We are also interested in the new possibilities offered by the territory for the encounter between francophones and allophones, and in the capacity of the francophone community to ultimately integrate one part of the latter. The results presented in this paper point to a rather bleak future for French, especially on the Ontario side of the border.
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De l’ACFO à l’AFO. Le projet politique multiculturel et le ministère du patrimoine canadien comme facteurs d’influence dans la refonte de l’Association canadienne-française de l’Ontario
Anne Boily
pp. 465–485
AbstractFR:
Cet article propose le récit de la transformation institutionnelle de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) entre les années 1970 et le milieu des années 2000. L’ACFO rejette d’abord le multiculturalisme comme étant concurrent au projet politique biculturel. Mais sa position change graduellement, jusqu’à voir le bilinguisme canadien comme complémentaire au projet politique multiculturel. L’ACFO est ensuite confrontée à la question de sa légitimité comme organisme représentatif de la francophonie ontarienne dès le milieu des années 1990. L’impératif de sa restructuration, donné par le ministère du Patrimoine canadien, débouchera en 2006 sur la fusion entre la structure de financement du ministère et de l’ancienne ACFO, qui deviendra alors l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). Ces transformations du monde associatif franco-ontarien se déroulent sur la toile de fond des référendums pour la souveraineté québécoise et du rapatriement de la constitution canadienne en 1982.
EN:
This article provides an account of the institutional transformation of the Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) between the 1970s and the mid-2000s. The ACFO initially rejected multiculturalism as a competitor to the bicultural political project. However, its position gradually changed, up to the point where it saw Canadian bilingualism as complementary to the multicultural political project. The ACFO was then confronted with the question of its legitimacy as a representative organization of the Ontario Francophonie in the mid-1990s. The imperative to restructure the organization, issued by the Department of Canadian Heritage, led in 2006 to the merger of the funding structures of the Department and the former ACFO, which then became the Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). These transformations of the Franco-Ontarian associative world took place against the backdrop of the referendums for Quebec sovereignty and the patriation of the Canadian constitution in 1982.
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Le débat sur la gestion scolaire et sa dimension religieuse en Ontario français : une communauté divisée (1980-1998)
Danika Gourgon
pp. 487–514
AbstractFR:
Cet article fait l’étude du débat sur les enjeux religieux de la gestion scolaire au sein du milieu associatif franco-ontarien. Ce débat montre la persistance, du moins dans certains milieux, du rôle structurant du référent religieux dans l’institutionnalisation de la francophonie ontarienne après le désengagement public de l’Église et les bouleversements idéologiques de la Révolution tranquille. Ce phénomène a été largement négligé par l’historiographie. Dans les années 1980, l’espace public de la collectivité franco-ontarienne est de plus en plus caractérisé par un pluralisme idéologique, culturel et religieux qui ne conduit pas, néanmoins, à évacuer le catholicisme de la conscience identitaire d’une partie substantielle de la population francophone de la province. Dans ses revendications pour obtenir le contrôle de ses institutions scolaires, le réseau associatif réclame ainsi un double réseau de conseils scolaires de langue française, catholiques et publics, à la grandeur de la province, qu’il obtient finalement en 1998.
EN:
This article studies the debate on the religious stakes of school management within the Franco-Ontarian community. This debate shows the persistence, at least in certain circles, of the structuring role of the religious referent in the institutionalization of the Franco-Ontarian community after the public disengagement of the Church and the ideological upheaval of the Quiet Revolution. This phenomenon has been largely neglected by historiography. In the 1980s, the public space of the Franco-Ontarian community was increasingly characterized by an ideological, cultural and religious pluralism that did not, however, lead to the elimination of Catholicism from the identity consciousness of a substantial part of the province’s francophone population. In its demands to gain control of its educational institutions, the network of civil society organizations thus called for a dual network of French-language school boards, both Catholic and public, throughout the province, which it finally obtained in 1998.
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Des 400 ans de « présence française en Ontario »aux excuses pour le Règlement 17 : Commémoration, réconciliation et conflits narratifs en Ontario français
Michel Bock
pp. 515–556
AbstractFR:
La commémoration du 400e anniversaire de la « présence française en Ontario », en 2015, et les excuses offertes aux Franco-Ontariens par le gouvernement provincial, l’année suivante, pour le Règlement 17 (qui avait sévèrement limité l’usage du français dans les écoles de la province entre 1912 et 1927) ont généré une activité discursive considérable dans l’espace public franco-ontarien. Cette activité a donné lieu à des « conflits narratifs » qui révèlent une compréhension différenciée de l’expérience collective des Franco-Ontariens, en même temps qu’ils traduisent des rapports parfois distincts au temps historique. L’analyse de ces conflits à la lumière de la rivalité entre le « pôle » commémoratif de la « construction nationale » et celui du « postcolonialisme » permet de jeter un regard inédit sur les tensions et les débats qui structurent les rapports qu’entretiennent les Franco-Ontariens non seulement avec eux-mêmes, mais aussi avec l’« autre » (majorité anglophone, minorités ethnoculturelles francophones et peuples autochtones).
EN:
The commemoration in 2015 of the 400th anniversary of the “French presence in Ontario,” and the subsequent apology issued by the provincial government the following year for Regulation 17 (which severely curtailed the use of French in the province’s schools between 1912 and 1927), generated considerable discursive activity in French Ontario. This activity fostered a number of “narrative conflicts” that reveal competing conceptions of Franco-Ontarians’ collective past as well as distinct understandings of historical time. Analyzing these conflicts in the light of the rivalry between competing commemorative poles, being “nation building” and “postcolonialism,” sheds new light on the tensions and debates that structure the relationship Franco-Ontarians have not only with themselves but also with the “other” (anglophone majority, francophone ethnocultual minorities and native peoples).
Comptes rendus
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Michael Poplyansky, Le Parti acadien et la quête d’un paradis perdu, Québec, Septentrion, 2018, 175 p.
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Valérie Lapointe-Gagnon, Rémi Léger, Serge Dupuis et Alex Tremblay Lamarche (dir.), La Confédération et la dualité canadienne, Québec, Presses de l’Université Laval, 2020, 386 p.
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Jacques Lacoursière, Histoire populaire du Québec. Tome 3 : de 1841 à 1896, Québec, Septentrion, 2020 [1996], 723 p.
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Katharine Larose-Hébert, Le silence sur nos maux. Transformation identitaire et psychiatrisation, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2020, 273 p.
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Johanne Collin, Nouvelle ordonnance. Quatre siècles d’histoire de la pharmacie au Québec, Québec, Les Presses de l’Université de Montréal, 2020, 408 p.