Note critique

Posologie d’une lectureBenoît Dubreuil et Guillaume Marois, Le remède imaginaire. Pourquoi l’immigration ne sauvera pas le Québec, Montréal, Boréal, 2011, 315 p.[Record]

  • Sébastien Arcand

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Malgré le grand nombre d’ouvrages publiés à chaque année, peu d’auteurs peuvent se targuer d’avoir un impact réel sur les débats et réflexions qui ont cours. C’est pourtant le cas de Benoît Dubreuil et Guillaume Marois dont le livre, Le remède imaginaire. Pourquoi l’immigration ne sauvera pas le Québec, est de ceux qui ont le plus marqué les esprits et occupé les intellectuels, experts et commentateurs intéressés par la question de l’immigration au Québec au cours de la dernière année (au moment d’écrire ces lignes). À ce titre, il est intéressant de remarquer que peu de voix se sont élevées pour remettre en question les thèses soutenues dans ce livre. Certes, certains chroniqueurs et quelques experts l’ont commenté et critiqué, mais force est d’admettre que ces voix ont eu beaucoup moins d’écho jusqu’à présent que celles qui l’ont salué à coups de « nous le savions depuis longtemps ». Cela est notamment vrai dans les différents blogs et sites Web où des citoyens intéressés par la question, dont de nombreux experts, se sont majoritairement exprimés en faveur des conclusions auxquelles en arrivent Dubreuil et Marois. Cet ouvrage met en doute les prémices selon lesquelles le Québec a besoin d’un bassin de main-d’oeuvre immigrante annuel important pour pallier les problèmes de croissance démographique et économique. Comme nous le verrons, la force de l’argumentaire et l’appel à de nombreuses statistiques pour appuyer la thèse de l’ouvrage sont atténués par certains propos dont la teneur relève plus de l’opinion que de l’approche scientifique. Notre propos, se situant à mi-chemin entre la position de Dubreuil et Marois et celle qu’ils dénoncent, s’inscrit plutôt dans une volonté d’élargir la réflexion autour de l’apport de l’immigration à long terme pour le développement économique du Québec et de ses organisations. En ce sens, la présente note critique ne balaie pas du revers de la main les thèses soutenues dans cet ouvrage, ni ne les appuie inconditionnellement. Elle a plutôt pour objectif de revisiter certaines des conclusions énoncées par les auteurs à l’aulne d’une approche pluraliste et favorable à l’interculturalisme québécois tout en reconnaissant à l’ouvrage de Dubreuil et Marois une réelle contribution aux débats entourant la sélection et l’intégration économique des immigrants à la société québécoise. Dans un premier temps, nous résumerons les grandes lignes de cet ouvrage tout en identifiant ses forces. Ensuite, nous ferons ressortir certaines contradictions et propos qui auraient mérité, à notre avis, une meilleure mise en contexte. La conclusion servira notamment à situer cet ouvrage dans son champ discursif où les débats passionnés l’emportent souvent sur la mise à distance et l’approche tempérée. Forts d’un travail de recherche en profondeur et d’une connaissance élargie de la littérature québécoise, canadienne et internationale sur l’intégration économique des immigrants et leur contribution à la société d’accueil, Dubreuil et Marois échafaudent leurs arguments les uns après les autres pour démontrer une chose : il est illusoire de penser que la venue d’un fort contingent d’immigrants, si jeune et qualifié soit-il, permettra au Québec d’atténuer significativement les effets négatifs de la baisse démographique. Qui plus est, les auteurs insistent sur le fait que, loin de participer à la croissance économique du Québec, les immigrants contribueraient plutôt à accroître la pression sur l’État-providence de par les difficultés qu’ils ont à bien s’intégrer à l’économie québécoise. Chiffres à l’appui, Dubreuil et Marois montrent en quoi les discours ambiants qui vantent les mérites de l’immigration comme solution viable et efficace aux problèmes démographiques et économiques sont en porte-à-faux avec la réalité (principalement les discours qui favorisent le maintien ou l’accroissement des fonds publics). Trois constats structurent l’argumentaire, soit a) …

Appendices