FR:
En 1972, le Musée des beaux-arts de Montréal présentait Les chroniques du Québec d’Arthur Villeneuve. Première rétrospective consacrée à l’oeuvre du « peintre-barbier » de Chicoutimi, cette exposition a connu une forte affluence et obtenu une large couverture médiatique, comme toute manifestation culturelle qui parvient à faire l’événement. Pour comprendre les sources et les effets de ce phénomène, l’auteur s’intéresse aux arts visuels dans le Québec des années 1960 et 1970, et surtout à la place qui leur était faite, à Montréal d’une part, et au Saguenay-Lac-Saint-Jean d’autre part. En confrontant les discours véhiculés dans la presse nationale et dans la presse saguenéenne, il montre que la reconnaissance artistique de Villeneuve s’est appuyée sur la rencontre médiatisée entre deux espaces culturels distincts, la métropole et la région périphérique. Générateur d’altérité, ce face-à-face entre l’ici et l’ailleurs a favorisé la convergence d’opinions au départ divergentes sur le peintre et son art. Ce retournement s’est cristallisé lors de la rétrospective de 1972 et fut indissociable d’une récupération de l’événement par des politiciens et des acteurs du monde de l’art.
EN:
In 1972, the Montreal Museum of Fine Arts presented Les chroniques du Québec by Arthur Villeneuve. The first retrospective devoted to the work of the “barber painter” from Chicoutimi, this exhibition was very well attended and received wide media coverage, as does any cultural manifestation that succeeds in becoming an event. To understand the sources and effects of this phenomenon, the author examines the visual arts in Quebec in the 1960s and 1970s, especially in the place given to them in Montreal, on the one hand, and in Saguenay-Lac-Saint-Jean, on the other. With reference to reports from the national and Saguenay press, he shows that Villeneuve’s artistic recognition was based on the mediatized encounter between two distinct cultural spaces, namely the metropolis and the outlying region. As a generator of otherness, this face-to-face between the here and elsewhere favoured the convergence of initially divergent opinions on the painter and his art. This turnaround crystallized during the 1972 retrospective, and was appropriated by politicians and actors of the art world.